Pour sentir l’emprise des Chaebols, ces groupes diversifiés, véritables conglomérats tentaculaires, sur l’économie de la Corée, un calcul simple suffit: additionnez les chiffres d’affaires 2009 des 5 principaux chaebols, Samsung Group, Hyundai Motor Group, LG Group, SK Group et Lotte Group. Vous obtenez la bagatelle de 490 milliards de dollars, pour un PIB coréen de 833 milliards de dollars. Ces 5 Chaebols pèsent donc pas loin de 60% du PIB de la Corée.
Par comparaison, les chiffres d’affaires 2009 cumulés des 5 plus grands groupes français que sont Axa, Total, BNP Paribas, Carrefour et GDF Suez donnent la somme de 694 milliards de dollars, soit un 25% du PIB de la France (2 649 milliards de dollars).
Cette emprise des Chaebols est palpable dans tous les aspects de la société coréenne, à commencer par le quotidien des entreprises. Rares sont les PME qui ne soient pieds et poings liés aux Chaebols. Pour un patron de PME, s’assurer une activité pérenne et un chiffre d’affaires régulier n’est faisable qu’en devenant fournisseur régulier d’un Chaebol et ce à n’importe quelles conditions. Prix, délais, cahier des charges, modalités de paiement: tout est laissé au bon vouloir du Chaebol qui dicte ses conditions, peut en changer sans préavis en fonction de ses impératifs, et s’attend en plus à bénéficier des largesses en nature (généralement de deux sortes: golf à l’oeil et soirées arrosées, voire accompagnées) qu’il pense être naturellement en droit de réclamer à son fournisseur. Un peu comme un seigneur féodal qui aurait tous les droits sur ses terres où survivent quelques serfs.
La mainmise des Chaebols sur les médias est encore plus flagrante que leur emprise sur l’activité économique de la Corée. Car retirez aux médias l’ensemble des marques qui représentent 60% du PIB de la Corée, et il ne reste plus grand monde pour acheter des espaces pub. Bien entendu, tout ceci est difficilement prouvable mais les témoignages que l’on entend ici et là sur le fonctionnement des médias coréens et de leurs relations avec les Chaebols est édifiant. Ainsi ce cadre d’un Chaebol qui me racontait comment fonctionne la cellule veille de la direction de la communication corporate de son groupe:
“Tous les matins, la cellule veille scanne les nouvelles du jour et remonte les sujets problématiques à sa direction. Celle-ci prend son téléphone et appelle les rédactions concernées pour leur dire que tel article pose problème et leur rappeler le budget pub annuel dépensé chez eux.”
Ajoutez à ce moyen de pression simple et efficace le fait que la Corée est une jeune démocratie sans longue tradition d’indépendance de la presse et vous comprendrez pourquoi la qualité du journalisme est si médiocre en Corée. Un simple coup d’oeil au JT de 21h vous fera regretter l’impertinence d’un 13h de Pernaut: passés deux ou trois sujets sur le temps qu’il fait (trop chaud, trop froid, ou magnifique), vous aurez droit à quelques sujets sur la Corée du Nord avec parfois un peu de Chine et de US (Actualité internationale), puis quelques sujets politiques avant d’attaquer le coeur de l’actualité: la rubrique faits divers et chiens écrasés.
Bonjour,
Etudiante en management Interculurel, mon thème de mémoire se porte sur le management coréen et notamment celui des Chaebols. Je suis tombé sur votre article au cours de mes recherches, (intéressant dit en passant). Je mène une étude sur la perception ou le vécu du management coréen/Chaebol.
Pourriez vous répondre à cette petite enquête (3 minutes seulement 😉 )?
https://spreadsheets.google.com/spreadsheet/formResponse?formkey=dFJwSE1sb2pRSmJDdmxBbjdzaW5mdEE6MQ&theme=0AX42CRMsmRFbUy1iOGYwN2U2Mi1hNWU0LTRlNjEtYWMyOC1lZmU4ODg1ODc1ODI&ifq
Merci d’avance pour le petit coup de pouce, si vous avez des commentaires, écrivez moi, je suis preneuse !!!
Gamsamida!
c’est fait!