Balenciaga, l’après Ghesquière

Le 30 novembre, Nicolas Ghesquière quitte Balenciaga ; son passage restera majeur dans l’histoire de la maison.

Si l’annonce du nom du nouveau directeur artistique ne devrait pas tarder, les rumeurs se multiplient sur le net.

Il y a quelques jours  Christopher Kane était donné gagnant. Acteur de la jeune scène anglaise de la mode, Christopher Kane est d’origine écossaise. Diplômé de la Saint Martin’s School (Comme Galliano, Mc Queen, Chalayan …), il a lancé une marque sous son nom qui a toujours suscité l’intérêt de la presse et des acheteurs. La collaboration du créateur avec Versus (Versace) vient de s’arrêter et l’on parlait aussi d’un intérêt financier de PPR pour sa marque éponyme. Mais le créateur a démenti…

La dernière rumeur en date (le 29 novembre) est venue des Etats-Unis. Cathy Horn, dans le New York Times, annonce que Alexander Wang est le « leading candidate » pour Balenciaga. Créateur américain passé brièvement par la Parsons School, il a lancé sa marque en 2007 et a  vite connu un succès médiatique et commercial (25 ans et 25m$ de chiffres d’affaires ?). Sa mode urbaine s’inspire de la rue et revisite le passé en inspirations (années 80) avec un talent pour les produits à succès, notamment les accessoires.

Un Anglais ? Un Américain ?

A suivre.

Et le gagnant est Alexander Wang…

 

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Christian Lacroix /Patou / Drouot

 

 

Associé à jamais à la haute couture, le nom de Christian Lacroix l’est aussi aux plus belles (et dernières) heures de la maison Patou. L’experte Pénélope Blanckaert proposait à Drouot une de ces merveilleuses collections, automne-hiver 1984-1985. Si la vente mettait aussi en scène des modèles de Balmain, Cardin, Dior, Hermès… et des noms plus contemporains : Prada, Yohji Yamamoto, le clou en était ces tenues incroyables dont figuraient aussi les photos du défilé pour resituer dans le temps. Les pièces les plus spectaculaires (dentelles, broderies et coupes) firent parfois flamber les enchères, mais d’autres se révélèrent accessibles.

Le musée de la mode (Arts décoratifs) usa de son droit de préemption en sélectionnant trois très belles tenues.

Lido Buto, fourreau en dentelle de Chantilly noir et jupe « pagne » drapée… adjugée 1300€

– Incredible Un spencer satin duchesse col « Danton »  sur jupe à rayures et plastron. Avec accents révolutionnaires ! 1800€

 

1000 (aussi le nom d’un parfum Patou). Un fourreau en soie et cuirasse en satin duchesse corail…  4000€

 

A noter aussi Lipstick un fourreau en faille de soie corail.. 2400€. Et un magnifique manteau Diaghilev.

Sans oublier la robe de mariée. Salut l’artiste, Christian Lacroix.

 

Dans la salle figurent toujours des professionnels (boutiques vintage notamment) dont un monsieur venu des Etats-Unis pour jeter son dévolu essentiellement sur les bijoux de défilés, magnifiques créations baroques et fantaisistes.

Et toujours des « touristes »  qui ne viennent pas pour acheter mais voient Drouot comme un passe-temps, un spectacle et n’hésitent pas à renchérir en commentaires. Le manteau en mouton YSL : «  C’est pas cher, ça vaut le coup, mais je n’ai rien essayé. » La robe noire aussi signée YSL : « Mais, c’est quelle taille ?”  Quand passent les sacs Hermès : « C’est indémodable. » Pour d’autres choses, les commentaires sont moins amènes : « C’est moche… Tu trouves ça beau toi ? » Un grand nom de la mode est passé. « Tout est trop petit. Je ne rentre pas dedans, c’est dommage. Tout est trop petit” (ndlr : et si c’était l’inverse ?).

 

 

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De l’Antiquité à Miyake, histoire de plis(sé)

 

 

 

Si l’idée des plissés remonte à l’Antiquité, ce vêtement célèbre aujourd’hui les vingt ans de la vision contemporaine d’Issey Miyake : Pleats Please.

Dans les sculptures antiques se découvrent les tissus plissés. En Egypte, la kalasiris, vêtement très simple, s’orne d‘effets plissés. Au Louvre, parmi les sculptures, prie l’exquise Karomama, adoratrice d’Amon avec ailes de vautour et effets plissés. Aimée d’Amon Ré, Karomama fut son épouse, plus tard sa précieuse effigie fut acquise par Champollion.

En Grèce l’aurige de Delphes, (Vème siècle avant J-C) est le bronze d’un conducteur de char au chiton long finement plissé.

Plus de vingt siècles plus tard en Italie, le couturier Mariano Fortuny (un musée lui est consacré à Venise) réinvente le plissé avec une soie précieuse et finement travaillée. Créé aux alentours de 1907 et baptisé Delphos, le modèle emblématique de la longue robe droite rend hommage à l’aurige de Delphes. Le plissé eut alors une magnifique heure de gloire en couture avec cette soie Fortuny au procédé déposé en 1909. Marcel Proust écrit : « C’étaient ces robes que Fortuny a faites d’après d’antiques dessins de Venise » ou encore : « La robe de Fortuny que portait ce soir là Albertine me semblait comme l’ombre tentatrice de cette invisible Venise ». Aujourd’hui encore, à Venise, se perpétue le souvenir de Fortuny tandis que le catalogue du musée rend hommage à Issey Miyake, le créateur qui a réinscrit le plissé dans la modernité en lui ajoutant des qualités issues de nouvelles technologies : « Au-dessus de tout, c’est Issey Miyake, un des plus grands protagonistes de la mode contemporaine, qui a exploité les propriétés du polyester, révolutionnant les anciennes méthodes de plissage pour sa collection Pleats Please…  la robe oversized finie en polyester est posée entre des couches de papier et placée dans une presse chaude et elle est plissée.  Comme la Delphos, les plissés sont devenus un nouvel uniforme pour femmes à forte personnalité. »

Avec Issey Miyake, le plissé entre dans une nouvelle ère, réussissant le paradoxe de la jonction entre création et praticité. Issu de la mode, le plissé est devenu un basique de garde-robe contemporaine, le plus souvent au féminin. Nouveau pont trans-culture entre Orient et Occident, Pleats Please, avec une histoire singulière, est un vêtement à dimension universelle.

 

Histoire des plissés Miyake

À l’origine, les premiers plissés avaient une certaine rigidité, vêtements presque précieux, tout en étant d’une rigoureuse simplicité dans le choix de formes épurées et géométriques.

Origami Pleats, au printemps-été 89, présente le plissé en volume sur les podiums. A l’automne-hiver 89 s’écrit une nouvelle étape avec un plissé « mutant ». En 1990, dans une magnifique exposition à Tokyo et à Amsterdam, les plissés s’exposèrent à plat, inscrits dans le sol. Un rond bicolore, juste ouvert de trois fentes, une pour la tête et deux pour les bras, incarnait l’épure du nouveau vocabulaire des plissés.

Vêtement en 2D, il se découvre en 3D, une fois porté.

« Au moment de la naissance des Pleats, je concevais encore la fabrication d’un vêtement en termes de couture et de coupe. Il m’a fallu me détacher entièrement de ces notions, et j’ai déplacé ma réflexion de la conception du vêtement vers son usage : je voulais créer un vêtement qui soit en accord avec la vie, qui soit léger et d’entretien facile… »


Poétiquement, les plissés s’aventurèrent ensuite sur l’esprit d’escalier avec des effets accordéons et des collections de haute fantaisie avec multiples rebondissements allant jusqu’à sautiller : « Jump ». Ou encore évoquant des formes de lanternes japonaises.

Autour de la rencontre avec William Forsythe et le ballet de Francfort le territoire d’exploration du plissé a pris une voie nouvelle. En cherchant les possibilités de mouvement pour les danseurs, la collection s’est animée et la recherche a fait évoluer le concept jusqu’à devenir un vêtement basique et intemporel, mais toujours à la pointe de la création. Issey Miyake conçut ainsi les costumes de Loss of Small Detail en 1993, s’inspirant de ses recherches sur le plissé. Dans la continuité de ces explorations artistiques, s’est commercialisée la ligne Pleats Please Issey Miyake avec son premier vocabulaire de nouveaux basiques.

 

Technique

Imaginé par Issey Miyake, le plissé a évolué et est devenu de plus en plus pratique. Léger, simple à utiliser, à entretenir ; il se lave en machine. Une fois séché, sans repassage, il retrouve sa forme initiale. Techniquement astucieux et novateur, le procédé de plissage s’effectue en fin de création. Au départ, le tissu n’est pas plissé. D’abord construit (sur-dimensionné de deux fois et demie ou trois fois la taille finale), le vêtement passe sous presse pour le plissage, placé entre deux feuilles de papier. En passant, il acquiert sa taille. Pour Issey Miyake, les vêtements surgissent de la presse « comme des toasts sortent d’un grille-pain ».

Grâce à la technologie, le procédé de plissage confère une forme permanente au vêtement.

 

 

Collections hautes en couleurs

Si la gamme de couleurs a joué, pour les basiques, le monochrome et la sobriété ; les collections, revisitées chaque saison, s’amusent d’imprimés colorés, ethniques, folkloriques et joyeux. « Les plis bougent et se métamorphosent à chaque mouvement du corps. Au fil de leurs mouvements, les couleurs changent, créent une illusion d’optique semblable à celles d’un kaléidoscope ». Les iconiques « Art series » de 1994 à 1998 ont vu s’imprimer des oeuvres de Yasumasa Morimura, Nobuyoshi Araki, Tim Hawkinson et Cai Guo-Qiang. Des vêtements oeuvres d’art.

 

 

Universalité

Mais le plissé, c’est surtout un vêtement accessible (en prix) qui s’inscrit dans l’intemporalité et qui convient à tous et toutes. Jeunes ou seniors. Minces ou rondes.

Le plissé, selon Miyake, un vêtement universel comme il en existe peu. Dans le catalogue de Mariano Fortuny, Maria Luisa  Frisa écrit : « Pleats Please est le parfait reflet de la vie contemporaine, mais c’est aussi le résultat  de ce besoin de partage, depuis que la mode est prépondérante, d’avoir un vêtement intemporel. A la fois contemporain et classique. »

 

Mise en bouteille

À ce vêtement iconique et oh combien emblématique pour le grand public de la signature d’Issey Miyake en mode répond aujourd’hui un parfum. La vision du flacon traduit en 3D l’idée de plié, de plissé et le passage de la 2D à la 3D se transpose en facettes. L’exubérance de la ligne se traduit olfactivement par un bouquet joyeux avec un départ autour d’une note de nashi (fruit entre pomme et poire). Pour la première fois les parfums Miyake ont imaginé un film publicitaire, signé Nick Knight, où le plissé virevolte, danse, sarabande joyeuse.

 

Un anniversaire, un livre

Les éditions Taschen célèbrent les plissés et leur histoire dans un ouvrage de 500 pages autour de cette saga de la mode.

 

Quant aux dernières campagnes autour des plissés, elles sont savoureuses et présentées avec humour façon sushi, cornet de glace… Un délice

 

Happy Birthday aux plissés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Des larmes pour le crocodile Lacoste

Du grand champion de tennis René Lacoste est née en 1933 une marque associée à la France et à un emblématique crocodile devenu sur un polo on ne peut plus sympathique. Parti du simple polo L.12.12 et du sportswear, Lacoste est devenu une vraie marque de mode et de luxe notamment dans sa perception aux Etats-Unis. La belle santé du crocodile s’est notamment vue pour l’année 2011 avec un chiffre d’affaires record (1,6milliard d’euros) avec une progression de 11% par rapport à l’exercice 2010. En plus du textile existent d’autres licences : chaussures (Pentland), parfums (P&G), lunettes, montres, linge de maison, bijoux.

En mode, la marque a osé le pari de la création avec la nomination d’un jeune designer : Felipe Oliveira Baptista et non d’un styliste, un choix audacieux.

Aujourd’hui, les yeux sont tournés vers cette maison qui était encore, il y a quelques jours, détenue à 65% par la famille (les enfants et petits-enfants du fondateur). Le départ de l’ancien président Michel Lacoste et la prise de la présidence par sa fille alors qu’il soutenait la candidature de sa nièce ont signé un point de rupture et rendu le clash familial inévitable. Il y a quelques jours Michel Lacoste tournait la page et annonçait sa décision de vendre ses parts avec celles d’autres actionnaires de la famille, soit 30,3%, au Suisse Maus. Le groupe helvétique détenait déjà, via son rachat en 1998 de Devanlay (fabricant historique, principal licencié et partenaire de Lacoste), plus de 30% des actions.

La nouvelle présidente, Sophie Lacoste-Dournel, n’a finalement pas pu exercer son droit familial de préemption (il aurait fallu réunir 400 millions d’euros en trois mois) et passe la main en proposant également au Suisse Maus le rachat de ses parts soit, avec d’autres actionnaires familiaux, 28% du capital.

Si tout est validé, le groupe Maus possédera Lacoste à 93,3%.

Quelques larmes sur un crocodile un peu moins cocorico.

 

 

 

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Balenciaga / Ghesquière, fin d’une belle histoire

 

 

Reconnu comme un des créateurs majeurs pour son travail construit chez Balenciaga, Nicolas Ghesquière quitte aujourd’hui la maison. Un communiqué de PPR annonce une décision conjointe qui prend effet fin novembre. Dans le sobre texte de PPR annonçant la séparation, François-Henri Pinault rend hommage au maître d’abord, Cristobal et salue ensuite la contribution artistique de Nicolas Ghesquière, «  essentielle à l’unique influence de la maison ».

Assistant de Jean Paul Gaultier, il était arrivé chez Balenciaga avant d’en être nommé directeur artistique en 1997 et de réussir en quelques années à inscrire la marque parmi les plus influentes avec des collections audacieuses et souvent avant-gardistes. En 2001 il fut nommé International Designer of the Year à New York.  En 2006 il est consacré par le Time Magazine, figurant dans la liste des 100 personnes les plus influentes du monde.

Un feuilleton à suivre…

Qui succèdera à Nicolas Ghesquière ?

Et lui ? Une autre maison ? Une marque à son nom ?

 

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MMM / H&M

 

Désormais incontournable rendez-vous de la mode, les collaborations des créateurs avec H&M suscitent toujours l’engouement. Après Karl Lagerfeld (en 2004), Lanvin, Comme des garçons, Marni, Versace,… le groupe suédois a choisi cet hiver MMM, la Maison Martin Margiela. La journée du 15 novembre est à marquer d’une croix blanche pour les amateurs de mode.

Créée en 1988 par Martin Margiela (diplômé de l’académie d’Anvers), la maison a, dès le départ, imposé des codes remarquables : le choix d’une étiquette blanche, vierge de tout nom, l’absence de portraits du créateur, une signature « collective » au nom de la maison. Les défilés, eux, se présentaient avec des mannequins aux traits souvent oblitérés pour ajouter une idée d’anonymat. L’omniprésence du blanc (dans la décoration, les objets repeints…), la récupération, l’oversized, les rééditions de modèles du passé (patrimoine historique de la mode)… constituèrent de nombreux jalons du travail d’un des créateurs majeurs de la mode du XXè siècle.

Dans la collection H&M se redécouvrent de grands classiques : quelques pièces oversized, la fameuse doudoune (une vraie couette, à l’origine proposée aussi avec des « housses »). Les assemblages de foulards de récup sont devenus des imprimés et renouent avec le même esprit. Des accessoires concept comme la ceinture invisible, le sac gant… Le trompe-l’oeil couleur chair avec soutien-gorge noir dessiné. Pour les hommes, un manteau assemblage de deux demis (hommage à Saint Martin ? ) avec l’asymétrie des longueurs. Le côté destroy, work in progress, avec la veste de biker, la robe doublure…

 

Dans le dossier de presse se dresse un parallèle façon “amicalement vôtre” entre deux maisons aux histoires bien différentes.

-Mode : Conceptuelle et style intemporel pour MMM.

Pour H&M : Démocratique.

-Valeurs et idées : L’anonymat, le blanc, l’ambiguïté.

H&M : Mode et qualité au meilleur prix.

-Philosophie : La collaboration d’une équipe plutôt que le travail d’un créateur.

H&M : La mode pour tous.

 

Un événement dans 250 magasins le 15 novembre (une soirée VIP et people a lancé la campagne à New York.

Veille du 15 novembre, nuit blanche en perspective pour les fashionistas, mais incontournable !

 

Photos LookBook : Paul Wetherell. Campagne : Sam Taylor-Wood.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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