Le programme (pour rire) du candidat du Parti des Sériephiles

Quand on déconne (même un peu) avec la politique, mieux vaut le dire tout de suite. Donc, je le dis. Ce post est un exercice inspiré par la campagne présidentielle où, ça n’a rien d’étonnant (le sujet n’est guère grave), les candidats ne se sont guère souciés de l’état des séries en France (et de la consommation des séries étrangères en France). Du coup, en attendant le second tour de dimanche (où le sériephile, qui est aussi un citoyen, sera inspiré d’aller voter), je me suis demandé : si un candidat du Parti des Sériephiles (P.S…) se présentait, quelles pourraient être ses 10 propositions phares ?

Avertissement : le candidat du Parti des Sériephiles est un geek un rien dictatorial. Il n’a que faire des contraintes réalistes. Il s’amuse, il délire, il n’est pas à prendre au sérieux… même si le fond de sa pensée n’est pas toujours insensé.

1. Les quotas de prise de risque.
Les chaînes françaises seront tenues de respecter les « quotas de prise de risque », censés favoriser les séries novatrices. 30% des nouveautés proposées aux téléspectateurs devront obtenir le visa de la CVC (Commission de Validation Critique), composée d’un quart de téléspectateurs exigeants, un quart de producteurs ambitieux, un quart de scénaristes utopiques et un quart de journalistes sévères. Les chaînes qui ne respecteraient pas ces quotas et diffuseraient plus de deux tiers de séries convenues seront lourdement taxées. Ces taxes sont ensuite redistribuées aux chaînes jouant le jeu.

2. Les quotas de genre.
Les chaînes françaises devront surveiller le nombre de policiers, pompiers, juges, avocat(e)s et infirmièr(e)s qui apparaissent dans leurs séries. Il est strictement interdit de diffuser plus de 50% d’œuvres rentrant, strictement, dans le genre polar, légal ou médical. Les séries qui croiseraient ces trois genres ne comptent pas dans ces quotas. Une chaîne qui dépasserait les 50% d’œuvres de genre polar, légal ou médical purs, et qui ne respecterait pas les quotas de prise de risque sera doublement sanctionnée.

3. La diversité des formats.
Les chaînes françaises seront incitées à diversifier leurs formats. Une aide spéciale sera accordées à celles qui diffuseront sur le même semestre une shortcom, un 26 minutes et un 42 minutes. La même aide s’applique à l’alternance série – minisérie (de façon non cumulable). Des discussions seront engagées sur la place des formats intermédiaires, tels le balbutiant 13 minutes ou le vieillissant 90 minutes.

4. La représentativité sociale.
Selon une étude du CSA de juillet 2011, les employés et les ouvriers, qui comptent pour 14% et 12% de la population, ne représentent que 5% et 2% des personnes vues à la télévision, toutes catégories de programmes confondues. Dans le même temps, les cadres supérieurs, qui ne constituent que 5% de la population, représentent 79% des personnes vues à la télévision (voir ce papier du Monde, ma source ici). Les chaînes devront désormais équilibrer ces chiffres, non par la contrainte, mais par l’incitation, dans le cadre des quotas de prise de risque. Notre objectif : 15% au moins d’ouvriers et d’employés, et 50% maximum de cadres supérieurs.

5. La réduction de la fracture temporello-sérielle.
La fiction française sera encouragée à réduire le temps qui sépare deux saisons, et à se rapprocher du modèle américain en terme d’écriture plus proche de la production, voire durant le tournage lui-même, et de validation par les chaînes de possibles nouvelles saisons. Il sera imposé aux chaînes de ne pas attendre plus de 15 mois après la diffusion du dernier épisode d’une saison pour lancer la diffusion de la suivante.

6. Le plan câblé.
Un fond d’aide spécial aux séries du câble sera mis en place, pour que la télévision française puisse développer des séries de niches, plus exigeantes, plus complexes, plus pointues, programmées par les chaînes payantes et, après une période de 100 épisodes, comme aux États-Unis, « syndicables » ailleurs. Il n’est pas exclu d’inclure la TNT dans cette réflexion, mais sous des conditions strictes de qualité, validées par la CVC.

7. L’implication des chaînes dans la production.
En s’inspirant du modèle britannique, les chaînes seront invitées à s’impliquer dans la production de séries maisons. La règle qui oblige 100% de la production en extérieur sera bannie, permettant aux chaînes, à l’image de la BBC, d’alterner des productions extérieures et des productions maisons (merci à ce très instructif article du Village pour cette idée).

8. Un Grenelle du téléchargement.
Une des premières décisions du candidat du Parti des Sériephiles, s’il est élu, sera de réunir un grand Grenelle du téléchargement, pour réfléchir à des solutions intelligentes pour régler la question du téléchargement, légal et illégal. Tous les efforts seront notamment apportés au lancement de plateformes légales de téléchargement type Hulu et Netflix, à « l’heure américaine. »

9. Une baisse du prix de la VOD.
Le Grenelle ira de pair avec une réflexion autour du prix de la VOD, et une incitation des plateformes légales à proposer plus d’abonnements, plus de formules, plus de moyens de faire descendre le prix de l’épisode sous les 1,99 euros actuels.

10. La règle multilingue.
Dans un délai de deux ans, toutes les séries de toutes les chaînes devront être diffusées en VM via la TNT. Un effort conséquent a déjà été fait dans ce sens. Le Parti des Sériephiles souhaite le poursuivre.

5 commentaires pour “Le programme (pour rire) du candidat du Parti des Sériephiles”

  1. 11. La disparition de Walker Texas Ranger de la grille des dimanches après-midi de TF1.

  2. Annexe à la proposition 4. Incitation à la création d’une série sur d’autres catégories sociales plus défavorisées (SDF et Rmistes).

    Proposition 12. Parrainage par les plus grandes sociétés de production de jeunes créateurs pour la création de webséries.

    Proposition 13. Aide à l’innovation technologique sériesque : innovation concernant les modes de tournage, diffusion… et même de création scènaristique.

    Projetons les séries vers l’avenir !

  3. Que faire pour les séries introuvables, sous quelque forme que ce soit en France (Community par exemple)?

  4. @TheWall : très juste : dans le Grenelle du téléchargement, ouvrir les plateformes légales aux séries inédites en France et non achetées par une chaîne française — le cas échéant, ce sont les ayant droit qui décident de sa mise en ligne, ce qu’ils font aujourd’hui de plus en plus souvent sur leurs plateformes propres — surtout si elles sont lancées depuis plus d’une saison 🙂

  5. Le 4 c’est vraiment n’importe quoi. Une série n’a pas a représenter la réalité sociale c’est de la fiction, elle fait ce qu’elle veut.
    Vous imaginez si on demandait ca a Game of Thrones ?

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