24 est de retour aux États-Unis depuis deux semaines. Ça fait du bien. Jack Bauer va enfin pouvoir éclater la tête (ou les genoux, selon son humeur) d’une brochette de belles têtes de salauds. Un défouloir sans égal au pays des séries, qui repose sur une science du casting unique. Rarement une série nous aura offert une telle collection de sales gueules, des méchants, des vrais, reconnaissables en un coup d’œil. Du pur délit de sale gueule télévisuel et une leçon de “comment transformer un acteur de seconde zone en terroriste en puissance.”
Règle numéro 1 : prenez-le étranger. En général, ça ne manque pas, surtout dans une série foncièrement de droite comme 24 (oui, oui, David Palmer était un Président noir et humaniste, mais ça ne fait pas de la série une œuvre progressiste pour autant, on ne va pas relancer le débat ici). Très tendance en ce moment, l’Iranien, mais aussi le Russe, qui revient en grande forme. 24 a aussi donné dans le Chinois (facile, mais pas si commun), l’ancien tortionnaire Yougoslave, le narcotrafiquant Mexicain, le Britannique vicieux, le salop de Français (très tendance dans l’Amérique post-Villepin) et, plus récemment, le dictateur Africain. Cette règle n’est cependant pas suffisante, puisque les méchants étrangers ont toujours de vilains collègues Américains pour les aider. Dès-lors, comment reconnaître le méchant non-étranger, sans accent et non “visible” (comme dirait l’autre) ?
Règle numéro 2 : pour cela, il y a deux ou trois signes qui ne trompent pas : le méchant sera souvent riche et très puissant, mais surtout avide de pouvoirs… donc, en cherchant bien, frustré, petit joueur, écrasé par sa femme, etc. (exemple criant, le Président Logan). Il sera, de préférence, laid, dégarni, buriné, vieillissant, etc. Si par hasard il était beau, c’est qu’il est plus vraisemblablement homme de main (ou femme de main, voir la redoutable Mandy), tueur à gage, bref, “freelance”. Donc pas méchant vicieux, plutôt autoentrepreneur sans scrupules. Et si le méchant ressemble à Monsieur tout le monde ? (ça arrive, même si c’est rare…)
Règle numéro 3 : pour ça, il y a la règle trois, celle de l’expression facile. Un méchant ne sourit jamais (ou seulement quand il arrache les dents de sa victime). Plus important, il plisse les yeux et sert la mâchoire, voire fait une moue très particulière, imitant le bulldog, en moins sympa. Le méchant est aussi rarement rasé de près (sauf dans la catégorie homme de main au sang froid) et plutôt sale. S’il est infiltré chez les gentils, il aura constamment l’air paniqué, jettera des coups d’oeil autour de lui et passera des coups de fils entre deux portes.
Si avec ça vous avez encore du mal à faire la différence entre Jack Bauer et ceux qu’il finira par tuer (si possible en les cognant un bon coup d’abord), alors on ne peut plus rien faire pour vous : vous êtes un type honnête et sans a priori.
Image de Une : Kieffer Sutherland, alias Jack Bauer, et son nouvel opposant, Jürgen Prochnow, alias Sergei Bazhaev (24 / FOX).
Bonjour,
Voilà un billet écrit un peu rapidement. Et qui ne pose pas vraiment les bonnes questions sur cette série.
Reprenons dans l’ordre inverse.
3) Le méchant ne sourit jamais, il plisse les yeux et sert la mâchoire. Il aurait certainement fallu s’interroger sur le fait que ce faciès (mot à la mode) est celui de Jack Bauer depuis 8 ans. Je pense que la “ressemblance” entre Jack et ceux qu’il pourchasse était plus pertinente et ouvrait plus de perspectives.
2) le méchant est riche, très puissant et avide de pouvoir. Dans la saison 7, le méchant Jonas Hodges n’est autre que John Voigt, le père d’Angelina Jolie. S’il est quelque chose c’est une caricature de l’homme d’affaires américain, dans le genre vieux beau. Son problème n’est pas celui du pouvoir. Il l’a. Son problème est celui de la défense de certaines valeurs extrêmement conservatrices. Il est en lutte contre ce qu’il considère comme une faillite de l’autorité publique. Là encore, un des thèmes récurrents et très importants (dans les classes les plus républicaines de la population – cf. ce qu’il se passe dans le Montana) de la vie américaine. Je dirais même qu’il y a une forme de critique de cette population.
1) Il y a là une sorte d’absence de recul. Les Etats-Unis sont le seul pays du monde qui soit en contact avec tous les autres pays du monde. De plus, c’est un pays d’immigration. Donc, un pays dont le territoire est peuplé de gens venant quasiment de tous les horizons. Des Russes, des Italiens, des Français, des Anglais, des Arméniens, des Afghans et j’en passe. Cette réalité ne peut pas être niée car elle engendre des problèmes qu’aucun autre Etat ne peut connaître. Et en même temps, cette diversité permet à une oeuvre de fiction de piocher dans n’importe quelle communauté tout en restant crédible.
Comme dit en introduction. Un peu trop de précipitation dans la rédaction de ce billet qui traite en fait un faux sujet.
Bonjour,
Il ne s’agit pas de prendre au sérieux ce billet, qui n’est là que pour s’amuser un peu. Merci pour votre analyse un brin trop sévère, mais intéressante 🙂
Ah ! Donc, c’était un billet de dérision. Bizarre. Le ton m’était apparu extrêmement sérieux et justement sans aucun amusement. Très didactique. Mais maintenant que vous le dites. Au détour d’une ponctuation et en y réfléchissant à trois fois, pourquoi pas.
Euh, je croyais que ma chute finirait de faire comprendre que je ne me prends pas au sérieux là-dessus, mais bon… D’ailleurs, ça fait bien longtemps que je ris plus qu’autre chose en regardant 24. Un plaisir coupable de plus, tiens…