Simplicité, formes géométriques et fraîcheur signent l’univers que construit le jeune Simon Porte Jacquemus. Pour sa dernière collection, les invités se sont vu proposer le port d’un « uniforme », une sur-chemise en non tissé de type médical, mais oblitérée de pois bleus, jaunes ou rouges. Rôle inversé de rédactrices devenues « modèles », mais fondues dans un groupe de pois.
La mode de Jacquemus joue la simplicité, très 2D, mais avec des débordements dans l’espace, de l’asymétrie, des découpes… Démesurée, la poche arrondie dépasse, le dos devient cercle, dessine des ailes d’ange.
La matière (néoprène) par sa rigidité amplifie l’épure géométrique. Biomorphisme des formes arrondies, globules sur tissu transparent.
Effet trompe l’oeil avec un air de tailleur qui est combinaison.
Des jeux de longueurs différentes, superposition, côté tranche napolitaine. Des idées parfois très simples, mais efficaces ainsi le tee–shirt blanc avec une manche rouge, le pull à deux cols…
Bleu blanc rouge, silhouette cocorico et monochrome jaune, poussin.
Si l’essentiel de la collection opte pour des plages de couleurs, les imprimés pointent le bout du nez avec une belle mise à carreaux dont une jolie robe droite avec « poche » gigantesque.
Un défilé mené tambour battant avec des filles qui marchent à la vitesse de l’éclair. Jupe sur pantalon pour écolière pressée.
J’achète : le grand manteau bleu et le manteau patchwork avec une manche bleue, l’autre à rayures et poche jaune.
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Dans un décor de boiseries (un salon de la Sorbonne), le duo Aganovich a posé sa collection. Leur savante déconstruction des coupes compose des effets puzzle. Travaillés, les plissés semblent portés par un vent imaginaire. Cols drapés, arrondis, chassés croisés de tops. Du noir et du blanc, bichromie op, jeux graphiques.
Bleu gansé de noir avant un final aux riches imprimés décoratifs.
De grands manteaux amples, la silhouette est confortable, cocon de villes. Une dimension trompe-l’oeil où l’avant a une longueur d’avance sur le dos. Charme et poésie.
J’achète : le grand manteau noir et le bicolore noir à bord blanc.
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En hommage au glamour hollywoodien, Pascal Millet a imaginé sa collection, mais construite pour aujourd’hui et sans excès. De l’ocre, du bleu, ciel, du blanc, du noir… Des détails de plumes posées sur des pulls blancs ou tops noirs.
Un imprimé étoile, star in the sky. Souvenir de smoking avec bandes de satin. Pour le soir, mordoré et dévoré à motif décoratif rehaussé de paillettes.
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Venu d’Indonésie, Tex Saverio signe de son nom et de son île, Jakarta. Pour son défilé parisien il a opté pour un style très couture et très soir, sa palette s’habille de noir et d’or. Techniquement, un important travail de dentelles au laser.
lire le billetEscapade en montagne annonce Christine Phung qui cite Charlotte Perriand : « Le quotidien nous éloigne de l’essentiel », référence à une architecte qui a aussi planché sur la conception et le mobilier de la station des Arcs.
Une nuit noire semée d‘étoiles à la montagne et slalome une femme enveloppée par la puissance des lieux. La première silhouette s’avance, skis strassés sur l’épaule et jambes fuseau. Concrètement, les vêtements se composent de patchworks de cachemire à esprit géométrique et aux couleurs très raffinées. Jacquards reproduisant des motifs de paysages de neige.
Effet origami de cristaux de neige et jeux de matières.
Parmi les couleurs, présence appuyée du bordeaux. Un travail sur les épaules qui se découvrent. Et, bien au chaud, des manteaux d’esprit parka.
J’achète : le manteau paysage de neige.
Photos Shoji Fujii
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Diplômée de Central Saint Martin’s, Corrie Nielsen a installé son studio à Londres. Cette saison, elle a choisi de défiler à Paris, invitée dans le calendrier. Sa collection se trame autour du thème du « berceau de l’humanité « et rend hommage à sa mère. « Passage des émotions dans l’existence d’une femme »… mais avec des références à Dracula, Jeanne d’Arc et les femmes de Rubens !
Une palette sobre mais avec des touches de doré et la brillance de satin doux. Ses silhouettes au visage austère enveloppé (enfermé ?) dans une résille sont vêtues de volumes très travaillés, parfois imposants. Une recherche de coupe très construite et des exercices savants sur les plissés.
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La semaine parisienne des défilés de mode du prêt-à-porter est à l’heure d’hiver dans un calendrier de huit jours.
Des journées marathon avec parfois 12 défilés qui s’enchaînent heure par heure, de 9h à 21h. Au total se succèdent 93 shows qui vont des grandes maisons françaises (Chanel, Dior,…) aux créateurs venus du monde entier : Japon, Grande-Bretagne, Inde, Chine, Indonésie…
Paris demeure encore la capitale la plus importante de la mode.
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Si le secteur affiche une certaine morosité, il faut relativiser la situation dans un climat peu propice à la consommation. Face à un marché qui ne croît plus, quelques pistes à explorer pour y croire.
Ouvrir de nouveaux territoires au parfum ?
-Mode etc.
Si mode et parfum incarnent le mariage idéal, il ne reste plus beaucoup de « grands » noms sans parfum. Alaïa est en préparation chez BPI et Vuitton, qui a engagé un nez intégré en la personne de Jacques Cavallier, sont les grandes attentes du secteur. Du côté des jeunes designers, Penhaligon lance Tralala autour des deux Anglais Meadham Kirchhoff qu’ils accompagnaient déjà lors de leurs défilés. Sans visée commerciale actuellement des liens se sont tissés entre Francis Kurkdjian et Alexandre Vauthier et entre Dominique Ropion et Yiqing Yin, deux talents prometteurs de la couture. Les accessoires incarnent aussi une voie moins explorée, comme le choix de Jimmy Choo par Interparfums.
-La fin des gourmands ? Faut pas rêver.
Avec les récents succès des gourmands, il est probable que la tendance va encore continuer et venir satisfaire le nez poudré de sucre des consommatrices. Pourtant il y aurait à faire du côté des nouveaux chypres (en 2013 Si d’Armani et Acquarossa de Fendi) et surtout aussi tenter d’ouvrir de nouvelles voies pas encore explorées, mais les grands groupes sont extrêmement frileux en créations.
-Marques de niche, toujours plus ?
Moins formatées, les marques dites de niche intéressent un public qui cherche à sortir des sentiers battus. Aux États-Unis elles constitueraient déjà une part de marché aux alentours de 9% du sélectif. Ces marques se distinguent par des revendications de qualité des ingrédients, une forme de luxe raffiné et l’absence de tests consommateurs qui autorise davantage d’audace. Elles se sont démultipliées ces dernières années avec des historiques qui agrandissent leurs collections (Annick Goutal, Diptyque, Serge Lutens…) et de nouveaux venus comme Francis Kurkdjian, l’éditeur Frédéric Malle, By Kilian, Memo, Atelier Cologne… Sur le même principe, les grands noms ont aussi composé leurs collections : les Exclusifs de Chanel, Armani Privé, Collection privée de Christian Dior, Collection Extraordinaire chez Van Cleef & Arpels, Hermessences d’Hermès… et bientôt Givenchy. Sur ce secteur, qui a la faveur des amateurs, étaient apparues en 2012 331 nouvelles références, presque un parfum par jour !
La « niche » semble aussi un peu en retard en France avec quelques belles boutiques comme Jovoy, Nose… et les espaces des grands magasins alors qu’en Italie il y a 300 boutiques. Si le secteur est prometteur (à échelle modeste), le revers de sa médaille est qu’il attire aussi de simples amateurs sans réelle compétence.
-Danser maintenant ?
Hors mode, la danse s’est lancée sur la pointe des pieds avec Repetto (Interparfums) et l’Iris Prima de Penhaligon autour de l’English National Ballet. La postérité de Black Swan se dessine en effluves.
-L’homme des bois
L’essentiel des nouveaux lancements masculins se promène dans les bois et délaisse (un peu) la fraîcheur sport qui a moins le vent en poupe. Aux notes traditionnelles de cèdre, vétiver, gaïac (fumé)… s’ajoute une pléthore de oud, toujours très en vogue.
-Nez de cuir
Petite famille parmi les 7, les cuirs semblent à nouveau jouer leurs notes. Bottega Veneta est dans cet esprit de nouveau cuir. Fan di Fendi a lancé une version leather et Yves Saint Laurent son Noble leather. Le magnifique Bel Ami d’Hermès, très cuir, est revisité avec une version Vétiver. Parmi les marques de niche, plusieurs cuirs dont les pépites d’Armani privé.
-Donner du contenu
Si de belles histoires joliment marketées accompagnent les lancements, les marques optent aussi pour un ajout de contenu, s’ouvrant sur d’autres territoires de communication. Les expositions se sont multipliées, associant histoire patrimoniale, art et parfum : le N°5 au palais de Tokyo, Miss Dior au Grand Palais… Sans oublier l’air du temps ainsi les photos d’amateurs pour Replica de Maison Martin Margiela ou encore le musée virtuel d’Only the brave Tattoo Gallery (Diesel) autour du tatouage.
-Musique
Si les mots du parfum ont des parallèles avec ceux du parfum, la comparaison ne va pas au-delà. Mais ce territoire est « jeune » d’où l’intérêt des marques pour ce sillon. Décibel d’Azzaro jouait la chanson avec son flacon micro, mais c’est surtout Burberry avec les parfums Rythm qui fait le lien et aussi Paco Rabanne et l’univers de XS, toujours en concert (Les Plasticines récemment).
Art…
Les collaborations avec les artistes, souvent autour des flacons, sont aussi une belle idée de communication ainsi le flacon de L’Air du temps (Nina Ricci) revisité par Olivia Putman. CK One (Calvin Klein) avec sa Street Edition donne la parole à des artistes du tag. En 2014, les flacons des parfums pour homme d’Yves Saint Laurent sont rhabillés graphiquement par Gardar Eide Einarsson.
-Événementiel.
Des lancements de parfums, éphémères, viennent accompagner des événements artistiques ou sportifs, créant un moyen de communication. En 2014 Nose a ainsi développé un parfum, Un Air de Panache » pour la sortie du film de Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel. Une série de parfums est lancée aussi autour de la prochaine coupe du monde de football…
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Quelle que soit la façon dont on regarde les chiffres* du marché des parfums en France en 2013, ils confirment ce qui se profilait déjà l’année précédente : une baisse légère mais constante en volume et en valeur. Pourtant, au coeur de la morosité, quelques nouveaux venus ont réussi à tirer leur pschitt du jeu et ont bousculé un classement bien établi. Part du lion (65%) au sein du marché des cosmétiques, le secteur des parfums a encore vu une pléthore de nouveaux lancements en France, mais avec un ralentissement. 270 nouveautés ont été lancées dont plus de la moitié de féminins, 20 % de masculins (contre 14% en 2012) et 27% pour les marques de niche. Sans compter les éphémères.
Féminins
Dans le top ten, le plus remarquable est la confirmation de la spectaculaire percée de deux lancements majeurs en 2012. Encore numéro 1 en valeur, J’adore (Christian Dior) conforte sa position en progressant, soutenu par un film efficace mettant en scène dans le décor de Versailles les stars d’Hollywood et l’égérie Charlize Theron. En N°2 La vie est belle (Lancôme), lancé en 2012, fragrance à sillage floral et gourmand, confirme son importance (+122%) parmi les nouveaux leaders. Julia Roberts brisant ses chaînes a entraîné une foule de consommatrices. La petite robe noire, Guerlain atypique, audacieusement lancé avec une campagne animée (dessins de Kuntzel + Deygas), a réussi à se hisser à la troisième place et progresse de 25%. Chanel N°5 se retrouve ainsi en quatrième position en France, mais reste leader mondial. Est-ce l’effet d’une campagne radicale et téméraire (Brad Pitt) ? Aujourd’hui le N°5 renoue avec son patrimoine et choisit Marilyn Monroe avec un enregistrement de la petite phrase où elle disait que, pour dormir, elle portait juste quelques gouttes de N°5. Viennent ensuite Angel (1992) de Mugler dont le succès s’érode mais qui, avec ses notes « sucrées » (dont l’éthyl-maltol), est à l’origine d’une pléthore de gourmands qui n’en finit pas. En 6, un autre Chanel, l’exquis Coco Mademoiselle dont l’égérie est Keira Knightley. En 7 Flower by Kenzo enchante toujours avec ses campagnes poétiques autour du coquelicot des villes. En 8, un autre Guerlain, Shalimar. Revisité dans un film épique réalisé par Bruno Aveillan, le parfum mythique se réincarne spectaculairement autour du décor du Taj Mahal. En 9, le Miss Dior avec Natalie Portman en égérie romantique. En 10 Lady Million (Paco Rabanne) reste porté par le succès au masculin de One million et les campagnes qui associent les deux parfums. Manifesto d’Yves Saint Laurent est onzième, mais affiche une croissance de 66%. Parmi les nouveaux venus, deux entrées dans le top 50 : Si de Giorgio Armani et le premier parfum Repetto.
Masculins
En N°1, toujours brille Paco Rabanne avec son lingot d’or, 1 Million. En 2 Dior et l’historique Eau sauvage, archétype des masculins. N°3 Jean Paul Gaultier et sa lavande joliment revisitée dans Le Male par Francis Kurkdjian. En 4 Terre d’Hermès continue avec élégance sa magnifique aventure. En 5 Dior Homme, un zeste de floralité assumée et une nouvelle campagne avec Robert Pattinson et des visuels de Nan Goldin.
N°6 Bleu de Chanel et le film de Scorsese avec Gaspard Ulliel.
En 7, toujours classique, le Bottled d’Hugo Boss. N°8, au-dessus de la mêlée, Paco Rabanne a trouvé le vainqueur avec Invictus dont le flacon se pose en forme de coupe. N°9 Yves Saint Laurent et La nuit de l’homme. N°10 Diesel Only the brave fait toujours le coup de poing. Parmi les nouveautés, Givenchy Genleman Only avec Simon Baker en égérie.
Points de vente
Les chaînes (76% marché) affichent une certaine stabilité en 2013. Les parfumeries indépendantes ont, elles, vu un recul de leur chiffre d’affaires avec -9,8%. Les grands magasins (9%) qui font évoluer leurs espaces consacrés à la beauté ont un peu progressé, +0,5%.
*2012 moins 0,9% en valeur et moins3% en volume.
2013 moins 1,5% en valeur et moins 4% en volume dans un marché de 2,9 milliards d’euros.
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Flotte sur le nouveau film de Wes Anderson un Air de Panache, parfum imaginé pour le personnage de concierge joué par Ralph Fiennes dans The Grand Budapest Hotel. Créé par la maison Nose, ce parfum a répondu à une demande de la production du film.
Chef concierge de cet hôtel situé en république de Zubrowka, Monsieur Gustave H. ne quitte jamais sa chambre sans se parfumer d’un zeste de son « Air de panache ».Dans un esprit Cologne, la très réussie création de Marc Buxton démarre sur une tête hespéridée de bergamote, mandarine, petitgrain, avec basilic et pomme verte et aldéhydes sur coeur jasmin, rose et fond mousse de chêne, cèdre, patchouli, castoréum, ambre et musc.
L’édition événementielle au nom du film s’est posée dans un flacon cube serti d’une poire pour renouer avec un geste ancien (comme dans le film quand Bill Murray passe le parfum à Ralph Fiennes). Offert aux participants, la parfum n’est pas commercialisé, mais sera à découvrir chez Nose dont les vitrines rendront hommage au film ainsi que deux grands hôtels parisiens. Pour présenter le parfum aux rédactions Nose a imaginé de le faire envoyer par des grooms.
Le film en salle à partir du 28 février.
Illustrations Damien Florébert Cuypers.
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