Qui l’eut cru? La Commission de Bruxelles s’est réveillée! En autorisant la production de la pomme de terre Amflora, elle sort l’Europe de 12 ans d’immobilisme sur le sujet des OGM. La seule et dernière autorisation, celle du maïs Monsanto 810, remonte à 1998. Le président Manuel Barroso avait déjà fait un pas utile en retirant le dossier des OGM au commissaire à l’environnement pour le confier à celui de la santé. Cette attribution était une des causes du blocage.
Mais avec la pomme de terre, il renvoie les Etats membres devant leur responsabilité: vous pouvez l’interdire chez vous, mais pas au niveau européen. Une nouvelle directive précisera avant l’été cette liberté laissée aux gouvernements des 27. L’Union va probablement se couper en deux avec une grosse douzaine de pays anti OGM dont la France et l’Italie et le reste, 12 à 14 sur les 27, favorables à leur culture. Voilà donc l’Union sortie à moitié de l’immobilisme, c’est déjà ça!
Rappelons que cette Amflora attendait depuis 13 ans cette autorisation et que l’Autorité européenne de sécurité alimentaire, après de longues études, a indiqué qu’elle ne posait pas de problème de santé. Cette pomme de terre contient plus d’amidon que les espèces naturelles, elle est destinée à la papeterie ou à l’industrie textile. Bruxelles a aussi autorisé qu’elle serve d’aliment pour animaux, ce qui soulève la colère des José Bové. Sur sa lancée, la commission a donné un feu vert à trois nouveaux maïs de Monsanto.
Les OGM se développent de 7% par an dans le monde avec des cultures croissantes aux Etats-Unis et au Brésil. L’Europe est très en retard sur leur production.
Photo: José Manuel Barroso / Wikimedia
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lire le billetQui l’eut cru? Ferrari, le constructeur mythique de bolides rouges, le champion historique des Grand Prix de F1, a présenté à Genève un «concept» de voiture hybride de couleur vert pomme. En réutilisant l’énergie du freinage, comme sur ses F1, la marque italienne promet des émissions réduites de 35%. Cette HY-KERS (c’est son nom) doit permettre à Ferrari de rester «en avance technologique» sur tous ses concurrents. Sans doute, mais une Ferrari «écolo»!… C’est comme la fin des vroom vroom!
lire le billetTrès bon article de François Ewald dans Les Echos, du mardi 2 mars, en défense de Claude Allègre. L’ancien ministre socialiste, rallié à Sarkozy, a écrit un livre contre «L’imposture climatique» où il dénonce les «intérêts» de ceux , les Al Gore, qui poussent des cris alarmistes contre le réchauffement. Ce livre a fait l’objet de descente en flammes dans la presse pour des «fautes» relevées. Français Ewald écarte ces erreurs pour faire «l’apologie» de Claude Allègre dans sa démarche appuyée sur le doute scientifique et les étonnements. «Dans nos sociétés, la science est prise dans des enjeux politiques et économiques où le savant, devenu expert, risque d’abandonner les principes de son éthique en devenant l’avocat d’une thèse que les faits doivent, bon an mal an, venir corroborer. Par un étrange retournement, la science n’est plus aujourd’hui ce qui vient décevoir les préjugés» mais ce qui vient les consolider.
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lire le billetOn se s’alarme pas à Londres du glissement de la livre, lundi 1er mars après la publication de certains sondages qui montrent que les travaillistes sont repassés devant les conservateurs pour les élections législatives du 6 mai prochain, mais sans que se dégage de majorité claire. On ne se s’alarme pas car la dévalorisation de la monnaie fait partie de la stratégie de relance d’après-crise. Depuis deux ans, la chute a été de 25%, vis-à-vis de l’euro, autant de compétitivité gagnée pour les exportateurs de l’industrie britannique qui sont plus nombreux qu’on ne croit.
Il en serait tout autrement si les marchés venaient à s’inquiéter vraiment et s’ils pénalisaient les taux d’intérêt de long terme. Le déficit budgétaire britannique est en effet de 13% du PIB et le gouvernement issu des élections aura bien du mal à le réduire. D’ailleurs, ni le Labour, ni les Tories n’ont encore explicité officiellement leur stratégie d’ajustement. Plus exactement, les travaillistes dénoncent les «coupes thatchériennes» que se préparent à faire leurs adversaires, sous entendant par là qu’ils ne procéderaient pas à une réduction drastique des moyens des services publics, santé, éducation, transports. Mais alors où trouveront-ils les économies nécessaires? Les conservateurs souffrent de n’avoir pas de stratégique économique claire et du manque de leadership de leur chef de file David Cameron. Mais plus Gordon Brown, solidement appuyé par son second Peter Mendelson, s’approche de la victoire, plus l’agitation des marchés va grandir.
Sur le fond, personne à Londres ne songe à une évolution «à la grecque». Car si le déficit est lourd et s’il faut, comme en Grèce le réduire de 8 points de PIB, la dette a été maintenue à 40% du PIB grâce à la «règle d’or» de Gordon Brown, rien à voir avec Athènes où elle va monter à 130%. Bref, no worry.
Image: House of Parliament & Westminster Bridge / Boot Shrew via FlickrCC
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