Tirer la Chase d’eau…

Aux États-Unis, cette semaine, se déroulent les “upfronts”, grande messe annuelle où les networks (les grandes chaînes) annoncent leurs grilles de la prochaine rentrée. On y apprend quelles séries vont partir, quelles séries sont reconduites et, surtout, on y découvre les premières images des nouveautés. Cette année, la première à dégainer a été NBC. La chaîne, qui a par ailleurs abandonné Heroes et la doyenne Law & Order sur le bord de la route, est en manque de cartons d’audience. Depuis Urgences, elle cherche un blockbuster pour faire de l’ombre à Fox, CBS et ABC, qui détiennent tous des mastodontes comme House, NCIS et consorts. Cette année, NBC a donc mis le paquet. Et dans le paquet, forcément, il y a un projet de Jerry Bruckheimer, Mr. Blockbuster de la télé et du cinéma américain. Ça s’appelle Chase, et c’est un excellent exemple de l’indigence scénaristique qu’on tolère aux gros producteurs dans son genre (voir vidéo en fin de post).

Au risque de se planter, nous le dirons donc ici avant même la diffusion du premier épisode de la série, à la rentrée : Chase sera un navet sans intérêt, qui, si il fonctionne (et on en doute), ne gagnera que les qualificatifs peu flatteur d'”efficace”, au mieux de “distrayant.” Autrement dit, un pur produit de consommation, pas désagréable en état de fatigue avancée, mais révoltant pour quiconque aime pratiquer son esprit critique. Le pitch de Chase ? Une équipe de flics traque les fugitifs les plus recherchés du moment. Et ? Et c’est tout. En 2005, Wanted, sur un sujet identique (et avec un casting plus rugueux) n’avait tenu que 13 épisodes. A quoi bon remettre ça ? Sans doute NBC se dit-elle qu’une production Bruckheimer fera forcément du bruit. Les seuls bruits que fera Chase seront sans doute les pif paf boum de ses scènes d’action.

Le casting de cette petite chose produite à coups de millions de dollars en dit long, lui aussi, sur sa probable nullité. Pour mener les opérations, Kelli Giddish, héroïne d’une des plus grosses catastrophes de l’an passé, Past Life. Une charmante actrice, mais dont on doute de l’épaisseur dramatique. A ses côtés, deux seconds couteaux de gros cartons passés : Amaury Nolasco, le Sucre de Prison Break (l’accent en moins) et surtout Jesse Metcalfe, à jamais coincé dans le jardin de Gabrielle Solis à tailler des massifs torse nu… NBC a sans doute dans ses cartons quelques jolis projets (The Event, avec Blair Underwood, descendant de 24, The Cape, histoire de superhéros, ou Outsourced, comédie sur un Américain délocalisé en Inde, pourraient nous réserver quelques beaux moments), mais elle nous offre avec Chase le premier probable nanar de l’année sériel 2010-2011. En espérant qu’il ne soit pas le premier d’une longue liste…

Image de Une : Past Life, Fox.