Cette fois-ci, c’est la bonne. Les Emmy Awards ont été distribués cette nuit à Los Angeles. Après moult suppositions et moult paris, on va donc pouvoir se plaindre, taper dans nos mains, admettre, contester, bref, faire comme tout le monde, dresser un bilan. Évidemment, les calculs des votants, les vrais, ne sont pas les mêmes que les nôtres, leur culture télé non plus, les enjeux financiers qui pèsent sur eux non plus. Mais ça ne nous empêchera pas de refaire le match, comme dirait l’autre…
Avant de rentrer dans le détails des principaux prix, une ou deux réflexions préliminaires : si les prix des meilleures séries sont assez convenus, il y a eu suffisamment de bonnes surprises pour que la soirée ne soit pas complètement vaine. Les networks, pour les principaux prix, battent les chaînes câblées, ce qui est somme toute assez surprenant en cette période de manque d’inspiration crasse. Boardwalk Empire, qu’on pensait archi-favorite, a presque fait vache maigre, et CBS l’emporte contre ABC (maintenue à flot par la seule Modern Family), NBC (presque à poil dans les grands prix, si on compte Friday Night Lights comme une descendante de la chaîne) et Fox, sauvée des eaux par Futurama et Justified (via FX).
Série dramatique : Mad Men. Et de quatre d’affilé pour la série d’AMC, évidemment un chef d’œuvre, mais on se demande si la reconnaissance n’a pas des limites. D’autres séries de qualité auraient mérité la statuette, si ce n’est que pour les encourager ou les remercier, par exemple Boardwalk Empire pour son ambition, Friday Night Lights pour sa longévité qualitative dans l’adversité.
Série comique : Modern Family. Là aussi, on prend les mêmes et on recommence. La statuette était prévisible, tant l’enthousiasme qui entoure la série est grand. Seule Parks & Recreation pouvait créer la surprise, mais elle est sans doute moins grand public, plus difficile d’accès, et donc moins « emmysable. »
Premier rôle dramatique féminin : Julianna Margulies (The Good Wife). C’était prévu. Seule Elisabeth Moss de Mad Men pouvait lui ravir la statuette. La qualité du jeu de Margulies, dans ce qui est sans doute la plus soignée des séries de network à l’heure actuelle (seule House, dans ses bons jours, fait un poil mieux), en faisait la favorite. « Doublée » par Kyra Sedgwick l’an passé, Margulies est presque logiquement récompensée.
Premier rôle dramatique masculin : Kyle Chandler (Friday Night Lights). En voilà une, une surprise. Évidemment, Chandler a été acclamé par la critique, il décroche maintenant des gros rôles au cinéma (Super 8), mais on pensait franchement que la bataille se jouerait entre Steve Buscemi et Jon Hamm – en l’absence du titulaire indiscutable, Bryan Cranston. C’est aussi un moyen pour les votants de dire au revoir à FNL et de lui reconnaître quelques mérites. Tant mieux.
Premier rôle comique féminin : Melissa McCarthy (Mike & Molly). Grosse surprise – sans mauvais jeu de mot. Laura Linney, archi-favorite, a du manger son fauteuil. La grande tradition de l’Emmy pour une actrice tragi-comique dans une série de Showtime est brisée. McCarthy a l’air adorable, mais ce que j’ai pu voir de Mike & Molly n’est pas du niveau d’une Linney, d’une Falco ou d’une Poehler. Du coup, soit cette statuette est la plus surprenante de la soirée… soit je rate une super sitcom.
Premier rôle comique masculin : Jim Parsons (The Big Bang Theory). Légère surprise là aussi, tant on pensait que Steve Carell aurait droit à un cadeau d’adieu. Chuck Lorre est à la fête, deux de ses trois sitcoms récompensées. Parsons est excellent, et on se doutait bien que Louie C.K ne lui damerait pas le pion, même si selon moi il le méritait.
Et aussi…
On est ravi, et pas surpris, par les Emmys du meilleur second rôle dramatique à Peter Dinklage pour Game of Thrones, et Margot Martindale pour Justified, pas étonné mais un peu agacé par la razzia de Modern Family, qui empoche aussi les deux Emmys pour les meilleurs seconds rôles comiques (Ty Burrell et Julie Bowen), et encore moins étonné par les prix décernés à Kate Winslet et Guy Pearce pour Mildred Pierce.
Mon pronostic a échoué. Je suis bien content pour Mad Men. Il y a eu l’épisode The Suitcase qui, pour moi, est à graver dans l’histoire de la télévision. Sinon, effectivement, d’autres séries auraient mérités le prix même si, malgré l’ambition de Boardwalk Empire, il manque quelque chose à cette série, à mon goût, pour qu’elle passe de bonne à très bonne.
Je suis également heureux pour FNL et Kyle Chandler. C’est une surprise mais, dans un sens, c’est mérité.
Personne ne méritait plus l’Emmy du second rôle dans une série dramatique que Peter Dinklage en tant que Tyrion Lannister dans Game of Thrones.
Enfin une récompense pour friday night lights, le reste est sans surprises si ce n’est Melissa Mc Carthy. Voilà une édition correcte des Emmys, en espérant qu’Elisabeth Moss ait enfin une vraie chance pour la statuette de meilleure actrice dans un drama l’année prochaine!
Sinon le prix de la meilleure mini série remporté non pas par Mildred Pierce mais par l’excellente série britannique Downtown Abbey.
Par contre je ne comprends pas pourquoi elle est classée dans les “miniseries” vu qu’elle a plusieurs saisons?
Je trouve ça assez “on prend les mêmes et on recommence”, mis à part Melissa McCarthy (bien surprenant ça quand même !)… Ils faudrait se renouveler un peu… Je trouve dommage que dans le registre comédie, Community n’ait pas été citée…
Le prix de Downton Abbey est par contre vraiment mérité, c’est une excellente séries à l’ambiance toute britannique. Et Peter Dinklage, top ! 🙂