Autour de l’idée de recyclage, une des soeurs Fendi (Ilaria Venturini Fendi) a lancé sa marque Carmina Campus en 2006. Le label Re(f)use donne une seconde chance à des objets, des matières délaissées, vouées à la destruction. Un recyclage de luxe transforme en bijoux, objets de décoration, les rebuts de la consommation. Des colliers en assemblage de montres, du mobilier en carcasse de pneus, des chaises avec de vieilles horloges, des chandeliers en tuyaux de gaz, une table avec de vieux vinyles en plateaux…
La marque est née en 2006 autour de sacs, bijoux et mobilier en réaction au gaspillage et dans un souci d’écologie. Créer sans détruire, refuser la consommation excessive et donner une nouvelle vie aux objets. Pas de collections inscrites dans le temps (les saisons de la mode !), mais des produits sans durée de vie définie. S’ajoutent des phrases écrites sur les sacs pour prendre conscience de différents problèmes (par exemple l’eau potable dans le monde). Un site internet et une boutique à Rome montrent les propositions des collections produites entièrement en Italie à l‘exception d’un ligne de sacs fabriqués en Afrique et en collaboration avec International Trade Centre. Des morceaux de tissus africains sont intégrés en détail coloré. De simples cabas affichent des phrases et un mot d’ordre : « Not charity, just work. »
Un seul bémol, les prix élevés. Si les éléments proviennent de récupération, de recyclage, la main d’oeuvre, elle, artisanale, demeure le paramètre incompressible.
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Inspirée par le Cirque du soleil, la marque Desigual propose une collection de mode. Disponibles dans les boutiques en décembre, 60 modèles reprennent, en clin d’oeil, un morceau de tissu original d’un costume du Cirque du soleil. La collection est essentiellement féminine, mais avec des tee-shirts pour homme et quelques vêtements enfants.
Créée en 1984 en Espagne, la marque Desigual a su créer une identité forte avec des propositions d’imprimés originaux aux couleurs vives et dans un esprit joyeux et optimiste. Avatars de motifs orientaux (souvent des « japonaiseries »), inspirations ethniques s’expriment dans une farandole de couleurs pop. Avec aujourd’hui 8.000 points de vente et près de 3.000 personnes, la marque affiche une croissance de 50% par an.
Le Cirque du soleil a aussi débuté en 1984 au Canada et s’est vite fait connaître pour ses spectacles incroyables et novateurs qui ont redynamisé la perception vieillissante du cirque.
Un co-branding particulièrement réussi entre deux mondes qui ont en commun un même code de fantaisie et un goût pour la couleur.
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Sublime Liz Taylor. Si elle a magnifiquement traversé le cinéma, elle a aussi attaché son nom à plusieurs mariages et à une collection de bijoux incroyables qui viennent d’être mis en vente par Christie’s à New York. Déjà légendaire, la vente affiche des prix records pour de nombreuses pièces qui, en plus de leur qualité de joaillerie, ajoutent aux bijoux la légende d’une des grandes stars américaines.
Catalogues et vente en ligne sur internet pour les bijoux, la mode et les souvenirs de tournage, du 13 au 16 décembre (et une vente de tableaux à venir en février).
Reflets dans un oeil d’or pour « The Collection of Elizabeth Taylor. The Legendary Jewels Evening Sale » qui a atteint la somme de 115,932,000$. 24 des 80 bijoux proposés ont dépassé le million de dollars tandis que six bijoux dépassaient les 5 millions de dollars.
-La Peregrina, perle du XVIe siècle a atteint un record de 11,842,500€. Richard Burton l’avait acheté dans une vente aux enchères pour 37.000$ et l’avait offert à Liz en 1969 ; la star avait ensuite fait dessiner un collier chez Cartier avec des rubis et diamants. Découverte en 1500 dans le golfe de Panama, la perle en forme de poire appartint à la couronne d’Espagne. Philippe II l’offrit à son épouse, Mary Tudor. Au XVIIè siècle Vélasquez la peignit, portée par la reine d’Espagne.
-Une bague en diamant de 33.19 carats, cadeau de Richard Burton en 1968, fut vendue 8,818,500$. Rebaptisé le Elizabeth Taylor diamond, il inspirait l’actrice : « My ring gives me the strangest feeling for beauty. With its sparks of red and white and blue and purple, and on and on, really, it sort of hums with its own beauty life ».
-Une parure en diamants et émeraudes, un bijou Bulgari, cadeau de Richard Burton, fut vendu 6,130,500$ pour le collier. L’acteur disait avec humour que le seul mot que Liz connaissait en italien était Bulgari. Il ajoutait que s’il avait appris la bière à Liz, elle lui avait enseigné Bulgari.
-Taj Mahal Diamond. Pierre précieuse donnée par Nur Hjahn à son fils qui devint l’empereur Shah Jahan, le diamant en forme de coeur fut donné à son épouse pour qui il fit construire le Taj Mahal. Furent ajoutés une chaîne en or et des rubis par Cartier, un cadeau de Richard Burton pour les 40 ans de Liz en 1972. Le pendentif fut vendu 8,118,500$.
Furent aussi vendus des bijoux Van Cleef que la maison avait montré lors d’une exposition avant la vente de Christie’s. Ainsi une bague en diamants, rubis et or jaune, un clip transformable en pendentif, des boucles en corail, diamants et or jaune.
Une lithographie signée d’Andy Warhol : « To Elizabeth with much love » fut adjugée 662,500$.
Pour la mode, les robes de Liz Taylor se taillèrent aussi un joli succès.
-Une robe du soir de Dior argent, avec son sac. 362, 500$ par un musée américain.
-Une robe du soir de Chanel avec cape, sac et chaussures. 134,500$.
-« The face » de 1992, une veste de Versace avec, brodés en paillettes, des portraits de Liz dans des rôles mythiques dont Cléopâtre. Une veste portée à un concert à Wembley en hommage à Freddie Mercury au profit de la lute contre le SIDA. 128,500$.
-Une cape Scorpio réalisée pour un bal à Monaco sur le thème des scorpions (signe du zodiaque), créée par Tiziani (assistant de Karl Lagerfeld). 60.000$.
-Une robe de Cléopâtre créée par Irène Sharaff, vendue 62,500$.
-De Givenchy une robe du soir et un sac Valentino. 7.500$.
Les quatre jours de vente de la collection Liz Taylor par Christie’s ont totalisé 156.8 millions de $ réunis au profit du Trust Liz Taylor qui en reversera une partie à la lutte contre le sida.
Avec des estimations parfois multipliées par 450, cette vente historique constitue la plus importante en joaillerie ainsi qu’en collection de mode privée.
Une vente star.
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Duo « ultra-manche » et « puzzulaire » (deux jolis néologismes), Aganovich (Nana Aganovich et Brooke Taylor) présente sa quincaillerie. En hommage à ce lieu quotidien, « musée du banal », dont les deux créateurs voient l’inéluctable perdition, ils lui ont imaginé une nouvelle vie « exotique ». L’idée de quincaillerie prolonge aussi leur collection de l‘automne-hiver 2011 inspirée du bleu de travail et dédiée aux variations sur cette couleur dans un esprit puzzle et géométrique.
Sur facebook, le groupe de la quincaillerie d’Aganovich multiplie les interventions loufoques, les propositions d’images, de trouvailles dans un grand bazar.
Le week-end du 10 décembre, ils ont ouvert un pop up shop dans un garage de la rue des archives. Cette gentille subversion d’un lieu automobile a mélangé des vêtements de la collection d’hiver (dans des cartons, sur des cintres…) et aussi des pièces intemporelles du quotidien dans un esprit quincaillerie : verres Duralex, canifs Opinel…
Si les pop up sont dans l’air du temps, celui ci ajoute humour et culture.
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S’il avait déjà lancé une marque il y a quelques années, John Malkovich revient aujourd’hui dans la mode avec « technobohemian », un néologisme unissant, sauce anglaise, la notion de techno (dans le sens de technologique) et bohemian dans le sens de bohême. L’acteur a découvert ce terme dans un roman italien (non publié) et a demandé à l’auteur ( ?) l’autorisation de l’utiliser.
Essentiellement made in Italy (sauf le denim au Japon), la collection propose des vestes, pantalons, chemises et quelques accessoires dans un style chic et décontracté.
L’acteur a dessiné les croquis et choisi les tissus de fabrication des modèles qu’il porte.
S’ajoutent quelques produits de l’artisanat italien de Toscane et un peu de cuisine. Dans le dossier de presse, l’acteur explique : « J’aime l’Italie, c’est maintenant ma deuxième maison. Avec l’Opificio JM qui porte mes initiales, j’ai voulu rassembler le meilleur de la tradition de la Toscane que je souhaite promouvoir dans le monde. N’est-ce pas une très belle idée ». Un concept store éphémère (du 5 au 24 décembre) abrite la nouvelle collection à Paris : Opificio JM, dans le show room °°°by, 14 Rue d’Uzès, un nouveau lieu qui proposera des ventes éphémères
Bohêmes du nouveau millénaire engagés dans un monde de technologie, rendez-vous jusqu’au 24 décembre pour être Dans la peau de John Malkovich. L’acteur et metteur en scène sera au Théâtre de L’Atelier en janvier pour une adaptation des Liaisons dangereuses.
Photos 1 Alessandro Moggi 2 et 3 Sandro Miller
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Le Musée des arts décoratifs de Paris rend hommage à un des créateurs majeurs de la scène contemporaine : Hussein Chalayan.
Elevé entre deux cultures, Hussein Chalayan hybride deux mondes : son île natale de Chypre et la Grande-Bretagne où il a étudié à la Saint Martin’s School. S’il a commencé par défiler à Londres, c’est à Paris qu’il présente ses collections depuis plusieurs années. Si tous les professionnels s’accordent à reconnaître son indéniable talent, le grand public ne le connaît pas vraiment. L’exposition parisienne permettra peut-être d’élargir son audience.
Pas dans un banal registre de séduction, mais appartenant à une famille plus radicale et audacieuse, il s’apparente à ceux qui font avancer la mode, qui lui insufflent un salutaire air nouveau. Si sa création s’approche aussi parfois du concept, du design, de l’architecture dans des défilés qui n’hésitent pas à intégrer les technologies les plus pointues (parfois spectaculaires), il ne perd jamais de vue la notion de vêtement. Ses modèles demeurent pour la plupart portables, même si toujours est sous-jacente une profonde réflexion du créateur que ce soit d’ordre philosophique ou un regard posé sur la société, les problèmes du monde… Son déracinement se traduit par des références aux exilés avec des collections pour nomades perpétuels. Une collection rouge et se trame la mémoire d’une couleur symbolisant le sang des morts de guerre. L’ethnicité se dessine avec le passage d’une robe turque traditionnelle et ses avatars pour devenir occidentale…
Collections choisies au fil de l’exposition.
-Buried dress (1995). Sa collection de fin d’études avec des tissus enterrés.
-Airmail dress (1999). Sa première collection commerciale avec des modèles de robes qui se plient comme une enveloppe (en tyvek).
-Between (1998). Des mannequins nus, d’autres masqués (forme d’oeuf) et des tchadors de longueurs différentes, un manifeste et un événement dans l’histoire de la mode.
-Before Minus Now (2000). Autour des forces : vent, magnétisme, érosion. Les vêtements se métamorphosent.
-Inertia (2009). Après la vitesse, le crash et ses conséquences.
-Readings (2008). A partir d’anciens cultes solaires, l’effet de rayons lasers sur des vêtements.
-Earthbound (2009). Fusion entre mode et architecture avec des imprimés béton, bitume, échafaudages…
-Sakoku (Printemps été 2011, en film). Autour de l’idée de pays fermé (le cas de l’archipel japonais très longtemps) avec des tissus transparents comme des shojis, mais dans des couleurs de kabuki.
-Kaikoku (Automne-hiver 2011). Hybridation, le pays s’est ouvert (comme le Japon) avec des motifs orientaux et des structures occidentales.
La scénographie est signée Block Architecture. Si le contenu est assez extraordinaire, il aurait eu besoin d’espace et il est difficile de créer un univers particulier dans un décor de vitrines aussi présent que les salles des arts déco dévolues à la mode ; seul bémol à l’exposition.
Musée des Arts décoratifs de Paris. A voir jusqu’au 11 décembre.
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Fleuron de la couture, la broderie a longtemps brillé en France autour du nom de François Lesage qui vient aujourd’hui de disparaître à l’âge de 82 ans. Quasiment né dans la broderie (il n’a jamais imaginé un destin autre), il a perpétué une maison familiale (reprise en 1949 après le décès de son père) qui oeuvrait pour Vionnet, Schiaparelli….
Le maître d’art (il reçut ce titre en novembre dernier) a multiplié les collaborations les plus extraordinaires avec les plus grandes maisons et a aussi ouvert en 1992 une école de broderie ouverte à tous pour perpétuer la formation de nouveaux artisans.
Il a composé les plus remarquables broderies pour Yves Saint Laurent. Comment oublier les somptueuses réalisations en hommage à l’art que ce soit les réinterprétations d’oeuvres de Van Gogh ou Braque. François Lesage parlait des iris de Van Gogh comme de la broderie qui avait nécessité le plus de temps (plusieurs centaines d’heures de travail).
Pour Chanel, il a imaginé, sur une demande de Karl Lagerfeld en 1982, un écho aux fameux paravents en laque de Coromandel.
Il appréciait aussi beaucoup Christian Lacroix qu’il considérait comme un filleul et qu’il avait rencontré chez Patou et pour qui il créait chaque saison.
Son intérêt s’est aussi porté sur des talents plus jeunes : Frank Sorbier ou récemment Anne Valérie Hash.
Techniquement, il ne s’est pas limité aux techniques anciennes et a osé des innovations comme le brûlé (une technique au chalumeau pour enlever l’impression de neuf) ou encore le mouillé, jouant aussi de l’endroit et de l’envers.
En 2002 sa maison a intégré le giron de Chanel (dans une belle démarche pour maintenir les artisanats les plus précieux gravitant autour de la couture et regroupés « Paraffection »).
Et si son nom reste attaché aux grandes maisons, il a aussi accompagné de jeunes créateurs ; il suivait avec attention le travail des nouveaux venus, n’hésitant jamais à venir discrètement regarder les défilés, toujours avec une grande discrétion et une incomparable gentillesse.
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