Festival de Télévision de Monte Carlo 2013 : Mes récompenses à moi

Cette semaine, j’étais donc à Monte Carlo, au soleil. Je passais mes journées à bavarder avec les gens qui passent dans nos télés, dans les séries d’Amérique et d’ailleurs. Le Festival a ses récompenses, les Nymphes d’Or. J’ai les miennes. On va les appeler les “Têtes d’Or”, ça sonne bien. Des prix sans aucune valeur, et qui ne célèbrent pas les séries, mais le comportement des “talents”, comme on dit, dans le pénible exercice de l’interview. Qui a la classe ? Qui est sympa ? Qui est brillant ? Qui est soporifique ? Réponse en 7 statuettes dont on se fout un peu, mais on est là pour s’amuser…

Tête d’Or du mec avec qui je pourrais parler 5h : Aden Young (Rectify)
Je l’ai aperçu dans une soirée, un peu seul, un peu paumé, barbe crados et mèche au vent. J’adore sa série, alors je suis allé bavarder. Une crème, un mec simple, un peu barré, heureux d’être là, fier de son travail — il y a de quoi. Il fait le clown, parodie Les Experts, reste disponible, puis s’emporte dans de grandes envolées lyriques sur l’importance de l’art dans nos vies. Pas simple de le suivre quand il a décollé, mais, en interview, c’est une merveille. Passionné, intelligent, passionnant. Les filles en sont dingues, je suis fan. Sur un ton différent, aussi captivant et attachant que Bryan Cranston, la crème des crèmes, le meilleur “client” de la télé US.

Tête d’Or du mec qu’a la classe, quand même : Jeremy Piven (Mr Selfridge)
Assis à sa table, Jeremy Piven s’allume un gros cigare, et contemple, l’air satisfait, la fumée disparaitre dans le ciel bleu délavé de la nuit monégasque. Si j’avais eu un appareil photo plus efficace que celui de mon téléphone, ça aurait été la photo de l’année. Costards en lin, lunettes, barbe et moustache finement taillées, posture chic, Piven en impose. Certains se sont plaint de son comportement en interview, pas moi. Un rien égocentrique, il reste bon client, peut-être parfois trop pro — il en revient toujours à sa promo — mais assez décontracté et sérieux à la fois.

Tête d’Or du beau gosse qui domine grave : Eric Braeden (Les Feux de l’Amour)
Le roi du 53e Festival, à l’aise. Tous les journalistes ont pris leur pied. Sa moustache était au minimum syndical, pas ses réponses. Chemise ouverte, citations en français dans le texte, petites blagues aux dames comme aux messieurs, “Victor” en impose. C’est un gros frimeur, mais il est beau joueur. On l’attaque, on essaye de le déstabiliser, il se rebiffe, jure plus qu’aucun autre acteur — “bullshit” une bonne dizaine de fois en 10 minutes, un ou deux “fuck”. On savoure, on se marre — au premier et au deuxième degré, face à ses réponses. La légende est confirmée.

Tête d’Or des gars qui vendent bien leur série : l’équipe de Chicago Fire.
Au début, je m’en foutais. Chicago Fire, peu pour moi. Mais parmi les trois acteurs venus défendre la nouvelle série de Dick Wolf, deux sont des anciens de séries cultes, alors je voulais leur parler quand-même. Eamonn Walker (ex Oz, entre autres), David Eigenberg (ex Sex & the City) et Charlie Barnett (ex pas grand-chose) m’ont très agréablement surpris. Souriants, ouverts, passionnés, intelligents dans leurs réponses, lucides sur les qualités et les défauts de leur job… Un quasi sans fautes, pour un trio à la fois parfaitement rodé sur sa com, et très humain. Ça me donnerait presque envie de me remettre à Chicago Fire. Je décerne ici un ex-aequo avec Giancarlo Esposito de Revolution (et Breaking Bad), aussi au taquet et intéressant.

Tête d’Or de la belle joueuse : Autumn Reeser (Last Resort)
Venir à un festival pour défendre — entre autres — une série annulée, c’est courageux. Le faire avec le sourire, sans aigreur et avec lucidité, sans encore mieux. Elle aurait bien aimé que ça dure, et elle reconnait que ce n’est pas simple à vivre, mais l’actrice, qui bosse toujours à Hawaii pour Hawaii 5-0, accepte d’analyser l’échec de Last Resort. C’est ce qui s’appelle être beau joueur, et pro.

Tête d’Or du mec à la cool : Billy Burke (Revolution)
Il est cool Billy. Son coiffeur est mort, mais sa série a survécu, alors il fait sa promo. Sans trop se fatiguer. Le héros de Revolution aurait préféré aller faire un tour en jetski, mais il répond quand même à vos questions. Sans trop se forcer. Sur le principe, c’est rock’n’roll, et il en faut dans ce monde lisse et formaté, des mecs rock’n’roll. Sauf qu’au final, ça ne fera pas un bon article, et que ça, c’est pas cool.

Têtes d’Or du Prince : Donald Sutherland (Crossing Lines)
Il en faut toujours au moins un dans chaque festival. Un prince. A Monaco, il y en a déjà un, à temps plein. Niveau cérémonial, pas sûr qu’une interview avec Son Altesse sérénissime soit plus compliquée que celle avec Sutherland, en promo millimétrée pour le prochain polar de TF1. Il ne bouge pas, on se déplace. On s’assoit dans un box, à 2 mètres de lui. Il ne se lève pas pour dire bonjour. Il répond à voix basse, on n’entend pas tout. Sans doute que sur une interview d’1h, il serait captivant. Mais ses longues réponses n’ont pas de sens dans un format “junket”, où tout va très vite. C’est un grand acteur, un homme intimidant, d’un certain âge, qu’il faut donc ménager, on est heureux de lui parler, mais on ressort frustré de l’entretien.

Photos @NielsJanin et @PierreLanglais

Un commentaire pour “Festival de Télévision de Monte Carlo 2013 : Mes récompenses à moi”

  1. Ca ne m’étonne pas pour Aden Young ! Il est charmant ! Et puis ce n’est pas n’importe qui qui peut jouer dans Rectify.

    La photo de Donald Sutherland est très belle; je veux bien vous croire quand vous dites qu’il en impose.

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