Plus ça va, moins j’ai de sympathie pour Glee. Je n’ai rien de bien méchant contre la série elle-même, aussi inoffensive qu’un sachet de frites Haribo – c’est sucré, ça picote, mais si on en mange trop, c’est écœurant. Musicalement, c’est totalement insipide, mais les personnages sont attachants et le tout est suffisamment bien écrit pour qu’on s’y laisse prendre. Non, que les fans de Glee se rassurent, je n’ai rien contre leur programme préféré. Ceux qui le font, en revanche, commencent à m’être antipathiques.
Mes réticences sont apparues il y a quelques semaines, à la découverte de l’affaire qui oppose Ryan Murphy à quelques groupes rock – principalement Foo Fighters, Slash et Kings of Leon. Pour résumer l’histoire, le créateur de Glee leur reproche de ne pas laisser ses petits chanteurs à la télécommande de bois reprendre leurs tubes. Agacé que des types rock’n’roll – et pas des moindres, un ancien de Nirvana et un ancien de Guns n’Roses, tout de même – refuse de se voir karaokéiser, Murphy part en sucette, et les traite de tous les noms.
Sur le papier, pourquoi pas. Les insultes, c’est rock’n’roll. Le problème, c’est que Glee n’est pas rock’n’roll. C’est un produit de grande consommation, avec ses qualités et ses prises de positions courageuses (quand on pense au paquet de conservateurs culs bénis qui surveillent de leur œil frustré les faits et gestes des acteurs du monde des séries), mais certainement pas un brûlot politiquement incorrect. Le jour où Murphy sera un vrai artiste underground qui emmerde dans les faits comme dans les mots le système et tout le reste, il pourra l’ouvrir. Quand on demande à des rock stars de lâcher leur musique à Glee, on ne s’étonne pas de prendre un râteau. Ryan Murphy a sans doute une grande gueule, mais pas tant parce qu’il est rock’n’roll que parce que ses chevilles ne rentrent plus dans ses baskets. Et ça me le rend peu sympathique.
S’il n’y avait que ça, on laisserait couler, mais j’ai découvert récemment une autre affaire peu flatteuse pour l’équipe de Glee. Une figurante sur le tournage de la série – et aspirante actrice – a lâché sur Twitter un vilain « spoiler » sur un épisode à venir. Ce qui n’est pas une chose très intelligente à faire si on veut se faire des amis dans le milieu, mais, se défend la bavarde, elle a entendu l’info lors d’une soirée, pas sur le plateau. Peu importe, Brad Falchuk, producteur de Glee, s’est « vengé » sur le même site, en twittant : « j’espère que tu est qualifiée pour un autre job… » Comprenez : « je vais te pourrir ta carrière, t’es finie pauvre conne. » Une réaction puérile, qui ne vaut pas mieux que le spoiler lui-même, et une tentative d’humilier la malheureuse – qui doit déjà méchamment regretter son tweet – digne de Sue Sylvester.
Bref, je déteste les brutes, ceux que les Américains appellent des « bullies » et… que Glee dénonce fort bien, je déteste ceux qui se soulagent de leurs frustrations et de leurs angoisses sur plus faibles qu’eux, ou qui font un caprice violent quand on leur refuse quelque chose. Or, ces deux anecdotes laissent penser que Murphy et Falchuk se prennent pour des bullies ou des divas. Je me trompe peut-être, mais il serait bon qu’ils se souviennent que leur série est un appel à la tolérance et à l’acceptation d’autrui et de ses choix — et donc aussi de ses erreurs. Si ceux qui font Glee prennent la grosse tête, ils risquent de devenir comme ceux qu’ils dénoncent — attitude qui fera de la série une œuvre cynique. Un peu d’humilité ne leur ferait donc sans doute pas de mal. En tout cas, moi, ça éviterait de me gâcher mon plaisir quand je décide de regarder Glee.
Image de Une : Ryan Murphy (en costume gris) avec l’équipe de Glee — Fox, Orange Cinéma Séries, W9.
Oui ok, glee par çi glee par là.
Et un billet sur une pseudo info.
Mais toujours aucun billet sur Game of thrones de HBO??
Cher Polo, je ne fais pas toutes mes critiques sur ce blog, mais dans ma chronique de Télérama.fr… Ce blog sert plus de lieux de réflexion, de billets d’humeur, de coups de gueules, etc. Pour Game of Thrones : http://television.telerama.fr/television/game-of-thrones-fantastique-fantaisie,67854.php
Cordialement,
P.L
Votre article conforte mon sentiment général.
Ce qui me gêne dans “l’éco-système” Glee, ce n’est pas la série que j’adore et trouve plutôt bien foutue mais l’exploitation à outrance des acteurs. Après la série, les concerts express aux quatre coins du pays, bientôt le film. Et tout cela à rythme effréné, en un peu plus de 2 ans!
Ce sont des vraies machines prêtes à assouvir les besoins des producteurs.