Le Musée des arts décoratifs de Paris rend hommage à un des créateurs majeurs de la scène contemporaine : Hussein Chalayan.
Elevé entre deux cultures, Hussein Chalayan hybride deux mondes : son île natale de Chypre et la Grande-Bretagne où il a étudié à la Saint Martin’s School. S’il a commencé par défiler à Londres, c’est à Paris qu’il présente ses collections depuis plusieurs années. Si tous les professionnels s’accordent à reconnaître son indéniable talent, le grand public ne le connaît pas vraiment. L’exposition parisienne permettra peut-être d’élargir son audience.
Pas dans un banal registre de séduction, mais appartenant à une famille plus radicale et audacieuse, il s’apparente à ceux qui font avancer la mode, qui lui insufflent un salutaire air nouveau. Si sa création s’approche aussi parfois du concept, du design, de l’architecture dans des défilés qui n’hésitent pas à intégrer les technologies les plus pointues (parfois spectaculaires), il ne perd jamais de vue la notion de vêtement. Ses modèles demeurent pour la plupart portables, même si toujours est sous-jacente une profonde réflexion du créateur que ce soit d’ordre philosophique ou un regard posé sur la société, les problèmes du monde… Son déracinement se traduit par des références aux exilés avec des collections pour nomades perpétuels. Une collection rouge et se trame la mémoire d’une couleur symbolisant le sang des morts de guerre. L’ethnicité se dessine avec le passage d’une robe turque traditionnelle et ses avatars pour devenir occidentale…
Collections choisies au fil de l’exposition.
-Buried dress (1995). Sa collection de fin d’études avec des tissus enterrés.
-Airmail dress (1999). Sa première collection commerciale avec des modèles de robes qui se plient comme une enveloppe (en tyvek).
-Between (1998). Des mannequins nus, d’autres masqués (forme d’oeuf) et des tchadors de longueurs différentes, un manifeste et un événement dans l’histoire de la mode.
-Before Minus Now (2000). Autour des forces : vent, magnétisme, érosion. Les vêtements se métamorphosent.
-Inertia (2009). Après la vitesse, le crash et ses conséquences.
-Readings (2008). A partir d’anciens cultes solaires, l’effet de rayons lasers sur des vêtements.
-Earthbound (2009). Fusion entre mode et architecture avec des imprimés béton, bitume, échafaudages…
-Sakoku (Printemps été 2011, en film). Autour de l’idée de pays fermé (le cas de l’archipel japonais très longtemps) avec des tissus transparents comme des shojis, mais dans des couleurs de kabuki.
-Kaikoku (Automne-hiver 2011). Hybridation, le pays s’est ouvert (comme le Japon) avec des motifs orientaux et des structures occidentales.
La scénographie est signée Block Architecture. Si le contenu est assez extraordinaire, il aurait eu besoin d’espace et il est difficile de créer un univers particulier dans un décor de vitrines aussi présent que les salles des arts déco dévolues à la mode ; seul bémol à l’exposition.
Musée des Arts décoratifs de Paris. A voir jusqu’au 11 décembre.