Les oiseaux lyres de Christina Pluhar

 

 


Chaude, douce, veloutée, rauque, aigue, perdue : quelle est la voix de l’amour ? Quels sont nos accents quand nous aimons, quand tout en nous nous vibre de tendresse ? C’est le secret qu’étudie patiemment depuis plus de dix ans Christina Pluhar. Au luth, au théorbe, à la harpe, à la guitare, avec ses musiciens, elle soutient, elle déploie, elle aide les voix les plus troublantes à prendre leur envol.

Philippe Jaroussky, Lucilla Galeazzi, Vincenzo Capezzuto, Raquel Andueza, Luciana Mancini, des personnalités, des voix troublantes, timbres féminins ou masculins, fusionnés et mêlés à plaisir… Pas de certitude possible, ni mâle ni femelle, ni Yin, ni Yang. Juste le sentiment partagé, à travers un même timbre qui dit l’émotion, à fleur de peau.

Comme les oiseaux perdus (« Los Pajaros perdidos »), cette musique de l’âme cherche les refuges ombragés où elle pourra se poser et s’épanouir. Ce que Christina Pluhar lui offre dans ses concerts qui sont autant de refuges, d’espaces où nous pouvons enfin espérer échapper à la prison du temps.

En 2000, en fondant l’Arpeggiata, nom empruntée à Girolamo Kapsberger, Christina Pluhar rendait à la musique sa mission universelle, astronomique. Il y a dix ans, avec Tarentulae, elle nous disait comme la danse peut être transe, médecine parallèle, escalier vers des mondes supérieurs. Teatro d’amore entama la quête de cette autre voix, qui n’est justement pas celle des anges, mais celle des humains, hommes et femmes, dans leur plus belle réalité. Ses berceuses baroques nous envoûtent pour longtemps.

Avec Los Parajos Perdidos, sur un continent sud-américain rêvé où les chants traditionnels cohabitent avec Tarquinio Merula, Antonio Soler, Ariel Ramirez, Astor Piazzola et Consuelo Velazquez, cette lune rousse qui mène sa troupe d’un simple regard avance un peu plus dans cette quête mystérieuse et infinie.

 

2 commentaires pour “Les oiseaux lyres de Christina Pluhar”

  1. La suivant, pas à pas depuis plus de dix ans, c’est avec l’assurance d’une joie promise que j’ai battu le froid pavé de Paris, pour gagner la salle Gaveau, mardi, et prendre place pour mon premier concert de l’Arpeggiata.
    J’avais aimé “Los Impossibles” et je trouvais le mariage heureux. Mais les King’s Singers y étaient pour beaucoup et je sais bien qu’on ne réédite pas un tel pari. Je n’avais pas écouté ” los pajaros perdidos”, j’y suis donc allé sans préjugé, un peu perplexe sur l’idée de poursuivre ce chemin-là mais confiant dans la qualité de ce que j’allais découvrir !
    Rien ne viendra, au sortir de ce long concert (deux heures), assombrir la belle image de Christina Pluhar, tant la cohérence des couleurs proposées, a pu, de minutes en minutes, composer une toile de pleinitude heureuse, aux mille nuances, tendue de virtuosité et d’inspiration…
    Difficile parfois de rester sur son siège, tant les rythmes nous soulevaient. On aurait aimer les garder encore, ces musiciens et ces orfèvres de la voix dont le plaisir vibrait à nous le partager !

    Heureux New Yorkais qui pouront, en mars, entendre quatre concerts différents en quatre jours !

    Revienne vite l’Arpeggiata, nous faire même cadeau…

  2. Heureux New-Yorkais, mais heureux habitants d’Ile de France qui pourront aussi, cher Blaise, retrouver l’Arpeggiata à Saint-Denis et à Poissy, en avril et en juin !

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