La télévision est un outil politique puissant, nuisible, indispensable, dangereux dirons certains. Les séries n’échappent pas aux jeux de pouvoirs — Barack Obama devrait ainsi une fière chandelle à David Palmer, le président noir de 24. Une bataille autrement plus importante s’est déroulée ces 13 derniers mois autour de la mini-série The Kennedys, ambitieux projet en huit épisodes sur la période où la famille était au centre de la vie politique américaine. Créée par Joel Surnow, ancien de 24 et conservateur militant, elle a été vivement contestée, taxée d’inexactitude historique, pour finalement être déprogrammée, vendredi, par la chaîne History, qui devait la diffuser cette année.
Que s’est-il passé ? Comme souvent, les détails d’une telle décapitation sérielle resteront un mystère. De forts soupçons de lobbying et de pressions politiques pèsent néanmoins sur cette décision tardive d’History. La série était à peine castée que fuitait, fin 2009, un premier script. Déjà sur leurs gardes, les Démocrates et quelques historiens de renom ont immédiatement dénoncé un script biaisé, clairement partisan, montrant une famille Kennedy loin de la réalité. Ce que voulait faire Surnow, c’était mettre en scène les coulisses du pouvoir, les failles, une réalité moins rose de ces figures américaines. Un tel projet, venant d’un producteur apolitique ou de gauche, n’aurait sans doute dérangé personne. La personnalité de Surnow, encarté au parti Républicain, a cristallisé toutes les inquiétudes.
Le 17 février 2010, Theodore Sorensen, ancien assistant de JFK, intervenait en personne dans le New York Times pour dénoncer un « assassinat fictionnel » de son ancien patron et un projet « vindicatif et vicieux. » La veille, une vidéo signée Robert Greenwald, documentariste militant (Outfoxed, édifiant portrait de Fox News) était postée en ligne, proposant l’analyse de Sorensen et d’une poignée de spécialiste des Kennedy, et lançant une pétition en ligne pour que la série soit annulée et que « History Channel ne devienne pas Fox News. » Plus de 50.000 Américains auraient signés selon le site spécialement ouvert par Greenwald.
Malgré de multiples sorties dans la presse de Surnow, assurant que le script attaqué n’était qu’un brouillon, malgré un casting de haute volée – Greg Kinnear, Katie Holmes, Tom Wilkinson – et quelques premières images plutôt soignées (voir ci-dessous), l’offensive des anti-Kennedys n’a jamais faiblie. Le Hollywood Reporter annonçait dimanche que le coup fatal aurait été porté par des membres de la famille Kennedy en personne. Caroline Kennedy, la fille de JFK et Jackie aurait dit son mécontentement aux responsables de la diffusion aux Etats-Unis, EATN (A&E Television Network, propriétaire de History Channel). EATN est la propriété de Disney, NBC et Hearst. Or, Caroline Kennedy possède un gros contrat avec Hyperion, la maison d’édition de Disney, explique le HR. Maria Shriver, épouse d’Arnold Schwarzenegger et nièce de JFK, aurait aussi fait pression. Shriver est une ancienne d’NBC…
The Kennedys est-elle vraiment une minisérie de droite, militante, incorrecte historiquement, indigne d’être diffusée aux Etats-Unis ? Une fiction historique doit-elle absolument être apolitique ? Est-il dangereux de diffuser un programme biaisé ? La bonne nouvelle, c’est qu’on pourra se faire son opinion dès le 6 mars prochain au Canada et par la suite dans une bonne trentaine de pays à travers le monde – aux Etats-Unis, les producteurs cherchent un nouveau diffuseur. Starz et FX viennent de refuser. Un exercice très délicat tant ce qui fait débat est difficile à vérifier : les coulisses du pouvoir, le caractère des personnages historiques, la part de mythe et de réalité repose sur les témoignages de ceux qui les ont côtoyés…
Image de Une : The Kennedys, History Channel.
Katie Holmes… hihihihihi
Me ! x)
je veux voir !!!