Histoires d’or

Trois anecdotes liées à l’or permettent de mesurer le chemin parcouru par la Corée depuis plus d’un siècle.

 

Hier (2 août 2011)

Au moment où Jean Claude Juncker, le Président de l’Eurogroupe affirmait que la crise actuelle était celle de la dette plutôt que celle de l’euro, le cours de l’or faisait un bond, suite à l’achat massif (un milliard de dollars) de ce métal précieux par la banque centrale coréenne… pour diversifier ses réserves face aux turbulences que connaissent l’euro et le dollars.

Un problème de riche en quelque sorte pour la Corée qui dispose de la 7ème plus grosse réserve en devises au monde. Aujourd’hui, elle est parmi les pays du G20, celui qui tient le mieux ses finances, avec une dette publique qui représente un tiers de son PIB (82% pour la France), d’une stabilité à toute épreuve puisque malgré la crise de 2008, elle n’a augmenté que de 2 points depuis 2007 (+19 points pour la France). En 2010, la balance commerciale Coréenne a connu un surplus record de 42 milliards de dollars (déficit de 73 milliards pour la France), tandis que sa balance budgétaire est à l’équilibre comme tous les ans depuis la crise.

 

1997-98

C’est la dernière fois avant l’épisode d’hier que la banque centrale coréenne a eu à acheter de l’or. Mais le contexte était radicalement différent, car c’est la période où après les pays de l’Asie du Sud-Est, la Corée est touchée de plein fouet par la crise asiatique. Jusque là, le pays avait connu deux décennies de croissance effrénée, mais fondée sur un modèle bancal où les chaebols, ces grands groupes diversifiés, se développaient tous azimuts sans stratégie, à coup d’endettements monstres rendus possible grâce à la bienveillance d’un pouvoir politique corrompu.

Les bailleurs de fonds étrangers se retirent du jour au lendemain et le pays tout entier se retrouve à deux doigts du défaut de paiement, lorsque le gouvernement appelle à la mobilisation de tous les citoyens pour sauver la Nation de la déroute financière. Des milliers de foyers se rendront dans leurs banques pour faire don d’or et autres bijoux de famille à la banque centrale de Corée.

Au final, le prêt (record pour l’époque) du FMI sera le plus déterminant dans le sauvetage de l’économie coréenne, mais les images des files d’attentes de Coréens dans les banques pour donner leurs bijoux marqueront les esprits. Cet élan sera précurseur de la capacité des Coréens à faire preuve de solidarité et sacrifice pour le bien de la Nation pour finalement rebondir et reprendre très vite la course vers la prospérité.

 

19ème siècle?

“Nodaji” (노다지), terme coréen signifiant une affaire en or, une aubaine, ou un coup de pot. Il existe un débat sur l’étymologie de ce mot, mais une thèse répandue voudrait que Nodaji vienne de l’expression anglaise “No Touch”, qu’une personne avec un accent coréen prononcerait : “No Ta Chi”.

Selon cette interprétation, cette formule “no touch!”, aurait été très fréquemment employée par les quelques occidentaux s’aventurant dans la péninsule coréenne au 19ème siècle, lorsque le Royaume de Joseon a été forcée de s’ouvrir à l’influence étrangère. Le sous-sol coréen, surtout au nord de la péninsule aurait été riche en minerais et métaux précieux et les premiers “Blancs” à exploiter ces richesses se seraient empressés d’éloigner les autochtones des trésors de leur sous-sol  en leur criant “No touch! no touch!”.

Que cette explication soit vraie ou fausse, il est certain que si l’on avait raconté à un autochtone de l’époque que plus tard, ses arrières petits-enfants pourraient acheter en un clin d’oeil suffisamment d’or pour faire bouger son cours mondial, il n’aurait pas misé un gramme d’or dessus.

 

 

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