La Gifle, je tends l’autre joue

Arte attaque ce soir à 20h50 la diffusion de La Gifle. L’occasion pour moi de remonter ce post de l’été 2012. Je venais de découvrir cette superbe minisérie en 8 épisodes touchants, d’une rare justesse, impeccablement incarnés et mis en scène. Si vous ne savez pas quoi faire ce soir, jetez-y un coup d’oeil. Une chaude soirée, c’est le temps idéal pour prendre cette baffe toute en douceur…

J’ai beau chercher, je ne me souviens pas avoir déjà parlé de séries australiennes sur ce blog. Ou alors, pour dire que j’avais le béguin pour Anita de Hartley. Changeons les choses : j’ai récemment découvert la minisérie The Slap, qui mérite largement une bafouille. Un drame adapté du roman éponyme de Christos Tsiolkas (La Gifle, en VF), 8 épisodes presque sans fautes, brillamment écrits, interprétés et réalisés, qui devraient prochainement arriver sur les écrans français – du moins, je l’espère.

La gifle du titre pourrait n’être qu’un détail sans importance. Lors d’un barbecue dans la banlieue de Melbourne, où se réunissent la famille et les amis de Hector, qui fête ses 40 ans, son cousin Harry gifle le fils d’un autre, gamin incontrôlable. De cet événement, anecdotique pour le gifleur, dévastateur pour la mère de l’enfant, découle un récit choral, où les couples se détruisent à petit feu, où le désir, la solitude, l’âge, les incompréhensions, les rancœurs et les espoirs des personnages sont dits avec une infinie délicatesse et une justesse émotionnelle remarquable.

Chaque épisode s’attache au point de vue d’un personnage différent, Hector, sa femme Aisha, leur baby-sitter Connie, etc. chacun faisant avancer l’intrigue centrale – la gifle et le désordre qui en naît – tout en révélant l’intimité des héros. Car The Slap est avant tout une suite de portraits tous plus aboutis les uns des autres, qui parviennent à dépasser les rares exagérations – Harry, self-made man un peu caricatural, Rosie et Gary, couple prolo en crise – pour révéler des psychologies complexes, d’une profonde humanité. Et chacun de ces personnages de s’inscrire dans la dynamique d’un groupe, brisée par une gifle révélatrice des non-dits, des malaises et de tous ce qui tend leurs relations familiales, amicales et sentimentales.

Pour incarner ces personnages, un casting remarquable, Jonathan LaPaglia (le frère du Anthony de FBI : Portés disparus), Melissa George, Sophie Okonedo, Alex Dimitriades (un ancien de Hartley) et une galerie d’acteurs méconnus, Australiens et Britanniques – avec une mention spéciale à Sophie Lowe, impeccable en ado troublante et troublée (c’est elle ci-dessus avec Jonathan LaPaglia). La réalisation, elle aussi, est irréprochable, insufflant une dose de poésie, une impression de flottement, un ralentissement du temps dans cette spirale qui emporte les personnages. Superbe photo, musique discrète mais efficace, silences distillés à point nommé, cadrages subtils, elle habille une histoire tragiquement commune d’un voile esthétique mais jamais gratuitement esthétisant.

Si vous avez l’occasion de voir cette minisérie, foncez. Sinon, attendez sa diffusion en France. La venue au Festival de Télévision de Monte Carlo d’un des comédiens me fait penser qu’une chaîne hexagonale devrait la diffuser avant la fin de l’année.

 

Images : The Slap (ABC1)

 

5 commentaires pour “La Gifle, je tends l’autre joue”

  1. Le pitch de départ me dit furieusement quelque chose. Mais qui n’a pas rêvé de gifler le gosse d’un autre.

  2. Série géniale, profonde et sociologique. Et, oui, le gamin mérite des claques, mais les autres personnages (si proches de nous, aie !) aussi…
    Comme dit l’expession populaire : on est toujours le con d’un autre…

  3. Série absolument géniale. Des acteurs parfaits, un scénario qui l’eest tout autant, bref, un petit bijoux que Arté devrait diffuser au second semestre 2012

  4. Sharn, tu as peut-être vu le film Carnage de Polanski qui aborde plus ou moins le même thème.

  5. La série est très bien, très “juste” comme vous le dites et très bien filmée. Mais c’est vrai qu’on a envie de claquer tout le monde : Hector, la brune cougar ^^, Aisha, Connie, Rosy et son mari et bien sûr ce sale gosse !

    Effectivement c’est le même thème que Carnage.

« »