Hier soir, c’était enfin le 19 octobre. Community faisait son retour sur NBC. Un retour que les fans de la comédie de Dan Harmon attendaient nerveusement… puisque Dan Harmon n’y est plus, viré, remplacé par deux showrunners, Moses Port et David Guarascio. Cette quatrième saison est-elle fidèle à l’esprit unique, touchant, méta et geek de Community ? Ruine-t-elle la meilleure comédie de network du moment ? La transforme-t-elle en sitcom grand public, formatée ? Je viens de voir, à l’instant, “History 101”, le premier épisode du « nouveau » Community. Voici mon avis très humble et très à chaud. Attention, il faut avoir vu l’épisode pour ne pas se faire spoiler !
Là. Vous pouvez souffler. Community n’est pas morte. Elle ne s’est pas transformée en sitcom banale. Elle n’a pas vendue son âme pour élargir son audience. Elle n’a pas perdu son sens du méta. Elle n’a pas renoncé aux caractéristiques de ses personnages. Elle reste Community, même sans Harmon. Port et Guarascio nous le font comprendre d’entrée de jeu, en ouvrant cet épisode sur une version sitcom de la série, avec rires en boite et tout le barnum – en gros, ce qu’elle pourrait être si on la ruinait. Pour être certain qu’on a bien compris, Jeff est chargé, plus tard, d’un beau discours, qui dit en substance, « le changement est une chose effrayante, mais tout va bien se passer » et « même si l’on va ailleurs, on ne bouge pas d’ici. » Voilà pour la plaidoirie directe.
Que dire des faits ? L’épisode est signé par Andy Bobrow, qui a déjà écrit 5 épisodes de la série depuis sa saison 2. On y retrouve les personnages au « dernier premier jour » de leurs études à Greendale, puisqu’ils sont « seniors », en dernière année. Ils ont absolument besoin de s’inscrire à la seule classe d’Histoire disponible, « Histoire de la crème glacée », mais il y a trop de candidats, et peu de sièges. Du coup, le Dean organise les « Hunger Deans », Intervilles du community college, où Jeff décide de gagner assez d’épreuves pour que tout le groupe puisse assister au cours. Pendant ce temps-là, Abed, terrifié de devoir quitter Greendale, se réfugie dans son imaginaire, dans une déclinaison en sitcom inoffensive et rassurante de la série – celle-là même qui ouvre l’épisode.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Port et Guarascio respectent l’ADN de Community. Ils font plus que le respecter, ils le soulignent. Ça part dans tous les sens, dans un joyeux bordel pas indigne de la série, mais dans auquel il faut se réhabituer après cette longue pause. On rit au remplacement de Chevy Chase par Fred Willard dans la version sitcom (un signe du départ de l’acteur ?), on s’amuse de son exclusion des embrassades quand le groupe se retrouve (un autre signe ?). En revanche, la narration parallèle de la sitcom, amusante 5 minutes, devient gonflante à la longue (on y retourne régulièrement), tout comme l’accumulation d’intrigues et de scènes « délirantes. »
Port et Guarascio en font même un peu trop. Plutôt que de reprendre l’histoire en douceur, pour nous en mettre plein la vue au fur et à mesure, ils se lâchent d’entrée de jeu, comme si deux fans sous amphétamines avaient pris les commandes. Tout est là, les personnages, l’humour, la dynamique méta, mais le « nouveau » Community a besoin de souffler, de prendre un peu de recul et de liberté. Les fans ne veulent pas un hommage, encore moins un copier coller. Port et Guarascio – et l’équipe de scénaristes, pour la plupart des anciens – doivent trouver leur ton, leur rythme, et prendre le risque de changer un peu la série. C’est une demande paradoxale, sachant qu’on craignait tant de perdre Community, mais ça ne serait pas beaucoup mieux d’hériter d’une version hypertrophiée, moins sensible, moins touchante, de l’original.
Ne crachons pas dans la soupe. S’il est un peu systématique et maladroit, ce premier épisode rassure sur l’essentiel : quitte à disparaître faute d’audiences, Community n’a pas laissé tomber ses fans.
Image de Une : Community, NBC.
Tout à fait d’accord avec votre analyse.
Elle rejoint d’ailleurs celle du TV Club dédié de Slate.com (http://www.slate.com/articles/arts/tv_club/features/2013/community_season_4/week_1/community_season_4_recap_in_history_101_it_s_senior_year.html)
Très content de retrouver les ex-“Greendale 7” et le campus, même si ce 1er épisode était peut-être un peu trop “riche” après une si longue absence.
On sent tout à la fois une envie de bien faire et ne pas montrer le départ du créateur,et un désir d’imposer la vision, forcément nouvelle pour rester sincère, des nouveaux “showrunners”.
J’ai d’ailleurs trouvé intéressant, voire symptomatique, que le concept de “Hunger Deans”, qui aurait pu conduire à l’un de ces épisodes épiques qui parsemaient les précédentes saisons, et m’a d’ailleurs fait craindre que la nouvelle équipe derrière la série voulait se lancer dès le premier épisode dans un de ces épisodes exceptionnels, reste finalement en retrait et arrière-plan de l’épisode.
Encore peut-être une façon de montrer que les idées des nouveaux responsables du show peuvent être tout aussi “meta” et délirantes que celles de Harmon, mais que ce n’est pas uniquement là-dessus qu’ils s’appuieront.
J’ai hâte de voir ce que les prochains épisodes nous réserveront.
Je dois dire que je n’ai pas trop ri lors de l’épisode, je l’ai même trouvé lourdingue.