Le Parler Baroque qu’on aime

 

 

 

 

 

 

Coup de coeur, coup de foudre pour  Jean-Denis Monory et sa Fabrique à Théâtre !

Ses Folies Françaises offertes ces derniers jours dans le beau théâtre de l’Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes ont le goût délicieux des plaisirs éternels. Tout y concourt : la saveur douce-amère du Clavecin d’Armelle Roux, les ombres et les flammes de l’éclairage à la bougie, les Fables merveilleuses de Jean de La Fontaine. Bien sûr, on les connaît par coeur, mais quel plaisir de les retrouver articulées dans la langue des Mousquetaires.

Jean-Denis ne nous prive pas du plaisir de retrouver dès les premiers mots ce Corbeau et ce Renard, avec quelle allure ! On l’écoute croasser, on l’entend rusé comme le Compère. Et puis, la trame dessinée, on embarque avec lui sur le fleuve magique de la belle langue française… Le lion et le moucheron, Pérette, les deux Pigeons, la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, tous s’incarnent sur scène grâce aux mots et aux mimes de l’acteur.  Paisibles, le clavecin va aussi son chemin au fil des suites de Couperin et nous dépeint les sentiments dans leur pureté virginelle : la fidélité, la pudeur, l’ardeur…

 

 

 

 

 

 

Ces Folies Françaises offrent une mise en bouche savoureuse de la belle saison d’amours à laquelle nous invite la Fabrique à Théâtre, la compagnie de Jean-Denis Monory pendant toute cette saison 2012-2013…

Des Contes Baroques de Perrault aux Femmes savantes, en passant par la création O Amour, un voyage dans l’imagine baroque à ne pas manquer partout où il passe et à poursuivre aussi à l’Epée de Bois, à la fin de ce mois, avec Passionnément, Anna Magdalena,  les confidences d’Anna Magdalena, l’épouse de Jean Sébastien Bach. J’y cours ! J’y vole !

 

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Les oiseaux lyres de Christina Pluhar

 

 


Chaude, douce, veloutée, rauque, aigue, perdue : quelle est la voix de l’amour ? Quels sont nos accents quand nous aimons, quand tout en nous nous vibre de tendresse ? C’est le secret qu’étudie patiemment depuis plus de dix ans Christina Pluhar. Au luth, au théorbe, à la harpe, à la guitare, avec ses musiciens, elle soutient, elle déploie, elle aide les voix les plus troublantes à prendre leur envol.

Philippe Jaroussky, Lucilla Galeazzi, Vincenzo Capezzuto, Raquel Andueza, Luciana Mancini, des personnalités, des voix troublantes, timbres féminins ou masculins, fusionnés et mêlés à plaisir… Pas de certitude possible, ni mâle ni femelle, ni Yin, ni Yang. Juste le sentiment partagé, à travers un même timbre qui dit l’émotion, à fleur de peau.

Comme les oiseaux perdus (« Los Pajaros perdidos »), cette musique de l’âme cherche les refuges ombragés où elle pourra se poser et s’épanouir. Ce que Christina Pluhar lui offre dans ses concerts qui sont autant de refuges, d’espaces où nous pouvons enfin espérer échapper à la prison du temps.

En 2000, en fondant l’Arpeggiata, nom empruntée à Girolamo Kapsberger, Christina Pluhar rendait à la musique sa mission universelle, astronomique. Il y a dix ans, avec Tarentulae, elle nous disait comme la danse peut être transe, médecine parallèle, escalier vers des mondes supérieurs. Teatro d’amore entama la quête de cette autre voix, qui n’est justement pas celle des anges, mais celle des humains, hommes et femmes, dans leur plus belle réalité. Ses berceuses baroques nous envoûtent pour longtemps.

Avec Los Parajos Perdidos, sur un continent sud-américain rêvé où les chants traditionnels cohabitent avec Tarquinio Merula, Antonio Soler, Ariel Ramirez, Astor Piazzola et Consuelo Velazquez, cette lune rousse qui mène sa troupe d’un simple regard avance un peu plus dans cette quête mystérieuse et infinie.

 

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