Inquiétante étrangeté de mannequins au port de rigides masques de plastique transparent. Reliquat d’une chirurgie esthétique de parodie, le sourire se fige, grimaçant héros de Victor Hugo, tandis que la collection se trame dans une ambiance de brume. Le fantôme du Jack de Whitechapel planerait-il ? À portée de main un motif de couteau oriental. Les propositions sont multiples, les chemins originaux. Le trench so british a de l’allure.

Jeux de formes découpées, pliages origami.


Des formes oversized avec de grands blousons sportswear à dos basculé, imposants.


Mélange d’étoffes. Et si la précédente collection empruntait à Jérôme Bosch en son jardin des délices, celle-ci donne à voir l’oeuvre de Michaël Borremans, visages tristes, jeune fille de dos.



Jeux de drapés, d’obliques, croisements.


Vêtements déconstruits et reconstruits, comme l’envers d’un décor, quasi trompe-l’oeil.



Une matière plastifiée surgit, écaille, fauve et rugit.


Un bain de jouvence au sourire éternel pour une remarquable collection.

Ambiance survoltée de happening musical dans une ambassade de Belgique bousculée par l’installation du duo A. F. Vandevorst entre envers du décor et bâtiment en rénovation couvert de plastique. Une performance de Joris van de Moortel baptisée White Light, Paint it White anime une collection sous l’ombre du noir juste égayé de blanc avec une pointe de gris. L’inspiration va vers la cordillère des Andes (costumes péruviens, pompons…) mais décolorée, passée en noir et blanc.


Masculin-féminin avec des pantalons et vestes d’homme. Effets de drapés, vêtements longs, très longs, jeux de plissés, trenchs…


Amples jupes travaillées et rigidifiées dans un effet balayé par le vent (la hauteur des cimes). Grandes coiffes démesurées. Cuissardes lacées à talons. Et, pour museler les mannequins un masque en carton habillé de noir.



De son pays d’origine quitté à l’âge de dix ans, Yang Li a gardé l’exotisme de son nom. Après quelques années en Australie, il part étudier à la Central Saint Martin’s et défile désormais à Paris. Un sens certain de la coupe avec rigueur, parfois en déconstruction dans de subtiles asymétries et des jeux d’opposition de longueurs.


Parfois un petit air grunge (tissus effilochés), mais surtout une infinie poésie. Du noir, du beige, du rouge, du bleu, une gamme de couleur raffinée. L’allure d’un trench est revisitée, bousculée.

Le long s’avance, quasi hiératique.


Froissé, défroissé. La présence de fibres métalliques construit un vêtement sculpture.


Comme balayé par le vent, le modèle est figé dans un bel instant de mode et emporte.
Technologie et poésie. Géométrie et mouvement. Couleurs et architecture. La mode d’Issey Miyake est fusion. Depuis plusieurs saisons, Yoshiyuki Miyamae signe des collections présentées comme des spectacles. Une performance pour huit guitares électriques et une voix intrigante sont venues rythmer avec audace le défilé.

Sur le podium à plat, un terrain de jeu, les mannequins déambulent, se croisent, mouvement perpétuel aux couleurs en kaléidoscope. La technologie innerve la création. Avec sa structure de fibres élastiques, le 3D Steam strech est passé à la vapeur et se métamorphose en volume (3D), ondulations, excroissances, formes géométriques…



Myriade de tons subtils, la palette est le fruit des trois couleurs primaires : cyan, magenta et jaune. Manteaux confortables, robes sautillantes, la mode de Miyake bouge. Prismes, polyèdres, pliages origami,… dans l’espace se trace une géométrie « descriptive ».


Clou du défilé, un final spectaculaire où une ceinture pré-pliée libère sa corolle et tourne en couleurs, derviche tourneur d’une mode poétique et résolument contemporaine.


Alessandro Dell’Acqua a pris ses marques chez Rochas. Moins couture, cette collection hivernale conserve des éléments de la maison comme l’imprimé oiseau, hirondelle en vol ou l’utilisation par touche de dentelle (esprit Chantilly).


Mais la citadine est en marche avec ses manteaux couleur camel. Simplicité, élégance. Arrondi en coquillages qu’aurait pu repêcher la Vénus de Botticelli, le bustier est un hommage à un décolleté à volants de Marcel Rochas.


Jeux de transparences. Belles matières : cachemire, satin, fourrures, parfois mélangées en patchs, collage.


Sourde et raffinée, la palette va de l’ocre au noir en passant par le bordeaux, le vert et un bel arrêt sur un étonnant et intéressant jaune, jaune d’oeuf ?

À noter en accessoire, les lunettes de soleil attachées d’un élastique de lingerie.
Very english indeed. Cette saison le duo Aganovich a opté pour le costume, construisant et déconstruisant, raccourcissant, resserrant, nouant et combinant les pièces du puzzle. La coupe est parfaitement maîtrisée et l’allure fait penser au look (toujours parfait) de la créatrice Nana Aganovich et de son binôme Brooke Taylor. Un vêtement sculpté avec une taille fine, très marquée. Tweed, laine, motifs chinés, carreaux, rayure tennis…


Toujours des cols vertigineux pour les chemises de popeline blanche.


Une pointe d’asymétrie pour twister l’allure. Une collection à l’heure anglaise.



Exubérance, folie, extravagance, humour, couleurs vives et trépidantes, broderies… Foisonnante, l’inspiration est multiple pour les guerrières d’un nouvel âge de Game of Thrones vues par Manish Arora. Manishéenne suis et resterai. La collection de l’hiver 2015 est du grand Manish.
Le crâne, du Mexique à Damien Hirst, parade en sac.

Les bijoux de nez traversent l’espace de l’Inde à l’Amazonie sanctifiant les plumes des Kayapos du Brésil.


Oiseaux de paradis, forêt luxuriantes.


Bijoux plastrons. Éclats de brillances, vestiges de nababs. La couleur est à son paroxysme, tout est ici permis et les associations jouissives, pop, psychédéliques…


Le Moyen-Âge refait surface avec l’ombre ici bienveillante d’un dragon ou d’un hibou, chou.

Au pied, des bottes pour nouvelles croisades. Casques médiévaux, avatars de heaumes. Personnages créatures entre Moyen-Âge et jeu vidéo. Les héroïnes de Manish Arora sont guerrières du temps présent avec une sacrée force de caractère en total look. Une collection jubilatoire.



Coloré, brillant et exquis, le défilé de Dries van Noten emporte vers des contrées imaginaires dans un baroque somptueux. Les brocards ne passeraient pas la barrière d’anciennes lois somptuaires. Les superpositions s’enchaînent pour embellir de nouvelles nomades.


Mouton de Mongolie, motifs de fleurs, arabesques, dragons… esquissent un Orient fantasque et imaginaire. Par moment, rigueur et austérité militaire, vite balayées par l’ajout d’un détail, d’une demi-jupe, d’un bijou…

L’art du mélange est à son comble, un métissage sans faille où les couleurs s’enchaînent sans entrave dans une exubérance folle et maîtrisée. L’opulence du décor du grand salon de l’hôtel de ville de Paris semble presque pâlotte face à la richesse de la collection. Velours, broderies, bijoux imposants, détails de doublures riches, travaillées ; on pourrait rêver les vêtements réversibles. Mélange de gabardine trench et étoffes précieuses. Court devant et long derrière ; jupons en volume, presque traîne. Esquisse d’un pantalon sous la jupe. Demi- jupe nouée comme un tablier.


Ronds brodés, insignes signatures emblématiques d’un Orient rêvé, « mon » ou « kamon » japonais ; cercle chinois, armoiries exotiques.


Une superbe collection et si, à chaque fois on parle de poésie à propos de Dries van Noten, c’est juste parce que ses collections demeurent un pur enchantement.

–
lire le billet
Présentation intimiste pour Damir Doma dans son show-room de la rue Beaubourg. La simplicité lui sied ainsi qu’un casting atypique où une jeunesse stéréotypée n’est pas de mise.

La maille est superbe, asymétrique, parfois effilochée, ponctuée de lacérations, accidents construits.


Robe en tricot aux allures d’abstraction géométrique.

Des formes amples s’attachent par des liens, dénoués. Asymétrie, construction et déconstruction. Des broderies comme des fissures, des lacérations qui viennent casser la sobriété.


Jeux de longueurs ou s’invite une sous-jupe dans une matière moins opaque, résille ; superpositions.

Et toujours de très beaux manteaux superbes avec un infinie notion de confort.


Inscrite désormais dans le calendrier officiel, la jeune Danoise Anne Sofie Madsen a imaginé les jours d’un futur passé. Elle tisse le lien entre souvenir d’hier et futur imaginaire (retour à l’utopie visionnaire des années 60 ?). Une traversée du temps avec des silhouettes un peu futuristes dans des codes (re)connus : métal, imposantes bottes, gants quasi articulés… Le tout avec une approche artisanale du vêtement : patchworks, broderies et … macramé.


Mélange de matières, tissus jonglant avec couleurs et textures en bandes de tissus, abstraction géométrique à la Kupka.


Denim surpiqué. Parka de survie avec zips et lanières. Un poil de fourrure.


Et pour les femmes robots du futur, armures de cuir et métal aux allures biomorphiques (Hans Arp).


Chaussures aux allures futuristes avec Farewell, plateformes, motifs imprimés et un zeste d’allure destroy. Pour les gants, la créatrice s’est associée à Aristide dans un style « robotique », mécanique, bicolore ou tricolore. Guerrières d’un futur passé. Pour les bijoux, Maria Black présente ses créations « The Code », interchangeable en hommage à Mark Rothko.
lire le billet