A dix jours de la fin de cette année 2011, c’est l’heure des bilans. Je dis “des”, parce que je compte bien vous épargner la tartine de 45 pages avec tout ce que je pense des nouveautés dramatiques, comiques, des acteurs, des scénarios, des réals et de la coupe de cheveux de Ted Mosby. Non, on va faire par petits bouts, ça évitera l’ulcère pour les fêtes de fin d’année. On commence avec la catégorie reine, comme dirait l’autre, les drames. Parce qu’il faut bien faire un choix, j’ai fait celui, plutôt amusant selon moi, des classements. Voici donc, dans l’ordre, et selon un jugement fait d’objectivité critique (donc de sévérité, j’espère) et de pure subjectivité les dix meilleurs drames de l’année 2011 (nouveautés de mi-saison 2010-2011 et rentrée 2011-2012). Ultime précision : je suis essentiellement spécialiste des séries américaines. Aussi ce bilan sera 100% américain. Si vous avez des suggestions anglaises (des nouveautés), ajoutez-les en commentaire ! (pour les françaises, j’ai suivis la saison, et je ne vois pas quoi mettre, pas ici en tout cas).
10. Hell on Wheels.
AMC relance la mode du western, et le fait bien. Je ne suis pas un fan d’Hell on Wheel, mais il faut reconnaitre ses qualités visuelles, son parti pris légèrement BD et le côté épique de son aventure. (A l’origine, c’était Grimm, et ça disait : Oui, je sais, la relecture en polar des conte des fameux fréros n’est pas aussi recherchée que Once Upon a Time, mais je n’arrive pas à apprécier les parties fantasmagoriques de Ouat. Donc, Grimm, pas franchement géniale mais divertissante, attrape cette place honorifique. Un peu par défaut. Si j’avais vu plus de Pan Am, j’aurais peut-être mis Pan Am. Ou The Secret Circle, si j’avais dix ans de moins… C’est en général ici qu’on oublie quelque chose.)
9. Person of Interest.
Le nouveau bébé de J.J. Abrams — ici producteur derrière Jonathan Nolan, le vrai père de la série — n’est pas un chef d’œuvre, mais un chouette divertissement, un peu bourrin, un peu facile mais bien tourné, versant grand public du retour de la trouille post 11 septembre — pour le versant pointu, voir la fin de cette liste. Emerson est très bien sur sa nouvelle île (Manhattan) et Caviezel est presque chouette en Jack Bauer foutu avant même le pilote.
8. Suits.
J’aime bien les séries de USA Network. Bien jouée, bénéficiant de dialogues ciselés, Suits réussit à s’en tirer dans un monde pourtant pas frais à la télé, celui des avocats. Le plaisir n’est pas aussi coupable qu’avec White Collar, mais on retrouve la touch de la petite chaîne qui grimpe de plus en plus vite : une belle réal, une chouette photo, des gueules bien castées et une indéniable cool attitude.
7. Mildred Pierce.
Ok, je triche, c’est une mini-série. Mais comme je ne ferai pas de catégorie mini-série, autant la mettre quelque part. Que l’on aime ou pas le genre d’œuvre que signe-là Todd Haynes, il faut reconnaitre la maestria de la réalisation et de l’interprétation de Kate Winslate et consorts. Un beau morceau de télé, pas franchement la grosse éclate, mais du boulot d’orfèvre.
6. The Chicago Code.
Ok, ce n’est pas The Shield. Ok, ça n’a pas duré bien longtemps. Ok, il y avait là un peu de caricature. Mais Shawn Ryan sait conduire ce genre de poids lourd, costaud en baston et en émotion, qui vous donne une méchante envie d’attraper votre fusil à pompe et de faire une descente gyrophares gueulant à travers la windy city. Rare avantage de l’annulation précoce, The Chicago Code n’a pas eu le temps de nous déplaire…
5. The Killing.
On rentre dans le vif du sujet. Perso, j’ai plus suivi la version danoise que son remake américain, mais il faut reconnaitre que AMC a bien fait les choses. The Killing est pénible, mais pour la bonne cause. Parfois un peu trop larmoyante, mais la cruauté pluvieuse est à ce prix là. Avec le Chicago Code, ça fait au moins deux bons polars dans l’année, ce qui n’est pas si mal (une pensée ici pour Prime Suspect, à qui j’offre une mention spéciale).
4. Game of Thrones.
C’est ce qui s’appelle un pari risqué, et réussi. HBO montre ici qu’elle a plus de biscotos que Conan le Barbare. Épique mais patiente, bavarde mais prenante, réaliste mais fantastique, Game of Thrones promet une épopée qui, si elle tient la route sur la longueur, n’aura pas d’équivalent dans l’histoire des séries. La violence avec laquelle elle zigouille ses héros et son final de saison 1 enthousiasmant en font une des grosses attentes de l’année 2012.
3. Lights Out.
Je sens que c’est à partir de là qu’il va sérieusement falloir que je m’explique. Quoi, Lights Out au-dessus de Game of Thrones ? Eh oui. Lights Out est sans aucun doute plus faible que Game of Thrones en terme d’ambition, de complexité narrative, etc. mais j’ai été emporté dans son histoire de boxe qui n’est en fait qu’une histoire humaine, d’une rare force, servie par de superbes acteurs. Cette série trop tôt annulée avait une vraie identité, un monde, un ton, une ambiance. Et sa dernière scène (“qui a gagné ?“) est une des plus fortes de l’année. R.I.P Lights Out.
2. Boss.
Depuis The West Wing, la meilleure série politique. Et un thriller. Et un drame. Et une tragédie. La réal du pilote, signée Gus Van Sant, a marqué l’esthétique de cette œuvre puissante, une vraie série d’auteur, inattendue sur une chaîne comme Starz (du moins, au vue de ses derniers projets). Kelsey Grammer est impressionnant, le reste du cast impeccable. C’est dur, oppressant, brillant, intelligent. Et flipant. Du lourd, vraiment.
1. Homeland.
En croisant l’objectivité critique et le pur plaisir de fan, Homeland ne peut arriver qu’en tête. La série la plus addictive de la rentrée, avec le casting le plus fort (passé Grammer), Danes, Lewis et Patinkin (qu’on a tendance à oublier alors qu’il est génial lui aussi, et indispensable). Une vraie grande série divertissante, un pied du côté des œuvres d’auteurs, l’autre dans l’action. De quoi sécher les larmes des fans de Rubicon (dont je faisais partie) et faire le deuil de Jack Bauer.
Image de Une : Homeland (Showtime/Canal+).
J’aurais mis Hell on Wheels et American Horror Story dans le Top 10, au lieu de Grimm, Person of Interest.
Mais, pour Light Out, complètement d’accord. Une série poignante, modeste, touchante, brillante, …
Sinon, nouvelle terrifiante du jour:
Bored to Death annulé par HBO ==> Fuck Me.
Ah oui, zut, j’ai oublié Hell on Wheels. Je change ça. Pas forcément ma soupe, mais c’est bien foutu. Par contre, je n’aime pas American Horror Story.
Pas facile de départager Homeland & Boss tellement ces deux séries sont “waouh”. Mon vocabulaire est sûrement faible mais scotchantes, bluffantes, intelligentes et autres adjectifs du même genre ne sont pas assez forts pour exprimer la puissance dégagée par ces petites merveilles télévisuelles.
Pas vu le reste mais ça donne envie (à part Grimm, pas accroché)
par rapport à the killing, quand tu dis que tu l’as moins suivie, qu’est ce que ça veut dire?
Homeland c’est un peu comme quand on marche sur un pont et qu’il commence à s’effondrer sous nos pieds. Je m’explique : en choisissant le thème du soldat en sortie de guerre et d’emprisonnement, Showtime a eu des cojones car c’est un réel thème historique en plein essor au sein de la communauté scientifique internationale. En revanche, à tuer le thème dans l’oeuf en une saison la chaîne a emprunté le chemin de la facilité, celui de l’action pure et simple : et voilà, on privilégie la paranoïa terroriste, au détriment de la cohérence des personnages ou de la complexité de l’intrigue. Je suis acide et sévère mais c’est justifié : la série est de qualité, les premiers épisodes sont excellents et j’en attendais davantage.
La qualité d’écriture de Boss et le talent du duo de personnages Meredith et Tom Kane emporte la série vers des dimensions Shakespearienne. Le dernier épisode est convenu mais c’est dû à la cohérence et au ficelage précis du scénario durant les 8 épisodes. Je remercie le personnage Ezra Stone d’avoir juste un jour existé.
Games of throne = WHAT ELSE ?
J’aime bien le parti pris de mettre deux totales outsiders dans ce classement : Suits et Chicago Code. Les deux possèdent un charme indéniable et des personnages qui se densifient au fur et a mesure de leur saison.
Par contre, quid de Charlie’s Angel dans ce classement ? 😉
Je suis d’accord avec votre choix de mettre Homeland et Boss en premiers (ou plutôt Boss puis Homeland)… mais ce sont les deux seules séries que j’ai vues 😉 si on excepte Game of throne qui s’en sort plutôt bien.
D’accord avec Chats-en-série, Homeland, au début , promettait plus que ce qu’elle a offert dans les derniers épisodes même si le final est réussi.
Par contre, je ne crois pas que Homeland privilégie la paranoïa terroriste dans la mesure où la première saison s’avère finalement être une condamnation de la politique extérieure américaine, à travers l’histoire du drone.
Bonjour,
Et merci pour vos articles.
J’ai un problème tout bête avec cette liste : je viens de me farcir les 5 saisons de The Wire, j’ai pris une grosse claque. Et bien sur je me pose cette question existentielle : et maintenant, que puis je voir comme série qui paraisse pas trop fade et pas trop mal foutue ? Homeland et Boss, ça tient le niveau ?
J’avais adoré Rubicon, mais une seule saison, dommage. Aura–t-on du Mad Men cette année d’ailleurs ?
Merci d’avance du coup de main, et tout le monde peut participer bien sur.
@Romu : Homeland et Boss sont excellentes. Foncez.
@Esther : en ce qui concerne la “paranoïa terroriste”, je voulais dire que c’était très rapidement devenu le sujet central abordé par la série au détriment d’autres aspects, comme la reconstruction de la personnalité du héros et ses rapports avec sa famille. Du coup, on en vient à un final qui manque de consistance parce que le background des personnages a perdu en saveur par rapport aux multiples rebondissements de l’intrigue.
Au sujet de Homeland – apparemment dans la serie israelienne originale il n’y a pas de complot terroriste ! C’est quand meme assez bizarre que ca devienne le centre de la version americaine – et aussi la partie la plus critiquee.
ça fait “plaisir” de voir que d’autres personnes pleurent aussi Lights out, cette série avait vraiment de l’avenir selon moi et posait des questions intéressantes que l’on pouvait projeter en dehors du monde de la boxe.
Je pense que le principal problème est son manque de scènes de combat. J’aurais aimé (comme pas mal de monde je suppose) plus d’épisodes ressemblant au dernier. Or si la série a clairement réussi à m’accrocher en dépit de ce manque, on peut supposer que pas mal de personnes ont été déçues et on laché la série.
Quant à Homeland je suis complètement d’accord, ils ont réussi là où Rubicon (que je pleure également) a échoué, i.e faire une série intelligente et assez complexe tout en la rendant tout public (alors que Rubicon il fallait quand même s’accrocher). 24 m’est apparu complètement has been après le 3 premiers épisodes de Homeland.
Quant à Boss, que dire…. c’est beau, prenant, intelligent, cynique sans tomber dans le caricatural, le casting est formidable et Kelsey Grammer mériterait surement un prix pour ce rôle.
Surpris de voir ici Person of Interest, mais j’avoue que je suis régulièrement. Au fur et à mesure, le quatuor se construi, on est de plus en plus attaché aux personnages, Emerson et Caviezel, chacun dans leur registre, font excellemment le job, reste à creuser les intrigues et apporter une mythologie.
Pour GRIMM, par contre, je n’aurais même pas compris sa place dans le Top 10. Je préfère largement Once Upon A Time, plus ouvert en possibilités, en développements mythologiques. Après tout, tout y semble possible, de l’héroïc-fantasy comme du drame, comme de la comédie. A la différence de GRIMM, simple cop-show aux acteurs transparents, incarnant des personnages tout aussi creux. Reconnaître quel conte a pu inspirer l’épisode du jour, c’est marrant 2 min, mais bon…
Pour Homeland, je suis encore dubitatif après avoir vu les 2 1ers épisodes : l’interprétation est de haute volée, mais c’est moins prenant et avec une ambiance moins forte parce que moins ambiguë que Rubicon. Dans Rubicon, on a le doute, dans Homeland, c’est un peu trop démonstratif. Et bon, pareil, on voit trop souvent Claire Danes en train de mater par écran interposé la vie d’un couple.
Sinon, le nombre de séries qui avancent par flash-backs croisant les scènes présentes (Homeland, American Horror Story, Person of Interest, Once Upon a Time… ), c’est dingue…. LOST a vraiment marqué à ce point-là, ou quoi ??
Yop,
Alors j pense que tu devrais regarder person of interest de nouveau. Parceque caviezel ne cherche pas du tout a sauver l amerique d une conspiration. Mais plutot a la maniere de batman, de defendre la veuve et l orphelin de la corruption et des malfrats qui dirigent une ville pourrie. Perso je le vois comme un batman sans identite publique ni batmobile mais avec une moto et en costard. Meme alfred restenla plupart du temps planque bien au chaud derriere ses ecrans d ordis. D ailleurs si je ne m abuse, jonathan nolan est le frere de l autre et nous ont tous de meme sorti une des meilleurs saga batman.
Au passage, et j’y repensais, c’est assez ironique qu’un critique sériephile ayant tant pesté contre la tendance américaine à remaker d’anciens classiques ou des séries étrangères, voyant d’un mauvais oeil cette sale manie des Américains à refaire eux-mêmes ce qui marche à l’étranger, en vienne à placer Homeland en tête des séries de la rentrée US (ainsi que The Killing dans ce même top).
Comme quoi, les remakes US, c’est parfois bien. CQFD.
@Salut : vous y êtes à moitié. Person of Interest, c’est en fait plus ou moins une version moderne de la série Street Hawk / Tonerre Mécanique, la moto et la désinvolture à l’oeuvre dans les 80’s en moins.
@Knight : plus qu’ironique, je dirais que c’est surprenant, et que ça prouve qu’on peut réussir une adaptation. Je n’ai jamais dis que TOUS les remakes étaient ratés. (J’aime aussi le Shameless américain, malgré ses faiblesses). C’est d’autant plus facile d’apprécier Homeland que je n’ai jamais vu la version israélienne…
@pierrelanglais : meilleurs voeux pour ce blog, et merci de vos conseils.