Mais qui se soucie des gagnants ?

Il vous amuse, ce duel Contador-Shleck ? Moi oui.

Il vous fait rêver ? Moi non plus.

Ca tombe bien, ça fait longtemps que le général ne me fait plus vraiment rêver. J’ai vécu le règne sans fin d’Armstrong, les années qui puent, les perfs hors normes de Riis, de Pantani, de Landis, et les rires devant Oscar Pereiro. Le général, je l’ai délaissé depuis longtemps, dans le Tour ; ça fait trop longtemps qu’un leader ne m’a pas fait vibrer vraiment. Je garde un oeil amusé sur ces batailles, et je commente par habitude autant que par une sorte de goût nostalgique pour un passé idéalisé, mais au fond, je n’en ai pas grand chose à faire. Oh oui, je vibre, quand une attaque est placée au bon moment dans une ascension, oui je m’émeus d’un numéro. Mais de fait, Contador peut bien gagner, ce que j’attends, c’est du spectacle. Dont je sais qu’il est un peu faux.

Alors cette année, c’est plutôt drôle, et une forme de satisfaction. On peut aboutir aux champs avec un maillot jaune sans victoire d’étape, qui n’aura placé aucune attaque décisive dans aucune montagne. Juste maintenu le bon écart, et rattrapé un retard sur une chierie mécanique. Nul, honteux ? Non, le sport,  la compétition. Parfois, ce n’est pas la gloire. Parfois, les leaders n’ont pas de panache. Parfois, l’histoire ne s’écrit pas avec les patrons, mais les d euxièmes rôles.

Ici, ce seraient plutôt les autres. Armstrong qui en finit nous rappelle qu’il est un coureur avec un vélo, mais pas si terrible. Casar a repris sa tunique de Poulidor. Fédrigo a fait mouche, c’est un habitué, un spécialiste, et un sacré baroudeur. Il y a les loosers, aussi, ceux qui n’ont jamais perçé.

Prenez Andreas Klöden. Ce fut le dauphin d’Ullrich. Il est le sous-dauphin de Contador. Klöden, c’est l’espoir perpétuel, le mec qui a monté des tas de cols en ouvrant la voie à un patron, mais n’a jamais accédé au leadership. Pour un peu, je le verrais encore concourir cette année pour le meilleur jeune, alors qu’il a mon âge, 35 ans. Klöden, c’est Vinokourov, en plus jeune : un équipier des “grandes” équipes des années EPO. Pas franchement recommandables, pas éclatants, jamais leaders, mais toujours là, à se rappeler à votre bon souvenir (comme Vinokourov) ou pas (comme Klöden, absent).

Mais surtout, il y a les bonnes nouvelles, et les gagnants d’un jour. +1 ! Fédrigo s’ajoute à la liste des Français qui font bonne pioche. Fédrigo, c’est tout un cyclisme à la française. Un coureur complet, un tactique qui sait sentir une course d’un jour, et un fier. Pas un super grimpeur efflanqué, mais un malin, qui peut gagner une étape qui passe par le Tourmalet et l’Aubisque. Un vrai plaisir. Pour comprendre ce qu’est le cyclisme et Fédrigo, faut aller sur son site officiel. Ça donne, c’est le site officiel d’u ncoureur d’aujourd’hui, dans le peloton.

Y’a du vrai dans les petites histoires d’à côté. Du ridicule dans le duel au sommet. Mais au fond, qui s’en soucie ?

2 commentaires pour “Mais qui se soucie des gagnants ?”

  1. Bonjour Nicolas,
    Je découvre un peu tardivement ce blog qui s’autodétruira j’imagine aux alentours de 17h dimanche prochain. Dommage !
    Concernant Shleck-Contador, nous aurons demain une idée plus précise de l’histoire : duel manqué ou vrai duel ? Ma crainte étant que Shleck est trop “copain” avec Contador, ce respect affiché élime les crocs quand ceux-ci devraient être aiguisés.
    Quoi qu’il en soit, ce tour 2010 aura été plus intéressant du fait même de ce duel, après l’interminable période glacière de l’ère Armstrong et ces deux années con(quis)tadoriennes.
    Quant à la moralité des performances, c’est toujours le même débat : ne sachant rien mais imaginant le pire, nous en sommes réduits à regarder le spectacle en nous pinçant le nez.
    Ah oui, l’autre bonne nouvelle de ce tour 2010, c’est effectivement la renaissance du mollet français 🙂

  2. Il n’est jamais trop tard 🙂

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