La première bande-annonce de Copper, la nouvelle série de BBC America, vient de tomber sur la toile (voyez en fin de post). L’occasion pour moi de mettre en ligne l’interview que j’ai pu faire lors du dernier MIPTV, à Cannes en avril, de la productrice de ce polar historique, Christina Wayne – une ancienne de Mad Men (la série est aussi produite et « runnée » par Tom Fontana). Elle y parle du lien (ou pas) avec Gangs of New York de Martin Scorsese, de la violence nécessaire, du côté métaphorique de ce drama qui se déroule dans le New York malfamé des années 1860. Pour mémoire, j’avais posté il y a deux mois l’interview des deux acteurs principaux, Tom Weston-Jones et Franka Potente.
Si vous me dites Copper, j’ai tendance à vous répondre Gangs of New York. Je vous flatte, je me plante ou je suis dans le vrai ?
Ça me paraît normal que les gens fassent le rapprochement. L’histoire se déroule dans une même Amérique marquée par l’immigration de populations hétéroclites et la violence. Ceci étant dit, Gangs of New York s’arrête précisément où nous commençons, à la fin des émeutes de la conscription (13 au 16 juillet 1863, ndlr). La Guerre Civile est en cours, Abraham Lincoln va être réélu. Ce n’est pas exactement la même période, mais surtout, le style de Copper n’a pas grand-chose à voir avec celui de Gangs of New York. Nous sommes plus réalistes, plus durs, quand le film de Scorsese me semblait très théâtral. La réalité du quartier de Five Points, c’était des maisons minuscules, où les gens s’entassaient à 5 par pièces. Dans le film, il y a d’immenses espaces, des jardins, etc.
La série se déroule à une époque où les États-Unis prenaient forme. Voulez-vous mener une réflexion sur l’Amérique contemporaine à travers ses balbutiements ?
Le cœur de la série, ce sont les personnages et leurs émotions. Nous essayons néanmoins de rendre l’impression de crasse, de boue, de sang, de violence de cette époque, une époque où les États-Unis étaient déchirés entre le Nord et Sud comme ils le sont aujourd’hui, de plus en plus fortement, entre les Démocrates et les Républicains. La comparaison est là. Avons-nous avancé depuis 1860 ? Certainement, en terme de droits et d’égalité – notre Président est Noir, quel signe plus fort ? – en revanche nous sommes toujours divisés.
C’est une époque très violente que vous mettez en scène. Jusqu’où pouvez-vous aller, et comment éviter une violence gratuite ?
C’est justement le but : être réaliste, crédible, pas gratuit. C’est une série du câble, nous pouvons donc avoir un héros qui est imparfait, qui fait souvent les mauvais choix. Un policier qui ne respecte pas toujours la loi. Un antihéros. La violence n’est pas un plaisir pour lui, c’est une nécessité. Le système juridique était vérolé, à l’époque, et il fallait un homme comme lui pour faire la loi…
Les séries historiques demandent souvent une langue, une diction, une interprétation différente, un peu théâtrale. Qu’en est-il dans Copper ?
Nous ne voulons pas faire un drame historique boursouflé, pompeux. Nous voulons que les téléspectateurs se sentent au 19e siècle. Or, à l’époque, les gens n’étaient pas si différents d’aujourd’hui dans leur façon de se tenir ou de s’exprimer. Ils étaient sans doute moins à cheval sur les bonnes manières, mais il me semble qu’être moderne dans les dialogues et le récit, c’est être réaliste.
Tom Fontana est à la baguette. Va-t-on s’en rendre compte ?
Il adore s’intéresser à des groupes d’individus, souvent masculins, très proches les uns des autres et tous plus imparfaits les uns des autres. Cette camaraderie, on la retrouve dans la relation qu’entretient le héros, Kevin Corcoran, et ses partenaires Maguire et O’Brien. C’est assez typique des séries policières de Fontana, sa spécialité.
Est-ce une série feuilletonnante ou un pur procédural avec des épisodes clos ?
Les deux ! Il y a pas mal d’arcs narratifs, peu d’épisodes fermés sur eux-mêmes… mais le public y trouvera des deux.
Images : ©Gérald Vaysse (portrait de Christina Wayne) et @BBC America (image de Une)
“une ancienne de Mad Men”
Cooper -> Sterling Cooper
Beaucoup d’imaginations =P
L’ambiance des Etats-Unis pendant la Guerre Civile ça me tente bien, à voir le 19aout.