Le 119 c’est le numéro d’appel en cas d’urgence en Corée. L’équivalent du 911 aux Etats-Unis ou du Samu, des Pompiers et de Police Secours réunis en France. Mais en ce moment, 119 c’est le slogan d’une campagne de sensibilisation à la consommation modérée d’alcool. Il faut dire que la consommation d’alcool est tout sauf modérée ici et pose autant de problème que le « binge drinking » des Britanniques, si ce n’est plus.
Car en Corée, la consommation d’alcool est plus qu’un élément de convivialité ou qu’un moyen de déstresser. C’est souvent une obligation professionnelle, un prolongement des (longues) heures de bureau où les collègues, souvent accompagnés de leurs directeurs, vont lier les liens de camaraderie et de solidarité bénéfiques à l’entreprise. C’est également par une soirée fortement alcoolisée que les fournisseurs tentent de sympathiser avec leurs clients dans l’espoir de les fidéliser.
Surtout, l’objectif de la consommation d’alcool en Corée est simple: c’est la recherche de l’ivresse. Si bien qu’on ne dégustera pas son verre de vin pour accompagner son dîner, mais l’on ingurgitera autant de verres de Soju, sorte de vodka coréenne en plus diluée, que possible, et de préférence en « one shot », le cul sec coréen.
Le plus malheureux dans tout ça, c’est que même ceux qui ne goûtent pas aux plaisirs de l’alcool se trouvent souvent dans l’obligation de devoir s’engouffrer des « one shots ». Car même après les heures de bureau, même autour d’un barbecue coréen, c’est le directeur qui commande, c’est à dire généralement un quinquagénaire mâle qui boit du Soju comme du petit lait. Ajoutez à cela, que l’étiquette impose de boire tous ensemble en même temps et que souvent, le petit verre de Soju est plongé dans un grand verre de bière pour former le cocktail local « So-maek » (maekju = bière en coréen) et vous avez là tous les ingrédients pour rendre un maximum de gens complètement saoul en un minimum de temps.
D’autant que la série de « one shots » de soju ou de so-maek autour d’un barbecue n’est généralement que la première partie de soirée. Celle-ci se prolonge souvent par une deuxième escale dans un pub ou autre bars traditionnels coréens, avant de se terminer dans un Karaoké sous prétexte de dessaouler un peu en poussant la chansonnette (et en se désaltérant à la bière).
D’où le slogan 119 qui incite les gens à se limiter à un alcool et un endroit, pour terminer la soirée à 9h du soir. Si tôt ? Pas tant que ça si l’on considère que les soirées commencent généralement aux alentours de 18 heures ici.