C’est parti !

Voilà un final de rêve.

Quatre étapes de Pyrénées, avec chacune un profil différent, et au centre des monstres, comme le Tourmalet ou l’Aubisque. Quatre jours suivis d’une bonne étape de sprint toute plate (qui mettra le peloton en ébullition : dernière chance de victoire pour un sprinteur avant les Champs-Elysées). Et, avant de rentrer à la maison, et de s’user dans le plus beau vélodrome du Monde, un grand classique : le contre la montre individuel, au milieu des plus grands vins qui se fassent (j’ai fait la reconnaissance de cette étape plusieurs fois, pour des raisons moins cyclistes).

Ca vaut le coup de faire le point, et de revenir sur ce début de tour.

Côté spectacle : ♥

Je me souviens de peu de tours avec autant de bonheur à le suivre. Ce n’est pas le classement général qui intéresse vraiment, mais tous les à-côtés. Même la médiocrité d’un favori comme Contador, qui désavoue son capitaine de route (Vinokourov) en allant grappiller quelques secondes, nous donne droit le lendemain à un réveil du vieux (37 ans), qui nous rappelle que le cycliste est fier.

Ce parcours a été idéal. Le début puisait dans les belles racines du Nord, patrie des baroudeurs et du mal partout des pavés. Les Alpes ont été finalement intéressantes, réservant leur lot de suspense, et montrant la vérité du classement général. On eu de beaux sprints, et des échappées qui ont réussi. Qui se plaint ? Personne, sauf ceux qui aimeraient avoir une vraie bataille collective pour le classement général.

Les Français :

On a eu des Français très actifs, et du succès. Ce tour confirme que Chavanel et Casar, chacun dans leur style, sont des bons costauds de leur génération. Trois victoires dans leur duel à distance, entre trentenaires du peloton, deux pour Chavanel, une pour Casar, chacune avec une belle dose de panache. Avance pour Chavanel : deux maillots jaunes gagnés, perdus le lendemain.

L’autre joie française, c’est ce duel amical pour le maillot à pois, entre Pineau et Charteau, qui est vraiment un magnifique exemple de bagarre et de fair-play. Ils sont vraiment joueurs, mais loyaux. On leur souhaite que l’un des deux finisse avec le maillot à Paris, même si les Pyrénées pourraient faire mal.

Ceux qui attendent un Français au classement général en sont pour leur frais. On ne joue pas dans la catégorie des Contador, Schleck et autres Sanchez et MEnchov ? Tant mieux ! On ne le leur reprochera jamais, tant ils font plaisir de vérité.

Le sprint :

On est arrivé dans ce tour avec des incertitudes : personne ne savait vraiment qui allait s’imposer comme patron du sprint, cette année. Cavendish avait fait une saison décevante, et aucun autre ne se détachait. Finalement, on a une belle bagarre : Cavendish contre Petacchi pour les victoires, et Hushovd qui la joue malin pour stabiliser un maillot vert. Raté à Revel : Hushovd est à deux points de Petacchi, et Cavendish encore en embuscade. En prime, la bagarre, la vraie, des méchants, avec ces désormais lagendaires coups de tête de Renshaw.

La montagne :

On attend encore la vraie montagne, celle qui provoquera le duel entre Schleck et Contador. Mais celle qui est passée a été belle. La Madeleine s’est rappelée à nos souvenirs. L’arrivée sur Morzine-Avoriaz a tenu ses promesses. Et le classement de meilleur grimpeur est l’objet d’un beau duel. Surtout, le gros nous attend, et il promet.

Les jeunes :

Ca manque un peu de révélations sympathiques, ce Tour. On a eu, dans des courses plus anciennes, de belles batailles pour le maillot blanc. Il y a bien Gesink, qui a plutôt le profil de coureur de classiques, et surprend à ce niveau, mais ça manque un peu de suspense. La bonne nouvelle, c’est l’irruption de trois Français, avec Gautier, El Fares et Rolland, qui sont une forme de relève.

Le général :

C’est un peu toujours la même chose : avant chaque tour, on fait monter le suspense. Armstrong viendra-t-il menacer Contador ? Où en sont Menchov, Sastre, Sanchez, Basso ? Schleck peut-il succéder à l’espagnol ? Plein de unes nous faisaient saliver devant une vraie bataille. La vérité, c’est que Contador est au-dessus du lot. Schleck représente une menace un peu virtuelle, concentrée sur la montagne, et à peu près aussi irréelle que celle de Contador : ils sourient trop dans la montagne pour être honnêtes. Au-dessus du lot, certes, mais pas vraiment en bagarre pour l’instant, comme si Schleck savait que c’était perdu, et s’accrochait à sa position de futur favori, tout en étant encore immature.

L’échec d’Armstrong était couru d’avance. Il a fait un mauvais début d’année, il est vieux. On en vient à se dire qu’il le fait exprès, pour asseoir son image de grand, que de venir courir sans gagner, pour se montrer humain. Je ne serais pas surpris qu’il se présente enfin aux élections, fort de cette histoire d’échec assumé, en 2012. Je m’en désintéresse pas mal, en fait, de la déchéance d’un ancien grand.

L’information :

On ne peut pas dire que regarder ce tour ait été une grande innovation, en termes de couverture médiatique. France Télévisions nous ressort exactement le même dispositif que les années précédentes, comme si son audience n’évoluait pas, que le Tour vivait hors de tout. Les commentaires en direct sont toujours aussi mous, partiaux ou mauvais, renseignent peu, et font penser à un système vieillissant, plus qu’à une véritable entreprise d’information. On est bien dans l’info-spectacle. Du coup, on va à l’étranger, ou en direct sur des infos de coureurs, pour trouver quelque chose. Mais c’est mou. Même sur twitter, où un bon paquet de coureurs s’expriment, on ne trouve pas grand chose à se mettre sous la dent.

Le Tour ne commence pas aujourd’hui. Il entame sa dernière semaine, la plus dure, assurément. Place au grand spectacle. On n’attend plus que du combat, du vrai.

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