XXL
Les ossements qui font office de vedettes de 90210 peuvent se faire du souci. Les gros sont à la mode. Il est encore un peu tôt pour parler de tendance, mais déjà deux séries américaines en cours de production ou de diffusion font la part belle aux gras, aux vrais, aux obèses comme on en croise un toutes les deux secondes dans les rues étasuniennes. Huge, qui a débuté cette semaine sur ABC Family, met en scène un camp pour ados en surpoids, et la sitcom Mike & Molly, prévue pour septembre, se payera gentiment la tête d’un couple décidé à perdre quelques tailles.
Ce n’est pas la première fois que l’obésité est mise en avant dans les séries américaines, mais étant donné la gravité de la situation du pays sur cette question, dire que les “personnes larges”, comme on dit là-bas, sont sous-représentée, est un gros euphémisme. Fat Actress, tentative la plus marquante de comédie sur les kilos en trop (l’actrice Kristie Alley s’y tournait en dérision) n’a tenue que sept épisodes en 2005. La même année, Starved (“affamé”), pochade sur des héros victimes de troubles alimentaires, n’a pas tenu plus longtemps. De son côté, Drop Dead Diva, sur les aventure d’un top modèle réincarné dans le corps d’une avocate fan de donuts, ne pousse pas très loin sa réflexion — humoristique et dramatique, malgré un gentil message de tolérance. Son héroïne, certes ronde, est loin de l’obésité, et clairement bien dans sa peau. Du coup, on ne se moque pas longtemps de ses formes.
Imaginée par la créatrice de Angela, 15 ans, adaptée d’un roman, Huge est une excellent surprise, une série ado intelligente, qui évite les blagues potaches tout en se moquant, affectueusement, de ses jeunes héros, et parvient assez bien à transcrire leur double malaise, celui d’être gros, et celui d’être adolescent. Difficile d’analyser le propos de Mile & Molly, la série n’ayant pas été diffusée. A voir sa bande annonce, on peut être inquiet, d’autant qu’on doute que CBS soit le meilleur endroit pour verser dans le politiquement incorrect. Reste qu’il s’agit d’une création de Chuck Lorre (Mon Oncle Charlie, The Big Bang Theory), qui en connait un rayon en sitcom. Espérons qu’il se soit souvenu du plus redoutable ventre de l’histoire des séries, Kubiac, de Parker Lewis ne perd jamais, qui mériterait presque qu’on invente une série juste pour lui…
Image de Une : Huge, ABC Family
3 commentaires pour “XXL”
Qui suis-je
Journaliste spécialiste des séries télévisées, je collabore avec Télérama, Le Mouv', Le Mag Séries et L'Optimum.Crédit photo : Christophe Abramowitcz, Radio France
Ou est ce que l’on peut voir HUGE ?
Comme dit dans le papier, sur ABC Family, aux Etats-Unis. Pour la France, il faudra attendre. A mon avis, ça finira sur Canal+ Family, au mieux en journée sur Canal. Mais ce n’est qu’une supposition, je n’ai pas d’infos là dessus.
Sans parler de la diffusion de ces séries-là (Drop Dead Diva passe sur Teva en soirée quand même), c’est pas demain la veille de voir en France de telles séries ou de tels personnages, qui ne soient pas dévalorisés ni représentés, pour le peu qu’on les voit, comme des clichés vivants. Ah, les bonnes idées sur les gros (le gentil, naïf, idiot qui ne séduit jamais et n’est jamais le héros) ou sur les grosses (pauvre femme qui doit maigrir pour espérer accrocher du mâle, qui ne peut pas être héroïne sans que son obésité ne soit mise en scène, etc. etc.)…
En France, de toute façon, la discrimination envers les gros est la seule qu’on ne stigmatise pas…
Sinon je ne suis pas bien d’accord avec votre point de vue sur Drop Dead Diva. La jeune femme n’est certes pas obèse morbide, mais elle est obèse. Et c’est rare de voir une jeune femme ronde comme héroïne d’une série, qui vit bien ses rondeurs, qui sort avec des hommes comme tout le monde, etc… Je ne suis pas bien certaine qu’il faille pousser la réflexion sur les gros, sur l’obésité et ses déboires pour faire du bien aux obèses. Je pense qu’il faut juste les intégrer comme des personnes normales, qui peuvent interpréter tout type de rôle sans être forcément le bon pote ou la gentille femme du facteur, mais juste comme une composante de la population (ce qu’ils sont, par ex. 40% des femmes françaises font une taille 44 ou plus).