La chaîne câblée américaine TNT a beau mettre le paquet pour faire monter la sauce autour de Falling Skies, la prochaine production (diffusée le 19 juin outre-Atlantique) télé de Steven Spielberg et Robert Rodat (scénariste de Il faut sauver le soldat Ryan mais aussi du Patriot), on la sent mal. Dès les premières photo de cette énième histoire d’invasion extraterrestre, un drôle de goût 80s’ nous traine dans la bouche, avec cette impression que Spielberg, nostalgique, veut revenir aux fondamentaux d’un genre qui a mal vécu le passage aux années 2000 et la « concurrence » des vilains terroristes, désormais grands méchants préférés de l’Amérique. La mise en ligne des 5 premières minutes de la série (voir en fin de post) n’a fait que confirmer cette impression. Pourtant, la première minute n’est pas complètement nulle. Faire raconter l’invasion par un enfant – en l’occurrence le fils du héros (Noah Wyle) – et la montrer à travers ses dessins hésitant n’est pas une si mauvaise idée. Elle permet en effet d’économiser un maximum côté budget, et est censé signifier l’horreur absolue avec un minimum de sang et de violence. Le grand public doit s’émouvoir de ce récit traumatique, du moins c’est ce qu’ont du prévoir les scénaristes. Seul souci : on ne flippe pas une seconde à entendre ce gamin raconter l’invasion, et on ne peut s’empêcher de l’imaginer en train de raconter tout ça sur les genoux de son grand-père, en quête d’un Werther’s Original. On comprend rapidement que le gamin est en séance de psychothérapie, et qu’on lui demande d’évacuer sa peur en racontant son histoire. Procédé totalement superficiel, puisqu’il consiste à transformer un récit émotionnel en exposition rationnelle de l’histoire, quand il eut suffit de faire de l’enfant un simple narrateur – procédé plus simple et plus efficace. Comme si ça ne suffisait pas, le gosse nous résume sa situation familiale (maman est morte) et nous offre une belle transition : « papa se bat. » Place à l’action. C’est là qu’on craignait le plus pour Falling Skies qui, comme toutes les séries d’extraterrestre, ne pourra jamais se la jouer Independance Day (question de moyens, tout simplement). Les bandes annonces laisser apercevoir une esthétique mille fois reprise, celle de Jeremiah et d’autres séries post apocalyptique : nuit, fumée, voitures en feu – ça crame combien de temps une carcasse de voiture ? – types barbus et crades en treillis et casquettes. A l’image, Noah Wyle – qui m’est personnellement sympathique, même si ses qualités d’acteurs sont contestables – et un de ses frères d’armes. Rapidement, on comprend qu’ils sont traqués par les aliens. Première faute de goût : les méchants utilisent un laser qui fait penser à celui de Predator. Deuxième faute de goût : coincés par les extraterrestres, nos héros assistent impuissant à l’enlèvement d’une de leurs amies. La série a commencées depuis à peine 3 minutes, et on voit déjà les bébêtes – des trucs arachnéens avec crane conique, dans la plus pure tradition de l’extraterrestre hollywoodien. Or, il est préférable de nous laisser imaginer un peu l’horrible envahisseur – déjà aperçu sur les dessins du gamin, de faire travailler notre imaginaire, et sa part cauchemardesque, avant de nous confronter à lui. Le reste est sans grand intérêt. On galope, on parle technologie, on nous fait comprendre que ces extraterrestres-là avaient sans doute la télé et le cinéma chez eux, car ils font tout comme ceux du cinoche : il massacres, ils bombardent, il enlèvent les enfants pour leur faire subir d’horrible opération (et en « prendre le contrôle »). Bref, ils sont tellement peu originaux qu’ils méritent la mort. La question à laquelle il faudra répondre après avoir vu le pilote, voire quelques épisodes, c’est : les survivants de leur attaque méritent-ils plus de vivre ? Image de Une : Falling Skies, TNT.