Jardin d’Eden et tentations multiples pour Undercover dans un décor de cerises* géantes; l’une en tête de mort, vanité. Romantique et aérien, le début met en scène des silhouettes graciles dans un esprit ballerine, cheveux couronnés de laurier. Puis la collection glisse vers un univers plus sombre. Trench revisité, jeux d‘images en mouvement incrustés dans les vêtements, mises en « miroir » conte de fée. Les accessoires jouent la fantaisie, les cerises se combinent par paire. Effets de plissés, couleurs vives, imprimés rétro, coquines aux allures domestiques, fausses ingénues.
Puis surgit le paradis, avec un imprimé reprenant le motif exquis du Jardin des délices de Jérôme Bosch. La girafe, les oiseaux bizarres, la tour, les inquiétantes étrangetés de l’imaginaire de Bosch… posent leur gamme de couleurs paradisiaque. Corne de licorne et paire de cerises sont symbole phallique, mais le fruit rouge se déguste ici simplement en pêché (cerise = volupté chez Bosch).
Le tutu se couvre de plumes et l’inspiration s’assombrit. Corbeau, rapace,… quels augures pour un final majestueux drapé de noir.
Dans cette collection foisonnent les idées et les propositions. De l’innocence de la ballerine à Black Swan en passant par les pêchés d’un jardin d’Eden, il faut succomber avec délices.
* En entendant la bande son évoquant un apple tree on pense aussi à des pommes d’amour et à celle de la chute d’Ève.
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« Etudes et préludes », le titre compose l’esprit du défilé de Julien David inspiré par sa rencontre avec une ballerine, Maria Kochetkova, formée au Bolchoï et qui a dansé pour le London Royal Ballet. Une collection aérienne et poétique tandis que les cheveux asymétriques sont emportés et figés par un vent imaginaire. Association de matières, asymétrie, ajouts de franges. Coupes très travaillées, structurées en panneaux géométriques. Broderies et décontraction cool. Veste à brandebourgs dans d’imposants cordages.
Brillance bleu vif.
Top redessiné de lignes en arabesques.
Le tissu molleton s’invite pour le confort de la danseuse qui s’entraîne.
Entre sportswear et légèreté, réussi.
Photos Shoji Fujii
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Un des rares noms à travailler la technologie, Issey Miyake imagine la mode du futur en passant par aujourd’hui. Si les plissés lancés il y a plus de vingt ans incarnèrent une jolie innovation avec leur style identifiable et leur incontestable praticité, la révolution est toujours en marche.
Dans une ambiance musicale (Ei Wada) rythmée par la mise en mouvement de ballons d’hélium, le poétique défilé commence. La technologie de 3D Steam Stretch (déjà présentée pour l’automne hiver 2014) a encore évolué. Combinaison de Pleats Please et d’A-Poc, la nouvelle technique agit avec l‘action de la vapeur sur le tissu (où ont été intégrés des motifs d’abord invisibles). Des formes, des ondulations surgissent. L’inspiration de la collection de Yoshiyuki Miyamae suit le mouvement et imagine le travail du vent. La matière, ni maille ni plissé, se pose légèrement sur le corps, aérienne, dans un souffle. Gaufrages, nuages cotonneux, esprit origami, formes géométriques…
Un passage de mise à carreaux et une étoffe du diable en rayures op noir et blanc.
Une collection sur un nuage.
Photos Frédérique Dumoulin
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Ann Demeulemeester a passé la main depuis deux saisons, et c’est désormais Sébastien Meunier qui crée les collections, dans le droit fil du style qu’elle avait composé.
Célébration du printemps, fête païenne avec amazones dans les codes de la maison. Beaucoup de noir, contrastant avec le blanc, des jeux de longueur, des lanières, des oppositions entre transparences et opacité… Une touche florale avec motif de ? Pissenlit ? Sous une apparente nonchalante décontraction, une femme décidée.
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Think pink, la couleur fétiche de Manish Arora signe sa dernière collection, mais dans des variations de roses délicats et tendres, loin du shocking que souvent il affectionne. De son Inde s’impose l’oeil de Shiva bienveillant et omniprésent en motif, quasi hypnotisant le spectateur.
Du rose et des roses, la fleur s’épanouit sur les tenues, en volume, brodée en 3D. Mariage des moussons entre l’artisanat et la technologie. Riches broderies et légèreté d’un monde aérien pour une novelle conquête de l’espace, sans oublier les éclairs de métal brillant et les chaussures vif argent.
Sportswear et tendre romantisme kawai, l’Inde en clin d’oeil.
Photos Yannis Vlamos
lire le billetBelle collection pour Aganovich où flamboie le rouge. Construction et déconstruction d’un vêtement qui se drape, s’enroule. Asymétrie, obliques, le long s’impose en majeur. Passe un bel imprimé graphique rouge, gris et blanc.
Des cols majestueux et une ponctuation d’un détail qui ressemble à un coeur et semble trouver son écho dans la bande son qui émet des battements sourds (comme Anish Kapoor au Grand Palais).
Une délicieuse collection composée de belles envolées poétiques.
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Deuxième collection pour Alessandro Dell’Acqua qui pose ses marques chez Rochas avec une collection très couture. Des silhouettes en volumes avec la partie juponnée parfois amplifiée. Le blanc ivoire domine et est parsemé de broderies florales délicates ; s’invite aussi un motif de colibris.
Réminiscences d’éléments très Rochas avec des touches de dentelles Chantilly, des motifs historiques. Pour projeter la collection dans l’air du temps, le créateur joue la ceinture au-dessus de la poitrine, ajoute parfois un R façon blason universitaire…
Les chaussures s’habillent en tenue de soirée, brillances émeraude, or… en paillettes et franges. Une légèreté aérienne, mais une collection dans des codes de nostalgie couture.
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« Ma femme, son sport, c’est la mode ». Alexis Mabille a choisi cette boutade pour construire une collection féminine et aussi sexy (sirènes en résille) avec des éléments issus du sportwear.
Avatars de sweat-shirt, présence de capuches pour entrer dans la course. Trench jogging, robe boxeur, combi short… pour nouvelles citadines.
Le soir joue les transparences et la petite touche signature ajoute quelques noeuds ainsi « Robe courte drapée en noeud de crêpe gris ».
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Jardin de mousses pour honorable partie de campagne chez Dries Van Noten. Dans la bande son pépient les oiseaux. Une lumière un peu blafarde vient servir d’écrin au défilé. La collection baigne dans des références à la période Arts & Crafts en Angleterre à la fin du XIXé siècle, William Morris, mais aussi les préraphaélites et le fantôme de l’Ophélie de Millais. Une superbe collection haute en couleurs, chatoyante. Multicolore, la rayure fait ses gammes. Empreinte de légèreté, la collection joue néanmoins l’opulence avec la richesse des matières qui se juxtaposent.
Des superpositions de robes sur shorts, pantalons ; des robes exquises, des gilets sans manches, de fines bretelles, des paillettes… Différentes longueurs se télescopent. Opacité et transparences. Au final les mannequins, femmes fleurs d’un nouveau jardin d’Eden prennent la pose, rêveuses. Bucolique songe d’une nuit d’été.
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Sous le signe du design, de la photo baigne l’inspiration de la collection de Damir Doma. L’imagination vagabonde, vogue vers les côtes japonaises où Charlotte Perriand prend la pose, photographiée par son mari en 1954. Audrey Hepburn, filet de pêche sur l’épaule arbore des lunettes de soleil dans un grand sourire (1951). Louise Bourgeois, Eileen Gray, Meret Oppenheim… de fortes références au féminin. Des sweet fifties à aujourd’hui sont tendus les fils d’un décor puissamment graphique qui entoure le podium.
Une collection construite avec un zeste de masculinité, mais où pointe une absolue féminité. Des modèles très architecturés avec parfois un esprit patchwork d’éléments. Une touche de denim, des imprimés fauves, des effets optiques, une géométrie variable et un mélange de couleurs très réussi.
Damir Doma donne à voir les images qui l’ont inspiré dans un joli fascicule et il partage la liste de sa bande son avec surtout les Beatles (Let it be, Abbey Road) et John Cage. Un délicieux moment.
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