Go On, la nouvelle comédie avec Matthew Perry, celui qu’on présente en disant « tu sais, Chandler, dans Friends », a fait un démarrage canon sur NBC cette semaine (16 millions). Une série sur un type qui fait son deuil de celle qu’il aimait, ça sonnerait presque comme une métaphore de la vie de Perry, accroché comme ses copains des belles années au succès immense de Friends. L’heure de passer à autre chose est-elle enfin venue pour Matthew, comme elle est venue pour Courteney avec Cougar Town, pour Matt avec Episodes voire même pour Lisa avec Web Therapy ? – Jennifer a quitté la télé depuis belle lurette, tout comme le désormais très discret David. La chance de Matthew a-t-elle enfin tournée ? Pas sûr. Les 16 millions de téléspectateurs de mercredi soir étaient sans doute là pour les J.O, et je ne peux m’empêcher de penser que Go On va se ramasser venue la rentrée, comme quasiment tout ce qu’a fait Matthew Perry depuis Friends. J’aime bien Matthew Perry, mais je sens qu’il a la lose. Comme dirait les acteurs de soap, « mais pourquoi ? »
Parce que Matthew est déprimant
La spécialité de Perry, ce sont les personnages dépressifs et drôles, les clowns tristes, les braves types pleins d’humour mais qui galèrent, les losers magnifiques. Une tendance autobiographique ? Habitué des cures de désintoxications – on se souvient de ses prises de poids dans Friends – Perry ne dégage pas forcément l’image d’un gars bien dans ses baskets. Il en joue plutôt bien, mais les téléspectateurs veulent-ils voir ce genre de héros dans leurs comédies ? Sur le câble, un Louis C.K fait ça à merveille. Mais sur les grandes chaînes ?
Parce que Matthew peine à changer de disque
C’est assez injuste de reprocher à un acteur de jouer sur ses qualités, mais Perry peine à diversifier son registre comique – je ne parle donc pas ici de ses performances dans des drames, où cela dit en passant il a souvent des rôles avec une pointe d’humour. Quand ça marche, on ne change pas une équipe qui gagne. Mais quand ça plante ? Le pilote de Go On n’est pas mauvais, on y trouve même de bonnes choses, mais il n’est jamais surprenant. Perry fait du Perry.
Parce que Matthew n’a pas tué Chandler
Si Studio 60 avait tenu plus longtemps, la donne aurait été différente, mais Matthew Perry n’a pas encore eu ce rôle qui lui permette de faire oublier Chandler Bing. Pour mener à bien cette mission quasi impossible, Lisa Kudrow dans The Comeback et surtout Matt LeBlanc dans Episodes ont carrément joués des versions parodiques de leur propre rôle – Perry n’a pas fait mieux qu’une poignée de caméos sympas (comme celui-ci, dans Children Hospital). Ce n’est évidemment pas de sa faute si le public reste coincé huit ans en arrière, mais c’est un gros obstacle à l’avancée de sa carrière.
Matthew manque de soutien
Courteney Cox et Matt LeBlanc s’en sont aussi sortis en acceptant de laisser plus de place à leurs partenaires. Après l’affreuse Dirt, où il n’y en avait que pour elle, Cox s’est lentement reculée pour que Cougar Town deviennent une série de groupe, pas juste une série sur son personnage – ce qu’elle était au départ. LeBlanc, lui, s’est cassé les dents sur Joey, où il n’y en avait que pour lui, avant de jouer les seconds rôles de luxe dans Episodes (succès oblige, son personnage a au moins autant de temps à l’image que les autres dans la saison 2, mais il était au second plan dans la saison 1). Malgré une Alisson Janney hystérique, dans Mr Sunshine, il n’y en avait que pour Perry – le titre de la série en témoigne. Même chose dans Go On, où on doute que ses partenaires de jeu, pourtant pas si mal, lui fassent de l’ombre. Peut-être devrait-il faire preuve d’un peu d’humilité et laisser ses collègues prendre plus de place, le soutenir, pour briller moins souvent, et donc plus fort.
Parce que Matthew est comme ses séries, sympa
A priori, être sympathique n’est pas un défaut. Au contraire. Ça peut néanmoins devenir un handicap quand le mot « sympa » se traduit, dans le vocabulaire critique, par « qu’on aime bien, qu’on voudrait bien voir réussir, mais qui ne crève pas l’écran non plus. » Une série « sympa » se regarde d’un œil distrait, et s’abandonne souvent après une poignée d’épisodes. J’ai peyut-être tort, mais c’est aussi pour ça que je crains que Go On ne passe pas l’automne : revoir Matthew Perry en plein été, pour souffler au milieu des J.O, c’est sympa. Passer tous nos mardis avec lui (ou mercredi matin, en fonction de sa localisation) ? Pas si sûr…
Image de Une : Go On (NBC)
je suis malheureusement d’accord avec ce triste diagnostic. Matthew Perry excellait dans Friends, mais n’arrive plus depuis à se détacher de son image du clown triste. Go On est pareil que Mr Sunshine : Il manque ce plus pour en faire une série qui séduit, fidélise les téléspectateurs. Et qui plus est sur NBC, elle est bien partie pour se viander. Y’a plus qu’à espérer qu’on se plante et que l’effet J.O ait vraiment servi à quelque chose lors du lancement officiel du show à la rentrée…