Un dernier Heroes pour la route

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Heroes, c’est fini. Après quatre petites saisons, un des phénomènes grand public des années 2000 ferme ses portes pour de bon avec la sortie en DVD, chez nous, de sa quatrième et ultime saison*. D’abord acclamée pour ses qualités visuelles indéniables, puis raillée pour ses énormités scénaristiques et ses personnages trop nombreux et pas assez fins, la série n’aura vraiment fonctionné à plein régime qu’une saison, avant de perdre peu à peu son public. De passage à Paris au printemps dernier, James Kyson Lee, l’interprète d’Ando, revenait sur la fin de la série, sur l’évolution de son personnage, son expérience, etc. A l’époque, on croyait qu’Heroes aurait droit à une conclusion en forme de téléfilm. Depuis, NBC a changé son fusil d’épaule…

Était-il temps pour Heroes de raccrocher ?
Je crois oui. Quand vous partez et que les gens en veulent encore, ce n’est pas nécessairement la pire des sortie. Nous aurions pu tenir une saison de plus, il y avait de quoi faire, mais ce n’est peut-être pas plus mal de s’arrêter sur une bonne note, plutôt qu’au moment où il n’y aurait eu plus rien à dire…

Ça fait quand même un moment qu’on se doutait d’une future annulation. Vous y étiez préparé ?
Je ne sais pas si j’étais près, mais aujourd’hui, à la télévision américaine, on sait qu’une annulation peut arriver du jour au lendemain. Les règles du jeu ont changées. Les gens ne s’assoient plus ensemble devant la télé. Ils regardent les séries sur leurs ordinateurs, légalement ou pas. Heroes est la série la plus illégalement téléchargée au monde — ce qui est une distinction un poil vicieuse — mais ce que regardent les studios et les diffuseurs, ce sont les audiences de Nielsen (le cousin de Médiamétrie, pour dire les choses simplement), qui déterminent le prix des pubs… Si on prenait en compte toutes les formes de consommation, alors Heroes serait encore là. Au-delà de ça, NBC veut prendre un nouveau départ, a beaucoup de choses en préparation pour 2010-2011, elle voulait donc se débarrasser de vieilles séries comme Heroes ou Law & Order.

Y aura-t-il une vraie fin à Heroes ?
Nous avons bon espoir de faire un téléfilm ou une mini-série. A mon sens, le plus long sera le meilleur, car il y a plusieurs histoires à boucler. Trois ou quatre épisodes, ce serait bien. Bon, si on a deux heures, ce sera déjà pas mal (au final, il ne devrait rien y avoir… ndlr).

Ando était au départ le pote parfait, le partenaire sans pouvoirs qui faisait tapisserie sympa aux côtés d’Hiro… puis il a gagné en importance, avant d’obtenir ses propres pouvoirs. Ça vous a plu cette évolution ?
Initialement, je ne savais pas trop combien de temps j’allais rester dans la série. Je crois que les scénaristes se sont rapidement rendus compte qu’Hiro ne fonctionnait pas aussi bien sans Ando. Leur chemin est unique, ils sont liés l’un à l’autre, ce qui est très intéressant comparativement aux autres personnages, plus solitaires. C’est une vraie amitié, pleine d’humour… Au début de la troisième saison, alors que je m’étais habitué au personnage, que je me disais qu’il fallait faire avec ses limites, un des scénaristes est venu me voir et m’a dit “je crois que tu va avoir une bonne surprise.” Et c’est là que j’ai réalisé que j’allais avoir des pouvoirs. Si nous avions eu cinquième saison, j’aurais vraiment aimer voir Hiro et Ando devenir ennemis et se battre l’un contre l’autre…

Vous l’aimez bien, le superpouvoir d’Ando ?
Ouais, j’aime bien. On pense qu’il ne sert qu’à booster les pouvoirs des autres, mais en fait il peut faire des boules d’énergie et les jeter sur ses ennemis. Un peu comme dans Dragon Ball. Je me suis d’ailleurs inspiré du kameamea… et de Street Fighter (il mine le geste, les mains jointes sur le côté).

Ando et Hiro n’en n’ont pas perdu leur côté clown pour autant…
C’est assez rare dans un drame comme Heroes de voir autant de comédie. Cet humour est né dans la première saison, du fait qu’Hiro et Ando n’avaient pas vraiment leur place dans le monde des superhéros. C’est quelque chose qui n’était pas écrit, qu’on trouve plutôt entre les lignes, et qui est resté ainsi jusqu’à la fin. Je n’ai jamais voulu faire d’Ando un clown, mais plutôt laisser la comédie venir entre les scènes ou les répliques plus graves.

Vous êtes d’origine coréenne, et on vous a casté pour jouer un Japonais…
Franchement, ça a été un boulot dingue d’avoir l’air crédible en Japonais. J’ai passé pas loin de 40 heures par semaines, au lancement de la série, pour apprendre les bases du japonais. Mémoriser mes répliques ne suffisait pas, j’ai décidé d’apprendre la langue. D’ailleurs, je continue, même après la fin de la série. Pendant le tournage, je recevais les textes en anglais, puis je les traduisais moi-même avec mon prof de japonais. Ça n’est pas un boulot qui se fait avec un dictionnaire. Il faut prendre en compte les éléments culturels. Ando n’utilisera par exemple pas le même vocabulaire face au père de Hiro et face à Hiro lui-même.

A ce propos, Heroes, avec tous ces personnages venant de pays différents et parlant, à l’écran, leur propre langue, a sans doute été la série internationale par excellence. L’avenir de la télévision ?
Je pense oui. C’est une des grandes inventions de la série, mais c’est peut-être aussi ce qui lui a été fatal, car il a fallu recréer tous ces pays à Los Angeles, en décors… et ça coûte très cher. Je pense que d’ici dix ou vingt ans, Lost et Heroes, avec leurs castings internationaux et leur approche très mondialiste des enjeux narratifs, seront considérées comme des pionnières.

*Heroes, saison 4, disponible en DVD et Blu Ray, 19 épisodes + bonus, Chez Universal Pictures Vidéo, le 28 septembre. 33,99€ à la Fnac.

Image de Une : Heroes, NBC, Universal.

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