Cela a été l’un des points d’orgue de la conférence organisée à Oxford, les 4 et 5 février 2010, par Reuters Institute for the study of journalism: la présentation du rapport La Reconstruction du journalisme américain, publié à l’automne 2009.
«Les journaux et les télévisions qui font de l’info ne vont pas se volatiliser dans le futur, bien qu’on entende souvent prédire leur disparition imminente (…)». Dès la première des 98 pages de leur rapport, Leonard Downie, vice-président du Washington Post, et Michael Schudson, auteur d’un ouvrage sur l’histoire sociale des journaux américains et d’un autre sur le pouvoir des informations, et professeur à l’école de journalisme de la Columbia, remettent les pendules à l’heure. «Le défi est de faire de ce moment de transformation un moment de reconstruction du journalisme» aux Etats-Unis, disent-ils. Et de préserver la production de «reportages indépendants, originaux et fiables», qu’ils soient populaires ou pas, profitables ou pas. Et surtout, «quelque soit le média où ces reportages sont vus/lus/écoutés».
D’où les six recommandations édictées par les auteurs en fin de rapport:
Les médias, qu’ils aient ou non des revenus publicitaires, doivent pouvoir devenir des groupes non lucratifs et se sortir de l’obsession de faire des bénéfices. Le gouvernement doit les y aider.
Les fondations doivent donner de l’argent aux rédactions qui font de l’«accountability reporting». C’est-à-dire du journalisme d’enquête qui oblige les pouvoirs à être transparents et à rendre des comptes. Mais c’est une expression difficile à traduire en français, car les Américains distinguent l’«accountability journalism» de l’«investigative journalism» (journalisme d’investigation, en VF).
La mission de la Corporation for Public Broadcasting (CPB), doit être revue. Elle doit avoir plus de pouvoirs et aider financièrement le journalisme local à s’installer, notamment via les stations de radio et de télé locales et leurs sites Web.
Les universités, puisqu’elles ont un rôle éducatif et un projet pédagogique, doivent aider le journalisme de qualité à perdurer. En faisant par exemple travailler leurs laboratoires et autres médialabs sur des innovations digitales qui pourraient profiter aux rédactions Web et aux journalistes de demain.
Le gouvernement américain, via la Federal Communication Commission (FCC), devrait taxer utilisateurs de téléphone portable et abonnés de la télé câblée, ou les entreprises de télécoms, pour créer un Fond d’aide au journalisme local. Comme le fait déjà le gouvernement pour la culture, via le «National Endowment for the Arts».
Toutes les données publiques collectées par le gouvernement, les administrations fédérales, les mairies (chiffres, statistiques, études, rapports, etc.) devraient être disponibles et téléchargeables facilement pour les citoyens. Et c’est le travail des associations, du gouvernement américain, mais aussi des… journalistes.
>> A lire aussi: Le rapport en PDF
AA