Depuis son ouverture en octobre, j’ai un peu suivi ce qui se passe sur le Studio 4.0, la plateforme de webséries de France 4. Je continue ce lundi avec Pause Emploi, un format court en mode Camera Café autour d’un directeur d’agence pour l’emploi, fou furieux persuadé d’avoir trouvé la solution contre le chômage… mais paradoxalement peu enclin à aider ses cobayes à retrouver un job. Une websérie qui, je dois le dire ici par souci de transparence, est produite par Caïmans Prod, la boîte qui produit ma propre émission, L’Hebdo Séries. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir mon avis…
Pascal Trémol porte assez mal son nom. C’est une boule de nerfs au style beauf cadre supérieur, moustache, gomina et costume trois pièces. Il s’agite devant la caméra comme si sa vie et celle de l’humanité en dépendait, jurant tenir la méthode pour un retour au plein emploi. Une méthode obscure, en 300 points, qu’il développe dans de petites vidéos qu’il poste en ligne, à l’adresse des chômeurs comme des employeurs : travailler son look (donc, se faire pousser la moustache), se préparer à être délocalisé, réussir un pot de départ, etc. En parallèle, Pascal Trémol s’autocongratule et se ridiculise encore un peu plus dans un journal intime, lui aussi filmé, et dans des vidéos captées par les caméras cachées par un chômeur « militant », Guilhem, au quatre coins de son bureau.
Pause Emploi alterne donc ces quatre types de séquences, toutes filmées dans le bureau de Trémol. Sur le principe, on ne peut s’empêcher de penser à une sorte de Caméra Café au Pôle Emploi, d’autant que Trémol se serait certainement fait des copains chez Dumont, Convenant et consorts. Même décor minimaliste, mêmes séquences courtes, même mauvais esprit. Trémol est toutefois un cran plus atteint que ses cousins caféinomanes, et s’attaque à un sujet grave, qui ne fait généralement pas rire. C’est là la principale originalité de Pause Emploi, qui prend le risque de se payer la tête de ceux qui pointent aux Assedic.
Pour ne pas paraître trop cynique sans doute, elle le fait en s’attaquant principalement à ceux qui sont censé leur trouver du travail, sans se départir d’un 32e degrés qui ne risque pas, me semble-t-il, de causer une quelconque polémique. Les moyens sont clairement limités, et la mise en scène des gesticulations de Trémol, malgré toutes les tentatives pour varier les angles, les loupes, les effets, etc. finit par tourner en rond. On se doute que ce n’est pas le principal intérêt de la série, qui parie plus sur l’abattage de son acteur principal Damien Gillard, qui s’en sort plutôt bien dans cet exercice hyper casse-gueule du type qui s’énerve tout seul face caméra – ou, au mieux, à deux ou trois.
Reste évidemment à savoir si ses vidéos sont drôles. On ne rit pas à tous les coups. Parfois poussive, l’écriture trouve le bon ton quand elle se fait méchante, quand Trémol devient cruel et s’attaque à « ses » chômeurs (on en voit que deux, toujours les mêmes, un brave type un peu limité, Thibaud, et un gros fainéant, Guilhem). Il faut piocher à gauche à droite un bon mot, un délire, un « gimmick » réussi (l’annonce de futures vidéos qu’on ne verra pas, comme « trouver un job en changeant de sexe »), une grimace de Trémol. Au pire, on peine à rentrer dans cet univers grotesque. Au mieux, on adhère à la folie douce de Pascal Trémol. Un héros qui a au moins le mérite de tenter – et de réussir par moment – de nous faire rire avec le chômage, et qu’il faut sans doute voir dans son cadre naturel, un site spécial avec extension twitter et Facebook – je l’ai vu en projection sur grand écran, 13 épisodes d’un coup…
Pour voir Pause Emploi : Ã partir de ce soir sur http://www.france4.fr/studio-4-0/
Le Twitter de Pascal Trémol : http://twitter.com/PascalTremol
Le Facebook de l’agence Pause Emploi : http://www.facebook.com/PauseEmploi