Et si les séries françaises montaient plus souvent le son ?

Les séries sont une incroyable source de découverte musicale. Mon IBidule est rempli de morceaux de groupes dont je n’avais jamais entendu parler avant de les entendre dans un épisode d’une série américaine ou anglaise. Pour les françaises, ce n’est pas encore ça. Et c’est dommage… mais les choses ne sont pas désespérées. En ce moment, je regarde Clash, la nouvelle série de France 2 – elle arrive le 9 mai – sur l’adolescence et les relations ados/parents. Ce que j’ai vu n’est pas encore parfait mais contient de bonnes choses, dont, notamment, une bande son pop, une vraie, encore discrète mais bien présente. Un cas rare chez nous. Pourtant, une bonne bande son « pop », ça change tout (ou presque).

Dans la majorité des cas, les séries françaises se contentent encore aujourd’hui d’une B.O composée pour l’occasion, de violons ou de synthés, peu importe, mais d’un accompagnement type « score », comme on dit en anglais. Aux États-Unis aussi, ça se fait encore. Desperate Housewives n’a jamais renoncé à ça – conformément au genre du soap dans sa forme traditionnelle, d’ailleurs. Loin de moi l’idée de mettre au chômage les compositeurs. Leur boulot est toujours nécessaire, mais il est bon de mêler à leurs notes celles de morceaux rapportés.

Pour toute une génération, une série, c’est aussi un choix de playlist. Quand une nouvelle série comme Awake arrive outre-Atlantique et que le sériephile un peu branché musique reconnaît Cat Power et Patrick Watson dans la B.O, non seulement il est ravi, mais il en déduit un esprit, une atmosphère, il tisse un lien entre la personnalité de l’artiste, les notes, les paroles des morceaux, qu’il connaît éventuellement, et la série qu’il découvre. Entendre Massive Attack au générique de Luther ou les Raptures à celui de Misfits, ce n’est pas non plus sans importance. La musique fait partie de l’identité d’une série… dans un premier temps, avant que le phénomène ne puisse se retourner – mais je vais y revenir.

Donc, les séries françaises pourraient affirmer leur identité, leur caractère – elles en manquent souvent – en choisissant une B.O qui contiendrait quelques titres identifiables. Prenons le cas de Clash. Le générique est signé Placebo. On n’est pas forcé d’apprécier la voix de Brian Molko, mais c’est un bel effort. Ensuite, on retrouve quelques noms connus, tous francophones : Cascadeur, avec son quasi tube Walker et Hindi Zahra, par exemple. Du bon son, mélancolique, pop, mélodique, bien utilisé dans la série, pour créer ces passages musicaux si chers aux séries anglophones, où la musique fait office de narrateur. Un effet trop rare à la télévision française, qu’il ne faut pas craindre de piquer à nos cousins.

Autre bonne idée musicale de Clash, « diffuser » aussi des groupes méconnus du grand public. C’est le second effet kiss cool : faire découvrir des groupes via les séries. A la question « mais pourquoi vous ne mettez pas plus de titres pop dans vos séries ? », un producteur me répondait récemment « mais parce que ça coûte super cher ! » Si on prend les Rolling Stones et Lady Gaga, je n’en doute pas une seconde. En revanche, il existe des centaines d’excellents groupes français, produits par des petits labels, voire indépendants, qui seraient ravi de se faire un coup de pub dans une série – limite gratos pour les plus fauchés (?). Ainsi, grâce à Clash, j’ai entendu pour la première fois Clelia Vega ou Yules. Peut-être les connaissiez-vous déjà. Pas moi. Et sans doute d’autres les découvriront, d’autant qu’un CD de la B.O sortira dans la foulée de la série…

Si la musique pop (et le hip-hop, et tous les genres musicaux d’ailleurs) réussit à s’installer plus solidement dans les séries hexagonales, ce sera un plus stylistique et narratif, et un nouveau moyen – nouveau chez nous, j’entends – pour des musiciens locaux de se faire connaître. Et puis ça nous changera de J’ai pas le temps de Faf Larage et des génériques de Sous le Soleil ou Plus Belle la Vie

Clash, sur France 2 le 9 mai à 20h35.

B.O disponible le 7 mai — l’essentiel des pistes sont composées par Kamil Rustam, musicien de studio et de scène (de Yael Naim à Johnny en passant par Peter Gabriel) et auteur dans le passé de la B.O de Taxi.

6 commentaires pour “Et si les séries françaises montaient plus souvent le son ?”

  1. Bon article. C’est vrai que ce genre de choses est encore un peu trop rare encore dans les séries françaises… Une des BO qui m’avait marqué était celle de la série “LES INVINCIBLES” sur ARTE, avec pour le coup plein de très gros tubes ! Comme quoi, c’est possible !

  2. Le problème c’est le coût d’achat de ces morceaux malheureusement à part si c’est vraiment partie prenante dans l’histoire il est rare de dépenser bcp d’argent dans la BO, un score à lÀ manière de coûte bien moins,

  3. Dans le genre, La Vie Devant Nous représentait un bel effort pour une série française, avec Stereophonics au générique notamment. La musique est souvent un ingrédient essentiel des bonnes séries. Ça fait des années que je remplis mon Ibidule grâce à elles! Et parfois on est ravis, comme vous dites, d’y reconnaitre des morceaux. C’est génial de découvrir que Death Cab For Cutie est le groupe préféré de Seth Cohen, ou de voir Walter White marqué son “territoire” sur Tv On The Radio !! Il serait vraiment temps qu’on s’y mette dans l’Hexagone…Donc merci pour l’article

  4. walter white marquer* 🙂

  5. @Aurélie : À l’époque où j’ai regardé La Vie Devant Nous, il n’y avait pas Queens Of the Stone Age au générique de fin ou j’ai rêvé ?
    Superbes Death Cab (et ça va si bien à l’atmosphère de The OC) et TV On The Radio !

  6. je crois qu’on peut aussi parler de Mafiosa qui fait un gros effort dans ce sens avec des groupes comme Family of the Year, Bumpkin Island, The Rodeo, Emily Jane White…
    Même si la BO de la série reste de la musique originale, les morceaux plus actuels sont intéressants…

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