Directeur artistique pour Lacoste, Felipe Oliveira Baptista continue sa propre histoire, sous son nom. Un été couleur pastel (très joli vert d’eau) dans un style structuré et architecturé qui porte sa signature.
Une inspiration d’uniforme militaire pour la multiplication des poches, la rigueur, le trench en robe. Des manteaux légers, du long, du court. Bel imprimé, peinture abstraite “tachiste”.
Rigueur de la coupe mais avec décontraction dans une collection empreinte de douceur.
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Toujours citadine, la collection de Guy Laroche se projette vers le futur, s’inspirant de la science-fiction. Les matières jouent la technologie, soie et polyamide, fibre optique. Mélange de couture traditionnelle et technicité contemporaine. Touches de python en détail. Masculin-féminin signé de pantalons pour femme active.
Quelques formes amples, presque oversized. Imprimés géométriques presque origami ou organisation « chimique ». Une collection noir et blanc égayée d’une palette sourde de jaune moutarde, gris et rose pastel.
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Toujours sous le signe de la poésie, la collection de Damir Doma mettait en valeur le blanc (sans trop de surprise couleur phare de la saison). Des coupes très travaillées, un jeu de longueurs, des drapés. Des modèles amples, mais ceinturés. Très joli travail sur une broderie ajourée de ronds de tailles différentes. Légèreté de quelques transparences en souffle sur la collection. Tout un passage de couleur mastic ponctuée d’un élément blanc (ceinture, bas de robe).
Abstraction géométrique avec ajout de plages de couleurs rectangulaires.
Une belle collection.
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En quelques saisons, le jeune Simon Porte Jacquemus est devenu une coqueluche de la mode. Après son charmant défilé en bord de piscine, rayures marines et bleu blanc rouge, le designer a choisi une salle d’arcades en plein coeur de Paris. Serpentant entre les écrans vidéos ou les « voitures », le podium suggérait dans sa lumière vive une lecture pop et décontractée du défilé. Intitulée la Grande Motte, la collection imagine une jeune fille en vacances dans cette ville et s’inspire de l’architecture géométrique du lieu. Un style ultra simple, court (les fan des sixties retrouveront leurs années folles) avec juste un arrondi, une touche d’asymétrie parfois.
Des couleurs douces pour un été pastel mais avec bleu vif et pointe de vert. En motif se déguste un cornet de glace, posé sur des robes tee-shirt que ses mannequins portent casquette à l’envers (comme lui).
Son slogan pour la saison : « J’aime la vie » avec logo ciel bleu, vagues et soleil jaune (qui déjà sur lui brille).
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Inspiré par l’eau, Julien David imagine « The Tribe of the Seven seas ». Une projection de film passe de l’abstraction aquatique au défilé lui-même, montrant les détails des modèles en parallèle au passage des mannequins sur le podium. Le bleu est mis, le grand bleu dans toutes ses variations et l’air marin flotte. Les tissus se dessinent “liquides”. Esprit décontracté avec la charmante féminité de robes à manches ballon.
Le motif est jeté à la mer bleu chiné (pas de Chine) avec une bouée rouge et blanc.
Des détail de broderies flottent en écume sur les modèles, l’univers marin mais aussi plus terre à terre, des navets, mais venus des îles, “cosmic sea fruits”.
Intéressantes matières techniques comme un « polyurethane thermoplastic ». Très belles parkas en deux matières.
Une jolie collection.
Photos Shoji Fujii
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Peut être un peu mois radicale, moins conceptuelle, la collection d’Aganovich (Brooke Taylor et Nana Aganovich) est néanmoins absolument réussie. Une robe toute simple avec le détail des mesures, souvenir d’un work in progress de patronage, initie l’exquise féminité qui va suivre (même avec les silhouettes à cagoules).
Les plissés cousus semblent emportés par le vent, balayés par un souffle qui les aurait figés dans un subtil travail. Dans le jeu toujours en construction du puzzle, les longueurs s’amusent à cache-cache, trompe l’oeil entre long et plus court. Des effets de drapés enveloppent la silhouette. Des variations sur le noir (et bleu sombre) et césure du rouge pour passage à l’ivoire, blanc cassé, blanc immaculé et rose.
Des tissus dans un esprit brocard qui pourrait tomber sous le coup de lois somptuaires viennent enrichir la collection.
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Alice Lemoîne a réussi à inscrire le « tricot » au coeur des collections parisiennes de prêt-à-porter. Si sa maille peut jouer par certains côtés l’artisanal, elle explore de plus en plus les possibilités de la technologie choisissant des fils techniques et les mélangeant. Pour le printemps-été, elle a choisi l’hybridation de deux techniques, mêlant le côté manuel à un travail de coupe, de patronage, de construction.
Son choix de couleurs est toujours discrètement raffiné notamment le mélange de l’ivoire et du vert kaki. S’ajoute un zeste de zips. Quant au choix d’une présentation plutôt qu’un défilé, il est parfait pour apprécier de près le travail.
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Avec leur nom de Ground Zero, les frères Eri et Philip Chu imaginent partir de zéro et explorer tous les possibles (« Zero could be everything »). Ils revisitent la mode en la recomposant, mélangeant les inspirations, les mondes. Leurs propres imprimés (composés par Eri), colorés, graphiques signent leurs collections. Une décontraction presque sporstwear, une allure futuriste et un télescopage de plages monochromes avec leurs imprimés (motifs floraux et technologiques). Quelques jeux de transparence et effets de tranche napolitaine qui découpent l’imprimé.
Jeu d’asymétrie et arrondis. Au paroxysme des mélanges : Mondrian sous acide.
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En clôture du marathon bi-annuel de la mode, Paris arrive après New York, Londres et Milan avec la semaine la plus longue (neuf jours) et la plus foisonnante (plus de 100 défilés). Si les marques françaises sont très représentées, Paris est capitale internationale avec des créateurs d’une vingtaine de pays. En plus des défilés in et off, des présentations, les show-rooms, un cortège de fêtes, d’ouvertures de boutiques et la réouverture du musée Galliera qui a choisi de débuter par une exposition en hommage à Azzedine Alaïa.
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L’arrivée du styliste Nicola Formichetti chez Diesel, bouscule-t-elle la communication de la maison ou est-ce juste beaucoup de bruit pour… ?
Si les campagnes de pub de Diesel marquèrent le public par leur originalité dans le passé (Staline, Roosevelt et Churchill à Yalta avec l’incrustation de modèles féminins un brin aguicheurs). L’arrivée de Nicola Formichetti place la marque dans l’air du temps, utilisant les outils disponibles sur le net pour créer des communautés. En habillant Lady Gaga, le styliste people s’est forgé une réputation avec des idées un peu provoc et spectaculaires, mais souvent très librement inspirées (la robe en viande est une copie un peu grasse de Vanitas, Robe de chair pour Albinos anorexique de Jana Sterbak, les références à Orlan sont aussi là dans le clip Born this way…). Nommé directeur artistique chez Mugler pendant quelques saisons, le styliste là s’est surtout plongé dans les archives.
Depuis avril, il est désormais directeur artistique de Diesel et débute son grand projet de communication avec Diesel Reboot autour d’une communauté digitale. Une nouvelle ère à l’horizon ? Les mannequins sont choisis surtout sur tumblr et deviennent égéries. Ainsi Michelle Calderon, artiste de street art ; une sans-abri très jeune que l’art a sauvée ! De l’art ou du cochon ? Égéries de l’automne-hiver encore : Casey Legler, nageuse olympique et mannequin de mode au masculin, l’actrice japonaise Kiko Mizuhara… Sur le site, le ton est donné : « Diesel and Nicola are enlisting a new generation of brand ambassadors and fearless fashion leaders : you ». L’idée de mannequins pris dans « la vraie vie » n’est pas neuve et le quart d’heure de célébrité à la Warhol est ainsi assuré, mais avec le chic de portraits signés Inez & Vinoodh Matadin pour l’automne-hiver.
Des campagnes d’ « affichage » sont aussi organisées notamment en Italie sur le mur de monuments historiques, La “papesse” projetée sur le Colisée avait pour slogan : « I resurrect the destructed ». L’autre campagne : « I am not what I appear to be » met en scène une femme avec un semblant de burqa en jean et laissant visibles des tatouages. Là, la campagne a des allures de Benetton de la grande époque de Toscani, mais avec un sacré décalage horaire.
La cerise sur le gâteau figure sur le site dieselreboot.tumblr.com qui donne des missions. Mission 1 : Qu’est ce qui vous inspire en ce moment ? Le directeur artistique livre ses pensées : roses rouges et dumplings… Mission 2 : Qu’est-ce qui fait une icône ? Mission 3 : Casser quelque chose…
Si l’essentiel de la direction artistique d’une maison est de faire du buzz sur internet, la mission est peut-être remplie ; s’il s’agit aussi de créer, le suspense demeure entier. Un premier élément de réponse vient d’arriver avec un clip consacré au Jogg Jean, un jean souple et confortable (mélange de jean et de jersey).
Est-ce l’écume d’un talent ou le simple reflet d’une époque où la communication a définitivement pris le dessus sur la création ? Le buzz, en attendant les habits du nouvel empereur de la mode.
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