K-pop

La K-pop, c’est la musique pop à la sauce coréenne: interprétée par des Coréens et adaptée aux goûts d’ici. Tous les styles de musiques pop, mais en particulier celui qui faisait le bonheur des ados à la fin des années 90: les boys ou girls bands.

Et c’est là que je me rappelle les explications de ma mère lorsque je lui demandais pourquoi elle n’aimait pas la musique pop: “on n’entend que le boum, boum de la batterie, on  n’y comprend rien et c’est toujours un peu pareil” me disait-elle. Et bien au risque de passer pour un rabat-joie, c’est un peu ce que je ressens aujourd’hui lorsque j’entends ici et là les tubes des boys ou girls bands coréens: les mélodies et les paroles me paraissent interchangeables, tandis que ces créatures se dandinant en rythme et à la plastique impeccable d’une Barbie ou d’un Ken orientaux sont certes joli(e)s à voir, mais finissent par se confondre tant les chirurgiens esthétiques passent systématiquement sur ces jeunes visages afin de reproduire le plus possible des critères de beauté ultra standardisés.

D’un point de vue technique par contre, il n’y a rien à redire : les chorégraphies et les voix sont ajustées au millimètre, les accoutrements impeccables, et les clips vidéos tous aussi léchés les uns que les autres. Bref, les boys et girls band coréens, c’est un peu une version actualisée et coréanisée des New Kids on the Block ou des Spice Girls, avec un peu de spontanéité en moins, et le sens de la discipline en plus, sans oublier le souci constant de la perfection par le travail, le travail et encore le travail. Au final, ça donne ça:

Du travail donc, mais aussi l’expertise des labels locaux, notamment SM Entertainment ou JYP Entertainment, qui savent y faire pour fabriquer des machines à tubes. Wonder Girls, Girl’s Generation (les créatures de la video qui précède), SHINee, Super Junior ne vous disent peut-être rien, mais passent en boucle à longueur de journée sur les écrans et les ondes de Corée. Tous sont le résultat d’un processus similaire: le façonnage d’un groupe à l’image et au son de ce que souhaite entendre la jeunesse coréenne, en puisant dans un vivier inépuisable de jeunes talents qui se bousculent aux portes de ces quelques maisons de productions à succès.

Ce procédé n’est pas propre à la Corée, mais ici encore moins qu’ailleurs, dévoiler les enjeux économique et la volonté de faire de l’argent sur le dos des artistes n’est pas un problème. Artistes dont les jours de gloire sont comptés tellement les modes changent rapidement et qui ne se privent pas non plus de valoriser un maximum leur notoriété par des contrats publicitaires en veux-tu en voilà: marques de bière, de frigos, de berline, de chaînes de fast-food… tout y passe pour le plus grand plaisir des annonceurs, sans pour autant que le public ne se détourne de leurs idoles au prétexte qu’elles seraient à la solde d’intérêts financiers. Les Coréens seraient-ils plus naïfs, ou au contraire plus cyniques et lucides sur la réalité du fonctionnement de l’industrie du divertissement? Ou tout simplement ne voient-ils pas de problème à ce mélange des genres.

Le girls band Wonder Girls faisant la promotion du KFC local

Bref, le “show business” à la coréenne, ça marche. Au point que les stars coréennes s’exportent de mieux en mieux à l’étranger. Chez les pays voisins d’abord: au Japon, en Chine et dans les pays du Sud-Est Asiatique, ou les chanteurs coréens remplissent les salles de concert à en faire pâlir Johnny Halliday au Stade de France. Dès 2007, le chanteur “Rain” était élu par les internautes “Most influential Person of the Year” dans cadre d’un sondage en ligne organisé par le magazine Time, au plus grand désarroi du comédien Stephen Colbert (et le plus grand plaisir de ses téléspectateurs).

Mais plus étonnant, cette “vague coréenne” ou “Hallyu”, terme employé pour décrire la déferlante de l’Entertainment coréen dans le monde, touche les ados de France, au point que le label SM Entertainment décide qu’il existe une attente suffisante pour l’organisation d’un concert de quelques-uns de ces bands les plus populaires. Concert prévu finalement un soir de début juin au Zenith de Paris.

Et je dois dire que j’ai été le premier surpris, lorsque toutes les 7000 places de ce concert furent vendues en l’espace de quelques minutes et que des centaines d’ados, frustrés de n’avoir pas pu obtenir de place, se sont rassemblés devant la Pyramide du Louvre pour un flashmob réclamant une soirée de concert supplémentaire. Les médias coréens également étaient surpris par le succès insoupçonné de la k-pop, et faisaient leurs gros titres sur les ados français fans de stars coréennes.

http://www.youtube.com/watch?v=iEyg7ayHEQo

Les raisons de ce succès mondial sont difficiles à cerner, mais il est clair que pour la Corée, en quête de notoriété et reconnaissance internationales, séduire les ados du monde entier grâce à ses stars est une manne précieuse.

2 commentaires pour “K-pop”

  1. Un peu déprimant pour le coup 😐

  2. Article intéressant !
    J’aurais ajouté une chose que ma sister – grande prêtresse en matière de culture pop asiatique – me dit souvent : les chorégraphies coréennes sont autrement plus recherchées que celles des girls/boys band japonais qu’on voit défiler sur Nolife… En fait, c’est surtout des girls band que la chaîne française préférée des geeks nous met en avant, et parfois, j’avoue être un peu soulée de voir les morning musume faire des moulinets avec des tenus de petites filles pour susciter les fantasmes des vieux libidineux. Y a ça aussi, en Corée ? Je ne connais pas aussi bien.
    Sinon, assumer pleinement le côté mercantile de la chose n’est pas forcément un mal. Ca n’empêche pas les véritables artistes d’exister. Au hasard, je kiffe le groupe de rock Jaurim 🙂

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