J’ai souvent discuté avec un ami des notions de « bon goût » et de « mauvais goût », et sans me rappeler précisément de ses arguments, j’ai souvenir qu’il défendait parfois l’idée que le « bon goût » puisse exister, et qu’il est incorrect de dire qu’il dépend des choix de chacun – ce qui était ma position. Chacun est libre d’aimer ou de ne pas aimer une « œuvre », mais il existerait des choses incontestablement de « mauvais goût. » Je peinais à accepter cette position jusqu’au jour où j’ai vu Spartacus : Blood and Sand. Le visionnage de Gods of the Arena me conforte dans l’évolution de ma réflexion : ces séries sont du pire goût, et personne ne me fera changer d’avis.
Soit je viens d’accéder à une sagesse philosophique précoce, soit je suis déjà un vieux con – j’opterais pour la seconde option – mais je n’en démordrai pas : Spartacus est un objet télévisuel de « mauvais goût », qui redéfinit la notion de « nanar » pour les plus tolérants, et de « grosse bouse » pour les autres. La première série m’avait, je l’avoue, pris au dépourvu. Moi qui avais quitté à mi-parcours la projection de 300 quelques années plus tôt, j’y retrouvais la même extrême laideur, le jeu braillard, les dialogues ridicules, la mise en scène digne d’un demolition derby, etc. Le pire du pire, poussé au summum de la nullité crasse, tellement loin que je pensais tenir là une ode au nanar, un exercice de style naviguant – complètement murgé – entre les peintres pompiers et Mortal Kombat. Rebelote dans Gods of the Arena. Même concentration nauséabonde d’images violentes, de personnages plus vils et surtout plus cons les uns des autres, de décors numériques hideux, de mise en scène maniérée, de scènes de cul risibles et jamais excitantes, etc.
Un internaute me faisait récemment remarquer que Spartacus, c’est comme le catch : « tout le monde sait que c’est du chiqué […] La violence de cette série est sans importance pour ce public-là ; il sait bien que le ciné, c’est “pas pour de vrai”, exactement comme le catch », écrivait-il fort justement (sur Télérama.fr). Il y a bien de cela : Spartacus est un spectacle con à mourir, joué par des manchots de la comédie tout juste bons à sortir leurs muscles (je ne parle pas pour Hannah et Lawless, mais qui s’intéresse vraiment aux bavardages insipides de leurs personnages ?). Comme le catch. Sauf que…
Sauf que le catch, ce n’est paradoxalement pas violent. Le catch, c’est du cirque, catégorie clowns et acrobates. Spartacus, c’est du cirque, au sens antique du terme, avec la violence barbare, sauvage, que cela sous-entend. Spartacus flatte nos plus bas instincts, et le fait bêtement. Ses combats et ses scènes de cul ne sont là que pour exciter la meute des téléspectateurs, pour qu’elle soit assez abrutie par l’odeur du sang ou du foutre pour réaliser à quel point ses enjeux narratifs sont nuls et ses scènes de « dialogues » insipides.
Loin de moi l’envie de censurer quoi que ce soit. Breaking Bad ou True Blood en disent beaucoup plus long sur nos instincts et vont finalement beaucoup plus loin en terme de violence. Intelligemment. Libre aux défenseurs de la série de Starz de « s’éclater » ou de crier au plaisir coupable de haute volée. J’ai un temps pensé que Spartacus pouvait être de tellement mauvais goût qu’elle en deviendrait de bon goût. Je ne vois aujourd’hui dans ce produit laid, bruyant et poussif qu’une parfaite illustration du « mauvais goût. » Point final.
Image de Une : Spartacus : Gods of the Arena
J’ai vu le pilote de Blood and Sands et le pilote du prequel la semaine derniere. On dirait une version porno soft et grotesque du deja ridicule “300”. Les scenes de cul, omnipresentes, sont dignes des grands moments des nuits de RTL9, les scenes d’actions ne seraient pas credibles dans un jeu video – c’est du lourd !
Salut,
Ce petit mélange critique et mini-explication philosophique sur le mauvais goût m’a fait beaucoup rire. Il est vrai que Spartacus a un intérêt très limité. Aucun fond ou presque, la bagarre pour la bagarre, le sexe pour le sexe, des acteurs qui jouent la comédie aussi bien que du plancton, etc…
Et pourtant, j’ai regardé la saison 1 de Blood & Sand en entier, et je dois l’avouer, sans avoir eu à me forcer (je devais avoir bien peu à me mettre sous la dent).
Je me suis posé la question : comment une série aussi mauvaise a-t-elle réussi à contourner mes goûts plutôt exigeants d’habitude ? J’en ai discuté avec quelques potes et on est à peu près tous arrivés au même point : c’est tellement mauvais que ça en devient bon.
C’est bourré de scène risibles et mal jouées, et franchement par moments on se marre tellement qu’on en arrive à finir les épisodes. Voilà, après pas sûr que j’arrive à me taper la saison suivante ou un quelconque spin-off, il y a tellement mieux à regarder.
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par MrSeries et MrSeries, Labrousse Alice Soni. Labrousse Alice Soni a dit: RT @MrSeries: Je sais, je suis méchant avec Spartacus… https://blog.slate.fr/tetes-de-series/2011/01/29/spartacus-merdum-maximum/ […]
Eh bien Pierre, quel avis tranché, qui fait office de coup de gueule auquel tu ne nous habitues guère. A la lecture de l’article j’ai l’impression que tu n’as pas vu l’intégralité de la saison un et que tu t’es arrêté sur le pilote de la saison 2 qui comme toujours pose l’unviers.
Pour ma part, j’aime énormément Spartacus. Le visionnage du premier épisode était risible, un concentré de 300 et des dialoguistes qui faisait le concours de celui qui caserait le plus de dialogues piqués à Gladiator.Les “enjeux narratifs” ETAIENT nuls. Puis, après 3 épisodes navrants de sang et de sexe, les scénaristes se sont dits qu’ils ne pouvaient pas tenir et qu’il fallait définir les personnages et surtout les intrigues. Et là on est tombé dans le machiavélisme le plus cruel et du meilleur effet. Les derniers épisodes vont au bout de leur raisonnement et il y avait de la cruauté à la George Martin qui fait maudire les personnages devant son écran.
Quant aux acteurs, là on ne peut pas dire que John Hannah est pitoyable. Bien au contraire, il est excellent dans le rôle de Batiatus qui est tour à tour haissable et pathétique et quand il montre son vrai visage on ne souhaite qu’une chose, c’est qu’il souffre et beaucoup. J’aurais donné le même avis que toi après les trois premiers épisodes, mais après ce cap là, j’ai changé d’opinion, et complètement, comme d’ailleurs toutes les critiques US ( et aller du catastrophique au captivant, c’ets rare dans ce sens). Le grand guignol des combats fait plus office de pause dans l’intrigue qu’autre chose. Quant au sexe, le pilote en regorgeait mais je regarde cette série pour Crixus à la recherche de sa gloire perdue, la cruauté d’Ilithyia , l’énigmatique Doctore et tous ceux que les scénaristes ont enfin approfondi. Et le dernier épisode “Kill them all” ne ment pas, ce qui est rare pour un final de saison!
J’aime aussi bien Boardwalk Empire, Kings, mes séries BBC que Spartacus et dire que la série flatte bêtement nos instincts est à mon goût très injuste.Le scénario ne cesse de surprendre dans la deuxième partie de saison, créant un VRAI univers. Et les rebondissements ne sont pas à la JJ Abrams ou Prison Break: il y a une véritable maîtrise scénariste, une montée progressive vers la catharsis finale. Donne lui une autre chance car je ne peux croire que tu écris celà en ayant vu la saison un et ses intrigues dignes de Oz. L’épisode 10 avec la mort de varro est un pur monument de cruauté qui a marqué tous les amateurs (et ce n’était pas “bête”. C’était rare et non conventionnel). Voilà donc mon petit mot pour défendre Starz, sans troller,ni m’éclater! 😉
Bonjour Pierre Langlais,
Je partage tout à fait votre avis, la série Spartacus sent l’exploitation de certaines chaines privées US ayant flairé le bon filon de l’engouement du public pour les séries télévisées.Le niveau de la série est d’une bassesse indéfinissable, mais sans vouloir être l’avocat du diable, le pilote ne nous ment pas;tout le long de la série (que j’ai lâché au bout de l’épisode 7) il n’y a que du cul et du sang coulant à flot avec des décors d’une pauvreté absolue, sans omettre un scénario insipide qui ferait honte à Stanley Kubrick qui nous a légué son chef d’oeuvre Spartacus mené cette fois par le grand acteur Kirk Douglas!
A la lecture de l’article j’ai eut envie de pousser un coup de gueule à mon tour contre cet avis tranché mais Fiddler l’a déjà fait, et surement mieu que moi.
Bref son opinion reflète exactement la mienne et je l’appuie a mon tour afin de réhabilité cette série !
Curieuse opinion…
Moi qui n’ai pas aimé du tout 300, j’attends avec impatience cette nouvelle saison de Spartacus que je rapprocherai bien plus volontier de Rome (avec certe un peu plus de sang et de cul mais bon… c’est pas pour les gamins non plus).
Je crois surtout que c’est une série qui est conçue et créée pour diviser les publics. Par son outrance, elle entraîne des réactions qui sont premièrement passionnelles. Elle ne fait appel à aucune raison, elle est d’ailleurs très difficile à critiquer car au fond tout ce qu’on pourrait lui reprocher (les dialogues, le jeu d’une partie des acteurs, le manque d’épaisseur du scénario, etc…) tout cela est balayé et occulté par la multiplication de la violence et du sexe.
Ces deux composantes sont employées volontairement en excès pour prévenir toute autre forme de critique. Comme si les créateurs avaient voulu se protéger contre leurs propres faiblesses.
C’est en ce sens qu’elle n’a pas d’intérêt. En fait, Spartacus est “pleine d’elle-même” comme disent les Américains. Elle est une mécanique à faire du buzz et surtout à contraindre les commentateurs à revenir à une position de “jaime” ou “j’aime pas”. Comme si elle craignait qu’on réfléchisse sur son sens et sur elle-même.
Je connais peu d’oeuvres qui se dérobent ainsi à l’analyse, qui simplifient la réflexion en réduisant leur message à un stimulus. C’est en ce sens que Spartacus est une mauvaise série. D’une certaine manière, elle est une forme d’insulte car elle affiche une réelle prétention (celle de bouleverser des codes ou de faire passer certains pour des réacs frustrés), mais n’ayant rien à dire au fond, elle prend les spectateurs pour des cons en leur faisant croire qu’il y avait quelque chose à comprendre.
Bouse ? Non, une daube.
Une série doit-elle obligatoirement avoir un message à véhiculer ?
C’est une composante importante mais pas indispensable à mon avis.
Je pense surtout que les personnes n’aimant pas cette série, sont ceux qui ne se rendent pas compte ou veulent ignorer les cruautés qui pouvaient y avoir à cette époque. Comme on dit souvent la vérité ( réalité ) blesse. Les scènes de nudités, d’homosexualités, de violences et de trahisons démontre bien la réalité, ce qui est présent tout les jours dans notre quotidien. Mais la c’est du ” cinéma “, du divertissement mais c’est avant tout pour raconter quelque chose. C’est comme ci on disait que le film de James Cameron, Avatar, et tout simplement débile car cela n’existe pas, bah non, c’est du cinéma et il en faut pour tout les goûts. Je ne supporte pas les démembrement habituellement, à la SAW par exemple, car je restitue certainement ceci à notre époque. Que ce genre de chose ce produise encore de nos jours c’est effarant, mais là étant donné que c’est propre à cette époque, que c’était quelque chose de presque aussi normal que dormir, manger ou boire. Alors je me dis que j’aurais pas aimé être à cette époque, vivre ce que l’on voit dans cette série, donc c’est bien de pouvoir le voir et ne jamais oublié par où est passé l’homme. Et cela reste une fiction, donc c’est tout à fait normal que ce soit grossi, car il ne faut pas oublier que nous sommes actuellement dans une société dite de consommation. Imaginez les séries du futur, quand les cinéaste raconterons notre histoire, des faits ou s’appuieront sur des dires ou simplement de leur imagination. Et bien-sur, remanier de façon à ce que cela plaise à une grande majorité, car c’est le but.
bonjour, les avis divergent, en effet on aime ou pas , moi j ai aimé mais surtout après les 3 premiers épisodes, et pour ceux qui trouvent qu’il y a trop de sang et de sexe, dites vous bien que cela reflete la réalité de l’époque..