Après les drames samedi dernier, tentons ce mercredi de dresser un bilan des comédies lancées en cette année 2010 qui tire à sa fin. Rappelons d’abord que le top 5 qui va suivre concerne uniquement les nouveautés de cette année (certains m’ont reproché d’avoir oublié True Blood ou Breaking Bad dans les drames, je tiens donc a insister). Donc, par exemple, l’excellente Community, lancée en septembre 2009, n’a pas sa place ici. Dommage, car ça n’a pas été évident de trouver 5 comédies vraiment réussies cette année. Une mission qui n’a certainement pas été facilitée par ma relative incompétence en matière de comédies britanniques. Je compte donc sur votre vigilance pour me taper sur les doigts et me faire remarquer qu’une série britannique lancée après le 1er janvier 2010 méritait ici sa place (j’ai pensé à la France, mais je ne vois pas…). A noter qu’une seule de ces comédies (la n°2) a été officiellement achetée par une chaîne française (et diffusée, sur Orange en l’occurrence)…
5. Better With You.
Voici une preuve de la faiblesse de cette année 2010 en terme de comédies. Sympathique sitcom, Better With You n’est pas franchement à se tordre de rire, mais elle possède assez d’arguments pour dépasser la majorité d’une concurrence poussive en terme de comédies grand public (Shit My Dad Says, Mike & Molly, etc.). Cette histoire de couples (un tout frais, un plus ancien mais pas marié, et les parents, vieux et aigris) recycle mille clichés new-yorkais, enveloppe le tout de faux rires et de jolis meublés… mais non sans charme. La présence de deux anciens de Friends aux manettes n’est pas pour nous déplaire. Sans présager d’un avenir comparable, disons que Better With You veut être la prochaine sitcom, après How I Met Your Mother, à reprendre le flambeau des aventures de Rachel, Ross, Joey et les autres. Une noble mais périlleuse mission.
4. Archer.
En matière de comédie, il ne faut jamais oublier l’animation. Family Guy, American Dad, Les Simpson et consort ont pas mal de leçons à donner à leurs cousins en chair et en os. Drôle de comédie signée FX (qui sait nous faire rire, la preuve un peu plus bas dans ce post), Archer se paye la tête des espions façon James Bond, avec son héros machiste, grossier, con, incapable, dangereux et surtout sérieusement dérangé par son complexe d’Œdipe (sa mère est aussi sa patronne, ça n’arrange rien). Graphiquement, c’est assez moche, mais dans le texte, c’est assez politiquement incorrect et grotesque pour qu’on en redemande. La bêtise, quand elle est prise avec dérision et saupoudrée de références culturelles, fait plaisir à voir.
3. Raising Hope.
Dans la famille rednecks, je vous voudrais le père. Pardon, les pères. Imaginée par les créateurs de My Name is Earl, Raising Hope surfe habilement sur la vague de ploucs qui envahit la télé américaine depuis l’an dernier. Le talent de cette comédie familiale, c’est de savoir rendre attachant ses héros cons et tendres à la fois. On y parle d’éducation, de comment faire d’un bébé tombé là presque par hasard un redneck digne de ce nom, de relations entre parents et enfants, d’amitié et surtout d’amour, le tout avec un sens de l’humain bien plus fin qu’il n’y paraît. Entre deux bonnes blagues (la découverte de la vraie identité de la mère de Hope, dans le pilote, est tordante), ce qui compte ici, c’est d’affiner les personnages. Ça tombe bien, le casting est brillant, avec une mention pour un des chouchous de ce blog (et de la critique en général), Garret Dillahunt, habitué aux rôles de salauds, ici hilarant en « pilier » de famille resté coincé à l’adolescence.
2. How To Make It In America.
Certains me suggéraient d’en parler dans les drames. J’opte pour la catégorie comédie. HTMIIA est une comédie dramatique, qui ne cherche pas à provoquer l’hilarité, mais où l’optimisme et la bonne humeur emportent tout. Certes, la noirceur est y menaçante, le risque d’échec permanent, la solitude sentimentale à chaque coin de rue… mais malgré tout, ce pur produit HBO reste la plus « feel good » des séries de l’année à mon sens. On en sort bondissant, amoureux de New York et fan d’Aloe Blacc, certain que Ben et Cam finiront par s’en sortir, par vendre leurs satanés jeans. On rit souvent, mais surtout on sourit. Comme à chaque fois qu’on replonge dans l’album photo de nos meilleures soirées entre potes. Plus sympa que ce casting là, on ne fait pas, plus cool que leurs aventures, impossible, plus fashion que leurs sorties, je ne vois pas. HTMIIA a la classe jusque dans ses lourdeurs – quand elle essaye de faire de la grosse comédie, justement. Son propos sur l’Amérique du lendemain de crise, son vague espoir d’un rêve américain retrouvé – à quel prix ? – et ses intrigues sentimentales joliment troussées – dont une chouette bromance entre Ben et Cam – n’enlèvent rien à notre plaisir. Vivement la suite.
1. Louie.
J’ai déjà dis ici tout le bien que je pense de Louie, sans doute la comédie la plus marquante de ces dernières années. Louie n’a peur de rien, ni du ridicule, ni du politiquement correct, ni du mauvais goût, ni des codes, de tous les codes. Suite de séquences de stand up et de scénettes tirées du quotidien (fictif) de Louis CK, comique américain inconnu chez nous, créateur, réalisateur, producteur, scénariste et interprète, cet ovni renouvelle avec un culot salvateur la comédie télé. A coup de blagues aussi douteuses qu’hilarantes, Louie s’amuse de tout, du racisme, de la pédophilie, de tous les pires maux, à commencer par les souffrances existentielles de son personnage dépressif. Parfois absurde, bourrée de seconds rôles de très haute volée (Ricky Gervais, en médecin à baffer, est immense), Louie mêle aux petits plaisirs des séquences comiques quelques moments d’éternité humoristique, comme la déjà culte partie de poker de l’épisode 2 ou cette scène ahurissante, où Louis démonte, en public et en direct, une pauvre spectatrice coupable de parler trop fort. Au delà de sa puissance comique, la série de FX offre un portrait émouvant d’un quarantenaire fatigué, une réflexion noire de noire sur le temps qui passe, le corps qui s’épuise et la mort qui rode. Acide, hilarant, osé, novateur, casse-gueule, touchant, magistralement incarnée : tout ce qu’on aime.
Image de Une : Louie, FX.
Tout d’abord, bravo pour ce blog – désolé, je ne savais pas sous quel post écrire ceci.
Interpellé il y a peu par l’intérêt des chroniqueurs pros pour les séries, j’ai eu envie de découvrir cet univers.
Et ce blog a su me donner l’envie de découvrir certaines d’entre elles, voire de dépasser d’éventuelles idées reçues sur d’autres.
Voilà, c’est dit! 🙂
Pour en revenir au top 5:
Je trouve aussi excellent Louie et suis souvent surpris de voir autant de personnes adhérer à cet humour des plus noirs.
Il est intéressant de voir qu’à la TV US puissent cohabiter des séries dans le plus pure tradition sitcom et des ovnis comme celui-ci.
Dans un tout autre style, Raising Hope paraît chouette aussi même si je n’ai vu que le premier épisode. Un peu lent à démarrer, peut être.
How to make it in America : sous ses airs un peu légers, un vrai divertissement bien ficelé. “Feel good” parait effectivement correspondre parfaitement!
Je n’ai pas encore vu les 2 autres…
J’ai beaucoup aimé The Good Cops qui aurait pu (me semble-t-il) être citée.
The Good Guys, oui, sympa, pas indispensable selon moi. Mais agréables, certes.
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par MrSeries, Xavier Eutrope. Xavier Eutrope a dit: http://tinyurl.com/29sgg5v L’heure du bilan 2 : les comédies [Slate.fr][Têtes de séries]. […]
Dommage que Community ne puisse pas apparaître dans ce classement. J’ai trouvé une petite baisse de régime au début de la saison 2 mais l’épisode 9 rattrape tout!
Le délire organisé dans le style de l’épisode “modern warfare” de la saison 1 est tout bonnement hilarant.
“Memphis Beat”. Rien mais rien de rien sur cette série…
pierrelanglais aurais tu une réponse ?
Cher William, je ne suis personnellement pas fan de Memphis Beat, qui se rapproche plus du drama que de la comédie selon moi. Elle aura une seconde saison sur TNT l’été prochain, mais pas d’acheteurs français pour le moment. Je pense que ces séries dans l’Amérique profonde (dont l’excellente Justified) font peur au acheteurs français. Trop ricain, donc cryptique pour le public français…
D’accord ! Cela explique ma problématique avec cette série, je n’ai vu que deux épisodes et pas possible d’en voir plus ! J’aime beaucoup Jason Lee (présent dans Raising Hope évidement ^^) et j’étais curieux d’en voir plus. C’est assez décalé et niais jusque là mais c’est du Jason Lee : on aime ou pas du tout.
Merci de ta réponse.
Au plaisir…