Un slasher sachant slasher…

… Doit savoir slasher sans s’assoupir. Une règle de base que n’a pas su respecter Harper’s Island, qui débute ce soir sur W9. Un « slasher », kesako ? A l’origine, un film où un psychopathe (ou deux, ou trois, selon l’humeur) décime une bande de types quasi sans défenses (si possible dans l’ordre suivant : la blonde à gros seins, le Noir sympa, le dragueur, la bonne copine, etc.) à l’aide de multiples objets tranchants (d’où le terme « slasher », de l’anglais to slash, taillader, couper). Par exemple : Vendredi 13, Massacre à la tronçonneuse (les armes à moteur, tant qu’elles coupent, sont admises), et plus près de nous Scream et ses descendants Souviens toi l’été dernier ou Urban Legend.

L’ambition d’Harper’s Island était fort louable : nous refaire le coup du slasher en version télé, en appliquant une formule hautement mathématique : une série étant plus longue qu’un film, il faudra tuer plus de monde. A la manière d’un jeu de téléréalité, on en zigouillerait un par semaine. A priori, on était partant. A tort. Pas assez gore, pas assez glauque, pas assez sexe (une des autres règles du slasher, il faut coucher avant de mourir), Harper’s Island n’a surtout qu’un seul personnage pour qui trembler (une gentille fifille traumatisée par un tueur en série dans sa jeunesse). Ceux qui auront la patience de supporter 13 chapitres longuets, à forte inclinaison soap, truffés de répliques cul-cul et de meurtres même pas flippants auront le droit de savoir qui est le/la vilain(e) tueur(se). Et de se dire qu’un slasher sachant slasher doit savoir slasher et s’lâcher un peu pour qu’on s’y amuse…

P.S : Dans son dossier de presse de rentrée, W9 annonçait la diffusion de Harder Island. Les amateurs de porno seront déçus, il ne s’agissait que d’une erreur de frappe…

Harper’s Island, 20h35, W9.

lire le billet

Pas homo, pas bi, omni!

Mardi débute sur NRJ12 la troisième saison de Torchwood, bizarrerie britannique (presque un pléonasme) déclinée du très fameux Dr. Who, plus vieille série du royaume. Torchwood suit les enquêtes d’une poignée de chasseurs d’aliens, ici confrontée à une invasion d’extraterrestres décidés à enlever nos chères têtes blondes. Intelligente, particulièrement sombre pour une œuvre grand public, plutôt bien foutue malgré des moyens limités, Torchwood est aussi remarquable pour le choix de vie de son héros, le Capitaine Jack Harkness, immortel traqueur de bébêtes… omnisexuel.

Plus forts que les hétéros, les homos ou les bis, les omnisexuels apprécient la compagnie des femmes, des hommes, mais aussi des ET (ce qui semble difficilement faisable dans le monde réel). Derrière la fantaisie de cette sexualité, ce que Torchwood revendique, c’est la liberté totale de mœurs de ses héros.

Son créateur Russel T. Davies (père de Queer as Folk) et son acteur principal John Barrowman sont gays et sortis du placard depuis belle lurette. Dans un monde SF habituellement friand de héros machos, Harkness affiche dans cette troisième saison une homosexualité décomplexée, sans manières, en toute sobriété. Un manifeste discret, drôle et touchant, qui devrait plaire à toutes les femmes, les hommes et les aliens ouverts d’esprit.

Torchwood, saison 3, mardi 17 et mardi 24 à 20h40 sur NRJ12.

lire le billet

Vampires en série

On ne parle plus que ça: les vampires sont partout. Depuis Twilight, on en a fait le fin du fin, et transformé ce qui fut une métaphore sanglante de la sexualité en une recette miracle pour attirer les midinettes. Pourtant, cela fait quelques saisons déjà que les vampires font du bon boulot. True Blood, lancée l’an passé par Allan Ball, le créateur de Six Feet Under, en est le meilleur exemple. Ce samedi commence sur Orange Cinéma Séries une autre vraie réussite vampirique, Being Human.

Sans doute en partie pour se défaire de l’étiquette fashionable de «série de vampires», ces deux œuvres mélangent les genres. On croise ainsi dans True Blood un type capable de se transformer en chien, une demi déesse capable de contrôler les désirs sexuels de ceux qui l’entourent, une télépathe, etc. Côté Being Human, le vampire de l’histoire fait colloc’ avec un loup-garou et une fantôme. Ridicule? Bien au contraire.

En prenant leurs distances avec les conventions, True Blood et Being Human modernisent la figure du vampire et lui confèrent une profondeur dramatique unique, parfait mélange de bestialité sensuelle et de souffrance existentielle – voir ceux qu’on aime vieillir et mourir, quoi de plus tragique? Mieux, en faisant d’eux une classe sociale presque comme les autres, True Blood tisse une métaphore maline du racisme et de l’homophobie. Ça ne nous empêchera pas d’aimer les voir mordre une ou deux victimes, mais ça nous changera des bons vieux vampires.

Being Human, le samedi à 20h40 sur Orange Ciné novo.

lire le billet

Serial tués

dollhouseEt si on commençait par se plaindre? C’est de bon ton en ces temps obscurs, où l’on ne cesse d’annoncer la fin de «l’âge d’or des séries.» Donc, commençons par crier au scandale, et par jeter la télécommande aux «networks», autrement dit les grandes chaînes américaines (ABC, NBC, CBS, Fox et quelques autres).

Téva diffuse actuellement une série qui aurait du faire un carton. Dollhouse, c’est son nom, marquait l’an passé le retour aux affaires de Joss Whedon, créateur de Buffy contre les vampires. On allait voir ce qu’on allait voir. Et puis non. Ça n’a pas marché, le public n’a pas suivi et on donne peu cher de la vie de la série, qui devrait prendre la porte de la Fox d’ici la fin de sa seconde saison, en cours de diffusion outre-Atlantique.

Le problème, ce n’est pas que Whedon s’est troué. Le problème, c’est que les chaînes ont le chic ces jours-ci pour saborder leurs propres séries. Ainsi, la Fox a refusé le «pilote», le premier épisode écrit pas Whedon, pour forcer l’auteur à produire une ouverture fade à mourir, parfaite pour faire un four. Plus drôle encore, le meilleur des épisodes de la première saison de Dollhouse, le dernier, Epitaph one, n’a jamais été diffusé. On ne peut le voir que sur les DVD…

Les cas de «diffusions suicides» sont de plus en plus fréquent. Dernier cas en date, le remake de V, qui a commencé il y deux semaines sur ABC. Après quatre épisode, la série disparaitra de l’antenne jusqu’en… mars 2010. Même Lost aura droit à son mauvais traitement, puisque sa dernière saison sera coupée en deux par les Jeux Olympique d’Hiver. Changements de casting à la dernière minute, épisodes déplacés, programmation de séries aux sous-textes sombres en plein été (ex. The Philanthropist, de Tom Fontana, le créateur de Oz, qui n’a pas tenu le choc), c’est à croire que les networks ont trouvées LA parade pour se débarrasser de certains de leurs propres bébés.

Chez nous, Téva diffusera bien le treizième épisode de Dollhouse. Le hic, c’est qu’elle a opté pour notre version à nous de la diffusion sabordée : quatre épisodes d’un coup. Un coup à s’étrangler et à finir avec une vilaine indigestion, aussi séduisante soient les poupées de Joss Whedon…

Dollhouse, le jeudi à 20h35 sur Téva

lire le billet