Si le climat s’annonce printanier ; en mode, c’est l’automne-hiver qui s’avance sur les podiums. Avec 95 défilés dans le calendrier officiel de neuf jours, la saison sera copieuse. S’ajoutent, relativement modestement, 14 défilés off et une multitude de show rooms multi-créateurs et aussi par pays : Belgique, Chine, Japon… Si l’image se crée sur podium avec les journalistes, le succès se passe à l’ombre des show-rooms quand les acheteurs passent les commandes.
Pas seulement au premier rang, les people montrent aussi le bout du nez (eh oui) avec un défilé pour Kanye West et une présentation pour les soeurs Olsen.
Vanessa Seward revient sur le devant de la scène avec APC et Pascal Humbert sera présent avec l’ouverture d’une boutique : Nouvelle affaire.
Le tout se déroule dans une ambiance de mercato. L’annonce officielle de l’arrivée d’Hedi Slimane chez Yves Saint Laurent est très attendue. Chez Dior, le suspense reste entier ; si le nom de Raf Simons a toujours la côte maximale, celui de Christopher Kane a aussi été murmuré. Rumeurs de la mode.
lire le billet
Sur tapis rouge, les grandes cérémonies que sont Césars et Oscars sont, en principe, l’occasion de voir (admirer ?) des tenues là où le glamour n’est pas encore mort.
Las, les Césars ne furent pas à la hauteur de Paris capitale de la mode. Si le smoking au féminin eut de belles heures de gloire à ses débuts avec Yves Saint Laurent, il a aujourd’hui moins d’élégance qu’une robe longue. Quant au pantalon avec bustier, il ne se révèle pas très chic. En raccourcissant encore, on arrive au short ; même avec une jolie paire de jambes, il ne sauve pas la mise. S’il court, le court n’est pas non plus très heureux, il donne des allures de collégiennes, parfois délurées, aux jeunes actrices. Pour le cru 2012 des Césars, seuls les décolletés affichèrent de l’audace, parfois à deux doigts de l’effet Sophie Marceau à Cannes… Cachez ces seins. Assez ennuyeuse, la cérémonie n’a pas non plus brillé par ses tenues. Revue de détails en toute subjectivité.
OUI
-Valérie Bonneton a osé une tenue bi-matière avec un rouge coquelicot et un tissu à rayures, robe longue à décolleté, Hugo Boss. Pour l’originalité.
-Marina Foix, sobre et minimaliste tout en blanc Balenciaga, robe droite à haut blousant. Pour le chic.
OK
-Kate Winslet a multiplié les paillettes dorées avec les sequins de sa robe Jenny Packham. Bracelet et boucles d’oreilles Virevolte Van Cleef & Arpels. Quant au décolleté plongeant, vertige du glamour.
C Dominique Charriau
-Alexandra Lamy Robe longue en soie bleue à découpe asymétrique, Giorgio Armani Privé.
-Karine Viard, robe noire courte et ceinture à strass.
-Mélanie Thierry pour le choix d’un des jeunes créateurs : Maxime Simoens.
-Sylvie Testud pour le choix d’Alexandre Vauthier, un tailleur smoking à paillettes, mais décolleté un peu trop ouvert.
-Sara Forestier pour l’audace du choix de Paco Rabanne (par Manish Arora), mais court ne rime pas toujours avec glamour.
Non
-Aure Atika. Un haut bustier, mais malheureusement sur pantalon.
-Helène Noguerra. Non au short.
-Julie Depardieu, une robe d’inspiration lingerie très froufroutante avec petits volants et fête à noeud–noeud (sic) de Christian Dior.
Les oscars sont beaucoup plus glamour. S’il n’y a pas d’audace débordante sur tapis rouges, les actrices sont pratiquement toutes en long et répondent à la recherche d’élégance qui sied à la cérémonie. Si le noir et le blanc sont souvent gagnants, le rouge resplendit. Le doré cette année fut glam, mais avec des modèles moins heureux. Broderies et strass au firmament. Quant à l’intérêt pour la mode, il se traduit par les questions des présentateurs qui demandent aux actrices le nom des créateurs de leurs robes.
Oui
-Angelina Jolie en fourreau de velours noir de Versace, faussement sobre avec la découpe dans la jupe pour laisser ostensiblement surgir la jambe.
-Rooney Mara en Givenchy, un modèle à la fois épuré et audacieux, décolleté et jeu de drapés.
-Gwyneth Paltrow en robe blanche à effet drapé très simple avec une cape légèrement épaulée, Tom Ford.
-Mila Jovovich en Elie Saab. Robe blanc argent brodée de sequins.
-Berenice Bejo en robe vert d’eau brodée Elie Saab.
-Michelle Williams, robe rouge corail de Louis Vuitton en succession de plis horizontaux.
-Natalie Portman en Dior vintage (années 50 ?) rouge à pois.
OK
-Jennifer Lopez, robe plissé soleil blanc cassé, décolleté, Zuhair Murad.
-Emma Stone en Giambatista Valli, robe droite plissée avec gros noeud autour du cou.
-Penelope Cruz en robe bleu Armani privé..
-Meryl Streep, en Lanvin, robe dorée et drapée.
-Cameron Diaz en Gucci, robe blanc crème et bijoux Tiffany.
Non
-Stacey Kleiber, petite amie de George Clooney, en Marchesa, robe dorée au drapé « floral » trop volumineux, démodé.
-Jessica Chastain en robe Mac Queen surchargée de fils dorés.
And the winner is ? Oscar
lire le billet
Le monde de la mode bruisse de changements et de retours. Hier, c’était celui, probable, de Jil Sander dans sa maison. Aujourd’hui, est annoncée l’arrivée d’Hedi Slimane chez Yves Saint Laurent (source AFP à confirmer avec une annonce officielle).
En 1996 le créateur avait fait des débuts très remarqués chez Yves Saint Laurent avec ses collections pour homme. Sa silhouette sharp, slim, a ensuite beaucoup influencé la mode masculine. A partir de 2000, Hedi Slimane prit les rennes de Dior Homme en continuant le même esprit et faisant souffler son style jusqu’aux parfums (sa vision de l’homme avec les campagnes de publicité). En 2007, il quitte Dior. La suite de sa carrière s’est continuée avec différents projets dont la photographie, mais pas en tant que créateur de mode.
Chez Yves Saint Laurent, depuis le départ du fondateur, se sont succédés d’abord Alber Elbaz quelques saisons ensuite Tom Ford et enfin Stefano Pilati qui va présenter sa collection de l’automne-hiver la semaine prochaine. Avec Chanel et Dior, la maison Saint Laurent a une notoriété mondiale, mais des trois glorieuses, elle est celle dont l’aura, en mode, ne brille plus vraiment aujourd’hui. Si l’arrivée d’Hedi Slimane est confirmée, cela ne pourra que susciter l’intérêt des fashionistas. Si son style masculin fut adopté par des femmes cultivant les looks androgynes, il sera intéressant de découvrir sa vision d’une mode au féminin.
lire le billet
Créateur belge de la deuxième génération, Raf Simons a créé sa marque en 1995 en débutant avec des collections masculines. Tout en continuant son aventure personnelle, il est devenu le directeur artistique de Jil Sander à partir de 2005. Il a fait pour la marque un travail remarquable en termes de création et aussi avec de très belles campagnes publicitaires ainsi celle du printemps-été 2012 aux allures cinématographiques et aux accents quasi surréalistes. Le créateur vient d’annoncer à Milan son départ de la maison Jil Sander après le défilé de la collection automne-hiver 2012. Si les yeux de la mode sont rivés sur cette annonce, c’est que Raf Simons est un des grands favoris de la rumeur (après les attentes autour du nom de Mac Jacobs) autour de la succession très attendue de John Galliano chez Dior). Le créateur belge est donc libre aujourd’hui …
Quant à la marque Jil Sander, on parle à nouveau du retour de la fondatrice ! Jil Sander avait créé sa maison en 1968 dans un esprit chic et minimaliste. Pionnière en affaires, elle fit coter sa maison à la bourse de Francfort. En 1999, Prada acheta 75% de la société et Jil Sander quitta ensuite sa maison suite à des différends avec les dirigeants de Prada. Elle refit un bref passage en 2003 ; ensuite Raf Simons fut nommé à partir de 2005. Après avoir appartenu à un fonds d’investissement britannique, Change Capital Partners, la marque a été rachetée en 2008 par Onward. La créatrice allemande, âgée de près de 70 ans, a lancé sa société de consultants et a travaillé quelques saisons pour les collections d’Uniqlo au Japon.
A suivre…
lire le billet
Editeur de parfums, Frédéric Malle a eu une très belle idée en imaginant éditer des parfums dans le respect du travail de ses auteurs via une collection d’inédits originaux. C’est en 2000 que sa maison a été créée (deux boutiques à Paris et un espace au Printemps notamment) et que s’y découvrent des pépites. Aujourd’hui sort, accompagné d’illustrations, « De l’Art du Parfum », un livre contant ses parfums
Parmi mes préférés, figure l’exquis Géranium pour monsieur de Dominique Ropion aux senteurs de géranium et à la saveur de menthe. Un coeur géranium de Chine, du rodinol (produit extrait du géranium), de la menthe obtenue par distillation moléculaire, une extraction de cannelle,… des ingrédients issus de technologies de pointe pour une composition étourdissante et originale. Avec Carnal Flower Dominique Ropion réinterprète la tubéreuse. Pour Frédéric Malle, travailler une tubéreuse, c’était revisiter Fracas (somptueuse création de Germaine Cellier en 1948) et « s’attaquer à cet Annapurna de la parfumerie » ; le pari est magnifiquement tenu.
Une rose d’Edouard Fléchier se distingue joliment dans un parterre souvent encombré de cette fleur, une des deux reines (avec le jasmin) de la parfumerie. Sa version subjugue par un je ne sais quoi et une sensualité particulière. La clef de son originalité ? L’association à une nouvelle rose turque obtenue par distillation moléculaire d’une note truffe du Périgord, à « l’aspect mi-terreux, mi-animal ».
Jean-Claude Ellena, aujourd’hui parfumeur pour Hermès, a signé un très beau et subtil Angéliques sous la pluie ou encore L’eau d’hiver, sur le principe, paradoxal dans les repères de la parfumerie, d’une « eau chaude ».
D’autres auteurs de renom figurent au catalogue : Pierre Bourdon, Olivia Giacobetti, Maurice Roucel, Edmond Roudnitska, Michel Roudnitska et Ralf Schwieger.
Accompagnant le texte de Frédéric Malle racontant « ses » parfums et le travail avec les nez, une préface de Catherine Deneuve et des illustrations de Konstantin Kakanias.
Un bel ouvrage pour une parfumerie d’exception.
lire le billet
Pas de nom, une forme quasi aléatoire, c’est le nouveau parfum de Comme des garçons. La marque japonaise dont les collections de mode sont imaginées par sa fondatrice, Rei Kawakubo, construit en parfumerie une marque atypique et créative avec la collaboration artistique de Christian Astuguevieille. Après un premier parfum très subtilement épicé en 1994, le 2 (odeur d’encre) et ensuite des collections : Red, Leaves, ou aussi l’incroyable collection Synthetic avec notamment une odeur de garage et de nettoyage à sec. Quelques numéros (Odeur 53, Odeur 71, 8,88…), White, Wonderwood, Play,…
Aujourd’hui le petit dernier n’a pas de nom particulier. Son flacon, autour d’une vague forme de poire, est loin d’être parfait, il serait quasiment rejeté pour ses imperfections (bulles dans le verre). Mais n‘est-ce pas ainsi un écho à une notion de l’esthétique japonaise de la perfection de l’imperfection et à ce que Comme des garçons a réussi à imprimer à l’histoire de la mode ? Signée Antoine Lie et Antoine Maisondieu, la fragrance mêle des éléments traditionnels de la parfumerie à des notions évocatrices d’odeurs du quotidien. Aldéhydes, oxydes de fleurs, safraleine (odeur de safran), lilas, senteurs de colle industrielle, ruban adhésif (marron), styrax, musc blanc… Un côté métallique dû aux aldéhydes signe cette fragrance heureusement inclassable avec son odeur de « fleur de « scotch » (pas l’alcool, mais l’adhésif) à l’écart des sentiers (re)battus de la parfumerie.
Artiste d’origine anglaise, Katerina Jebb a imaginé un petit film vidéo autour du flacon, plongée au coeur du verre.
lire le billet
Grande photographe de mode, mais aussi de publicité, Dominique Issermann a eu un coup de coeur pour un lieu extraordinaire, les thermes de Vals, architecture de pierre (gneiss), oeuvre de Peter Zumthor (Prix Pritzker 2009). Pendant trois jours, elle y a photographié Laetitia Casta en toute liberté. La magie du lieu transparaît dans les jeux d’ombre et de lumière tandis que le corps de Laetitia Casta esquisse en courbes ses formes féminines semées d’eau. Une main se pose en ombre chinoise, un grand pan de mur redessine un outrenoir à la Soulages d’où surgit le corps de l’actrice…
En 1987 Dominique Issermann avait déjà travaillé avec Anne Rohart au Château de Maisons-Laffitte dans le même esprit : unité de lieu, un seul modèle et, à l’époque, juste un drap.
25 ans plus tard, nouvel opus (Dominique Issermann annonce une trilogie) avec une série de 33 photos réunies dans un ouvrage et une exposition à la MEP sans oublier un petit film réalisé à partir de l’Iphone de la photographe au moment de l’impression du livre.
Editions Xaviel Barral et exposition jusqu’au 25 mars.
lire le billet
Décidément sur tous les fronts, passant de la haute couture Chanel aux photos de la lingerie de Zahia, Karl Lagerfeld est, aujourd’hui 7 février, le rédacteur en chef du journal Métro et n’a pas hésité à distribuer le gratuit… Déjà un collector.
lire le billet
Régine c’est une voix, des boîtes de nuit, des chansons, des boas, des parfums… Des nuits plus belles que les jours.
Samedi, elle mettait aux enchères au profit de son association SOS Habitat et soins une partie de sa garde-robe : tenues de soirées, photos, robes de scène, accessoires (bijoux, sacs…) et vie au quotidien.
Reflet des goûts de sa propriétaire, la collection est aussi le miroir d’une époque avec les imprimés Ungaro de modèles très épaulés (trop pour aujourd’hui, malgré ses réinterprétations chez Margiela ou Alexandre Vauthier), mais aussi la simplicité de la maille de Sonia Rykiel ou encore les robes noires d’Alaïa, intemporelles.
Régine avait choisi d’assister à la vente (Tajan) de ses souvenirs et n’a pas hésité à ajouter précisions et commentaires, animant la salle. Là une robe qui fut une tenue de mariage (Lolita Lempicka) ; là des réflexions sur les prix originels ou encore des explications sur des vêtements en peau cousus par des tribus indiennes (Gossamer Wings) et puis allant jusqu’à racheter des bijoux pour une nièce.
Parmi les belles pièces : un modèle créé par Ted Lapidus en s’inspirant d’Erté pour un fourreau de velours noir avec une manche en dégradé de plumes roses avec son bibi de Christian Lacroix, 650€.
Un robe en jersey Pucci à l’étonnant imprimé graphique urbain, 450€.
Une très originale tunique de Dior rebrodée (Lesage précise Régine) d’un curieux motif de théâtre et masque, 300€.
Parmi les fourrures : veste châle en renard blanc à volume de Dior, 550€ ; une zibeline, 4.000€ et un très beau manteau de renard bleu à effet tacheté de noir, Frédéric Castet pour Dior, 700€.
Mais ce sont les accessoires, sacs et bijoux griffés Chanel, Vuitton, Dior, Lacroix… qui ont eux eu le plus d‘amateurs.
Une vente d’un montant de 41.000€.
lire le billet
Swinguent les sixties et passe un joyeux vent rétro sur la vente d’une collection de vêtements de Paco Rabanne orchestrée par Artcurial et sous l’expertise de Pénélope Blanckaert. La vente réunit une curieuse collection de deux passionnés en Argentine qui ont formé le Grupo Accion Intrumental en 1968 et ont acheté pendant des décennies vêtements et prototypes de Paco Rabanne pour leurs spectacles. La variété des matériaux choisis hors champ de la mode par celui que Coco Chanel appelait le métallurgiste est représentée par métaux, papier, vinyle, plastiques, rhodoïd… Les tenues complétaient l’extravagance des spectacles qui jetaient des ponts avec les arts ainsi Welt O Du en hommage à l’oeuvre de Kurt Schwitters ; Arposophie pour Jean Arp et Sophie Taeuber ; La femme 100 têtes (Max Ernst) ; Take it easy but take it (John Cage et Jasper Johns)…
La vente a permis de découvrir des pièces assez incroyables et extravagantes. Si de nombreuses tenues rappelaient les créations les plus connues, faites d’anneaux de métal ou de plastique, d’autres étaient plus curieuses avec une inspiration Renaissance avec des volumes, des volants; loin de l’esthétique originelle des sixties.
Vendue le 31 janvier la collection a vu quelques pièces s’envoler notamment une petite robe mêlant les codes Paco Rabanne d’assemblage de pièces de métal… avec un bas de robe composé de boas de plumes de couleurs, vives. Figuraient de nombreux accessoires dont des chapeaux créés par Jean Barthet, Jacques le Corre et une collection de masques reproduisant des éléments de visage en plastique, moules énigmatiques (de quoi inspirer les Anonymous et oublier Guy Fawkes).
-Robe pastilles métal et plumes de cygne. 10.000€. (voir ci-haut)
Longue robe du soir, motifs entremêlés et rebrodés de fils de lurex et cabochons de verre. 6.900€
Robe en perles de bois 4.900€
Mini robe dos nu en plaques de métal, 4.000€
Gilet plastron en plaques de pvc 3.900€
Robe d’hôtesse mais avec des navettes en métal noir et des pastilles métalliques blanches ; coiffe assortie 3700€
Collier plastron en métal et goulots de bouteilles Vichy sait yorre, 3.100€
Tunique gilet en pastilles vinyle, jaune et vert. 2.700€
Combinaison short en pastilles de rhodoïd. 1.400€
Robe bustier (1988) avec fleurs en mousse plus accessoires 1.300€.
Un masque en PVC découpé 1.100€
Une vente curieuse et intéressante dans le contexte où la marque Paco Rabanne est revenue sur le devant de la scène de la mode avec les premières créations de Manish Arora pour ce printemps–été.
lire le billet