Hors période de rush (septembre-octobre et janvier-février), difficile de faire un post critique par semaine. J’en fait donc un de temps en temps, pour vous donner mon avis (attention, alerte humour) incontestable et universel sur les nouveautés US. On s’était arrêté à la joie de découvrir Awake (joie imparfaite, mais on prend ce qu’on peut sur les networks) et à la tristesse de devoir regarder Missing. Quatre nouvelles séries sont arrivées depuis la mi-mars : Bent, Best Friends Forever, Scandal et Magic City. Ce que j’en pense ?
BENT (NBC)
Comment je la sentais : Euh… comment vous dire ? C’est tout juste si j’avais conscience du futur lancement de cette comédie romantique. Donc, je n’avais presque pas d’a priori. Je n’ai rien contre Amanda Peet, au contraire, et je dirais même plus : Mon voisin le tueur m’a laissé un bon souvenir de nanard amusant. Disons donc que je n’avais ni peur de voir une daube, ni particulièrement envie de regarder Bent.
Ce que je pense du pilote : Dans le genre, j’ai vu bien pire. Bien sûr, tout est cousu de fils blancs, les personnages principaux sont too much et l’humour n’est pas franchement drôle, mais tout cela se regarde sans déplaisir, et pour peu qu’on soit un peu fleurs bleues, avec un peu d’affection. Peet est charmante, David Walton mérite des claques, mais il faudrait savoir ce qu’en pensent les filles, et les seconds rôles assurent — il faut dire qu’il y a là Jeffrey Tambor de Arrested Development et DB Smoove de Curb Your Enthusiasm. C’est mignon, c’est un peu facile, mais ça se regarde sans déplaisir. Enfin, on pourra dire bientôt “ça se regardait”, parce qu’NBC a (encore) fait un four, et que Bent va rapidos passer à la trappe.
Ma note : 4/10, parce que je sais être coeur d’artichaut… mais que je suis aussi critique.
BEST FRIENDS FOREVER (NBC)
Comment je la sentais : Comme pour Bent, je n’avais pas franchement réfléchi à la question. Ces deux-là m’avaient l’air anecdotiques avant même que je les vois. Preuve de mon désintérêt a priori, je n’avais même pas vu de bande annonce de BFF avant de m’asseoir devant le pilote.
Ce que je pense du pilote : Lenon Parham et Jessica St. Clair sont sans doute BFF dans la vraie vie. On sent un naturel, une énergie entre les deux. C’est tout. Pour le reste, je ne vois pas le moindre intérêt à regarder cette comédie qui ne m’a pas fait rire, ni même fait sourire une seule fois. Ce n’est pas mauvais au sens agaçant du terme, c’est juste translucide, vide, plat, bavard. On se demande qui, chez NBC, peut valider ce genre de projet : sans doute un type qui veut massacrer ce qu’il reste d’honneur à la chaîne, c’est à dire ses comédies de qualité (de Community à 30 Rock). Bent va sans doute disparaitre de l’antenne, mais BFF a déjà disparue de mon radar.
Ma note : 2/10, parce que les actrices ne sont pas mauvaises au milieu de ce vide comique.
SCANDAL (ABC)
Comment je la sentais : Comme une série de Shonda Rhimes. Au mieux, comme Grey’s Anatomy, dont il faut reconnaitre les mérites (qui s’usent avec l’âge), au pire comme Off the Map. En gros, j’attendais un gros soap plein de mouchoirs et de musique pop avec des héroïnes et des héros trop beaux. Même si je sentais que la donne allait être un poil différente ici…
Ce que je pense du pilote : Ce n’est pas un miracle, mais c’est une bonne surprise. En sortant des hôpitaux, Rhimes s’est offert un lifting intéressant. Scandal est artificielle, tout le monde parle trop vite et trop bien, est trop beau et s’en sort trop facilement au boulot, tout est égocentrique à mort, comme dans Grey’s Anatomy — en gros, tout revient aux personnages, à leur coeur et à leurs “guts” — mais il y a un vrai savoir-faire grand public dans cet épisode. On ne s’ennuie pas, les acteurs sont plutôt bons — pas géniaux mais pros — et la rengaine favorite de Rhimes — tout le monde, sous les ambitions et les apparences, cherche l’amour — fonctionne toujours. On ne peux que se réjouir du côté méchant d’Olivia Pope (littéralement la papesse de la gestion de situation de crise), capable de briser une vie pour faire son taf. Bref, Scandal n’est pas un chef d’oeuvre, mais un bon produit de network.
Ma note : 6/10, parce que c’est du solide, et que Desmond… pardon, Henry Ian Cusick est dans le coin, et qu’on attend qu’il dise “brother” au moins une fois avant de zapper.
MAGIC CITY (Starz)
Comment je la sentais : Avant, j’aimais bien Starz. Il y avait Party Down et la pas si mal Crash. Ensuite, je n’ai plus aimé Starz et Spartacus ou Camelot. Depuis Boss, j’aime à nouveau. Du coup, j’attendais de voir Magic City, avec cette apréhension qui accompagne toute descendante de Mad Men : comment ne pas voir tout ça dans l’ombre de Don Draper ? Ici, une seconde ombre, celle de Boardwalk Empire, faisait craindre un sous-produit.
Ce que je pense du pilote : Esthétiquement, rien à dire. C’est soigné, les décors sont classieux, les femmes sont belles, les mecs classes, la musique et les caisses au poil. La série prend son temps, fait sentir l’atmosphère de Miami, dessine ses personnages, surtout Ike Evans, son héros. Jeffrey Dean Morgan n’est pas mal du tout, et les acteurs sont dans l’ensemble bons. Ceci étant dit, le résultat ronronne un petit peu trop pénard. On aurait aimé plus de surprises, moins de pistes narratives convenues. Boss avait su dès son pilote nous coller une baffe. Magic City offre un bon divertissement historico-mafieux, mais pas une claque. Pas de quoi cependant crier au nanard comme l’ont fait certains critiques américains.
Ma note : 6/10, pour la présentation de l’ensemble et contre certains arcs narratifs, notamment celui du fils rebelle, qui sent le plantage soapesque à plein pif.
Mon vainqueur du jour : Scandal.
Et pas Magic City ? Disons que Magic City est sans doute mieux que Scandal, mais elle a d’autres prétentions. Et puis, j’en avais tellement marre de Shonda Rhimes que finir un épisode d’une de ses nouvelles séries avec un léger (j’ai bien dit “léger”) sentiment de surprise mérite bien une récompense… brother !
Images : Scandal (ABC) / Bent (NBC) / BFF (NBC) / Magic City (Starz)