Depuis quelques temps, Ryan Murphy, le créateur de Glee, se déchaine contre ceux qui refusent de voir leur musique reprise dans sa série. Après Slash, le guitariste de Guns n’Roses, et Kings of Leon, c’est au tour des Foo Fighters de se… fighter avec l’ancien créateur de Nip/Tuck. Visiblement, Murphy n’aime pas qu’on s’oppose à sa volonté, encore moins qu’on critique, avec la délicatesse qu’on connaît aux rock stars, son œuvre. L’échange d’amabilités né de ces bisbilles est une chose. La défense de Murphy en est une autre…
Revenons d’abord sur les faits. L’an passé, pour justifier son refus de voir des morceaux de Guns repris dans Glee, Slash avait lâché « Glee est pire que Grease, et Grease était déjà assez naze. » On n’est pas obligé d’être d’accord, mais la réponse de Murphy laisse perplexe : « Généralement, la carrière de ceux qui font ce genre de commentaires est finie, et ce sont des types sous éduqués et stupides. » Classe. Plus classe encore sera la sortie de Murphy suite au refus des Kings of Leon (qui expliqueront plus tard n’avoir juste pas eu le temps de s’occuper de ça…) : « Je vous enc…, Kings of Leon. Ces types ne sont qu’une bande de trou du c… égoïstes, qui n’ont rien compris aux enjeux de tout ça… »
C’est là que son argumentaire devient intéressant : « Ils n’ont rien compris au fait que Glee permet à des gosses de 7 ans de voir des personnages proches de leur âge chanter du Kings of Leon, ce qui pourrait les inciter à rejoindre une chorale (un « glee club », en V.O), ou les décider à jouer d’un instrument. En gros, ces types détestent l’éducation artistique. Vous pouvez vous payer la tête de Glee autant que vous voulez, mais au fond, ce que nous faisons vraiment, c’est de l’éducation artistique… »
Je ne jugerai pas ici le vocabulaire de Ryan Murphy et son arrogance (en apparence, méfions-nous) dans cette histoire. Après tout, son comportement est hautement rock’n’roll lui-même, et son franc-parler ne fait pas de mal dans un monde bienpensant comme Hollywood. Non, c’est son argumentaire « sérieux » que je conteste. Certes, Glee peut faire remuer les orteils du jeune public, et « l’éduquer » à certains classiques rock, de la comédie musicale, etc. Certes, la série a un certain impact, surtout aux Etats-Unis, sur le succès des « glee clubs. » En revanche, dire qu’elle est une œuvre d’éducation artistique, c’est pousser un peu loin le bouchon.
En effet, la musique, dans Glee, est aseptisée, mixée, remixée, autotunée, lipdubée, etc. (et du coup qu’elle m’exaspère souvent). Surtout, la pratique de la musique dans Glee n’est pas réaliste. La série élude l’essentiel de l’effort, du travail, nous fait croire qu’on peut chanter en chÅ“ur en 5 minutes chrono, qu’on peut se saisir de n’importe quel instrument et sortir un solo de folie, etc. Glee est un divertissement, on ne lui demande pas de passer des heures là -dessus. Pour autant, s’il avait vraiment voulu faire une série « éducative », Murphy aurait fait un peu plus qu’un super karaoké. Ces « gosses de 7 ans » qui vont se mettre à la musique avec Glee vont être déçus par la pénibilité de la chose.
Je n’ai rien contre Glee, bien au contraire, mais la perche tendue par Ryan Murphy, avec quelques insultes bien senties, est difficile à ne pas saisir… Du coup, je me rangerai derrière Dave Grohl, l’ancien batteur de Nirvana et leader des Foo Fighters, qui déclarait récemment, après avoir refusé que ses compositions soient reprisent dans Glee : « C’est le droit de tout groupe de faire ou pas ce p… de Glee. Le type qui a créé Glee est offensé que nous ne soyons pas en train de le supplier de nous reprendre dans sa p… de série. J’emm… ce type qui pense que tout le monde devrait avoir envie d’être dans Glee. » En version courte, on appelle ça la liberté. Pardon, la p… de liberté.
Image de Une : Kings of Leon, Ryan Murphy, Slash
Glee c’est de la merde pure et dure et Ryan Murphy est un gros con.
C’est assez rock’n roll ?