Le suspense sans l’honneur ? L’honneur pour demain ?

Ironie du sort. On commençait à s’impatienter devant le duel entre Alberto Contador et Andy Schleck. Hier, dans l’étape qui menait à Ax 3 Domaines, on les a vus se regarder comme deux pistards, sans qu’aucun n’ose attaquer sérieusement l’autre. Contador, en challenger , n’a pas osé y aller, Schleck s’est maintenu à ses côtés. Etonnant ballet : Contador est favori, mais craint Schleck dans la montagne ; Schleck avait le maillot jaune, mais restait challenger, en besoin d’écarts, pour pallier sa faiblesse en contre-la-montre. Bilan : rien.

S’il n’y a rien eu hier, entre ces deux-ci (mais la belle victoire de Riblon, qui en a profité), c’est surtout qu’il y a ces journées d’après. Dont l’étape d’aujourd’hui, avec son Port de Balès qui faisait mal. ON redoutait un scenario identique, Schleck retsant dans la roue de Contador, en contrôle. On attendait une éventuelle attaque du maillot jaune, qui a le devoir de le faire à un moment. Et elle a eu lieu ! Schleck a bouffé l’espagnol, sur quelques mêtres, et montré son potentiel de grimpe. Mais vlan. Coup du sort : la chaine se brise, et alors qu’il allait sans doute manger des secondes, précieuses, il a perdu le maillot. Ce que c’est, aussi, de rouler avec un groupe SRAM (belle pub pour le fournisseur de Saxo Bank !).

Bilan final : 8 secondes d’écart entre les deux, un nano-mouchoir de poche, et changement de maillot. Énervement probable de Schleck, qui doit être fou ; galvanisation de l’équipe Astana, qui va se mettre en position de défense du maillot. La stratégie se clarifie : Schleck va être obligé d’attaquer, à l’aller ou au retour du Tourmalet, pour creuser un écart important (la minute semble presque nécessaire, vu le profil du contre la montre). Seul gros hic : son équipe. Les Astana vont mener un train d’enfer, et il sera très dur pour Schleck d’en sortir, avec une équipe Saxo Bank bien en peine de lui filer un coup de main sérieux. Voilà du suspense donc. Pour le panache, on repassera : Contador a failli perdre le tour aujourd’hui, et se rattrape au vol sur un ennui mécanique. Schleck a montré de vraies qualités de stratège, et on en redemande. Leur duel sera-t-il celui du jeune challenger contre l’affreux ? On sait qui gagne, dans ces cas.

Grande inconnue : le jour de l’attaque. Demain, c’est chaud. Et après-demain, aussi. Dans les deux cas, le premier col sera majeur : Tourmalet demain, Soulor jeudi. Les deux sont des monstres, et ont un autre montre en ligne de mire. Ca suppose une chose : une attaque franche, une prise de distance, et un travail en solo de Schleck. On en rêve, ça aurait du panache. Mais sera-t-il assez fort ? Osera-t-il ?

(et le fera-t-il à l’eau claire, ou nous fera-t-il une petite Landis 2006 ? – spéciale dédicace à ceux qui parlèrent alors des plus belles heures du Tour)

Et sinon ?

Sinon, la joie française. Quatre coureurs qui gagnent, et avec la manière. Cinq victoires, dont trois sur des étapes de montagne qui tuent. Rien à dire : chapeau Voeckler ! Chapeau Riblon ! Chapeau Casar et Chavanel !

Et sinon ?

Sinon, on aimerait bien pouvoir disposer quelque part des temps de montée et d’analyses des puissances développées par ces patrons, quand même. Ca manque un peu. Quelque chose comme ça, mais rapidement après chaque étape.

2 commentaires pour “Le suspense sans l’honneur ? L’honneur pour demain ?”

  1. Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec la remarque sur SRAM.
    A priori, un saut de chaîne peut arriver sur n’importe quel groupement. D’ailleurs et c’est en ce sens que je trouve que la remarque est déplacée, Contador et Schleck disposent exactement du même matériel (Specialized Tarmac SL3, Sram Red LTE, roues Zipp) donc ce souci aurait pu statisitquement arriver à Contador autant qu’à Schleck.
    SRAM équipe plusieurs autres équipes qui n’ont pas eu de souci à ma connaissance.

    A mes yeux, un tel souci est plutôt causé par un élément extérieur ou d’expérience (cf : saut de chaine de Armstrong à Luz Ardiden en 2003 lors de sa remontée en furie) (et expérience perso) ou lors d’une attaque trop forte ou d’un changement de plateau sans relâcher suffisamment les pédales.
    Donc, blâmer le fabricant me semble un raccourci trop simple.

    Sinon, plus généralement, sur ce blog événementiel, je trouve le ton et le contenu super !
    J’avais pris plaisir à lire les quelques articles l’année dernière sur meilcour.fr
    Belle initiative donc.

  2. Bonjour. Sur SRAM, c’était ironique, et c’est clair que c’est quand même une mauvaise pub. Mais ces sauts de chaine, rares, dans des moments critiques, rappellent que même le meilleur matos est perfectible.

    Merci pour les encouragements 🙂

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