Signature, Dexter et Lost

Signature, la nouvelle série de Hervé Hadmar et Marc Herpoux, les créateurs des Oubliées et Pigalle, la nuit, débute vendredi soir sur France 2. On reparlera ici très vite de cette histoire tournée sur l’île de la Réunion, sur un enfant sauvage, Toman, témoin du meurtre de ses parents et devenu assassin (Sami Bouajila). Mardi prochain, nous nous arrêterons de manière plus critique sur cette œuvre ambitieuse mais — selon moi — imparfaite. En attendant, ses créateurs reviennent sur les séries qui ont influencé (de près ou de loin) leurs trois œuvres — à commencer par la dernière.

Signature et… Dexter.
Hervé Hadmar : quand on a commencé à bosser sur Signature, on a pensé à Dexter, mais pas comme inspiration. Juste parce qu’on avait peur que les gens fassent la comparaison.  Je comprends qu’on soit tenté de faire une analogie, mais on ne s’en n’est pas inspiré. Notre source, c’est plutôt le héros du Parfum de Patrick Süskind…
Marc Herpoux : Bon, il y a des points communs, notamment le rapport entre la justice et la vengeance. C’est un sujet qui obsède les Américains – comme chez les superhéros comme Batman. Par contre, Toman n’est pas un psychopathe. C’est un assassin, mais pas un tueur froid, calculateur, méthodique ou ritualisé. Toman est dans l’animalité. Dexter s’inscrit dans une réflexion sur le rapport aux autres, la société, le besoin de s’intégrer. Il est flic, sociable. Toman, lui, est limite associable, solitaire. Ce n’est pas la même thématique. Dexter parle de notre monde, de ce que nous taisons en nous pour être sociabilisé, bien vus, voire admiré. Signature parle de ce qui nous sépare de l’animal, de notre rapport à la nature.

Signature et… Lost.
Hervé Hadmar : Ce sont surtout des clins d’œil. Je suis un dingue de Lost. Je voulais que le van Volkswagen que conduit Toman soit bleu ciel, mais je n’en ai pas trouvé. Un des personnages (dont nous tairons l’identité, sous risque de spoiler, ndlr) est un sosie de John Locke – en plus, il porte la même chemise. Il y a aussi une scène où une vache sacrée apparaît en pleine forêt. Moi je voulais un ours blanc, mais j’en n’ai pas trouvé à la Réunion… Dans un des décors, il y a une cage. Pour notre île à nous, on s’est plus inspiré de L’Île du docteur Moreau, de Sa Majesté des mouches que de Lost… même si ce sont des inspirations de Lost. Les amis de mes amis sont mes amis.
Marc Herpoux : C’est surtout venu au moment de la réalisation. Sur le papier, l’existence de Lost et de son île était bien sûr notifiée, mais sans plus. Ce n’est pas une vraie inspiration.

Pigalle, la nuit et… Twin Peaks.
Hervé Hadmar : Nous avons repris un dispositif proche : une collection de personnages décalés, avec des failles, des secrets étranges, une narration chorale, une arène, un territoire très particulier… En plus, c’est une série onirique.

Pigalle, la nuit et… Deadwood.
Marc Herpoux : On rentre dans Pigalle comme on rentre dans Deadwood, sur les pas d’un personnage – Seth Bullock chez HBO, Thomas chez nous – qui nous fait découvrir la ville, ses saloons, etc.

Les Oubliées et…
Hervé Hadmar : Si on la sortait aujourd’hui, je dirai Wallander, mais elle date d’avant ça…
Marc Herpoux : On voulait un côté britannique, et esthétiquement, on avait regardé La Fureur dans le sang.
Hervé Hadmar : L’héritage des séries françaises des années 70 du type Maigret est aussi important. On est allé tourner en province, on voulait un personnage très « français. »

Photo Signature : Julien Cauvin, France 2

4 commentaires pour “Signature, Dexter et Lost”

  1. Une petite réaction sur ce qui est dit sur Dexter (toujours la même en fait). Dexter parle pour moi du côté animal de la socialisation et de son efficacité (être bien vu est vraiment nulle part, au contraire la série prônerait presque un côté grégaire dans lequel il ne faut pas être vu du tout, ni en bien ni en mal) face à l’inefficacité manifeste de la prédation. Il n’est pas sociable justement, il croit que faire semblant de l’être est une bonne idée et il se retrouve à le devenir réellement, petit à petit, par nécessité (ou par essence dans la première saison, qui reste la plus troublante). La justice et la vengeance ne sont présentes que parce que Dexter considère l’autre comme un adversaire… le plus intéressant dans cette série c’est qu’il révise son jugement non pas en diagnostiquant un dysfonctionnement de cette approche mais parce qu’elle est dépassée dans son succès lui-même. C’est le dépassement du positivisme par son jusqu’au-boutisme.
    Ce dont j’ai un peu peur en lisant ce premier article sur Signature, c’est que, si je comprends bien, elle tiendrait le discours de son récit… ce qui pourrait sembler vain assez rapidement. On verra bien.

  2. […] Signature, Dexter et LostSlate.frOn reparlera ici très vite de cette histoire tournée sur l'île de la Réunion, sur un enfant sauvage, Toman, témoin du meurtre de ses parents et devenu assassin (Sami Bouajila). Mardi prochain, nous nous arrêterons de manière plus critique sur cette …La saison 2 de Pigalle, la nuit déjà en écriture pour Canal+Télé 2 Semaines2 autres articles » […]

  3. ouais bon signature c est surtout tres tres inspire du dernier livre jc grange qd mm la foret des manes

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