Comme les Français, les Coréens se demandent si face aux catastrophes dont les Japonais sont les victimes, ils réagiraient de manière aussi admirable.
Ils se posent cette question avec un peu plus d’intérêt dans la mesure où en Corée comme au Japon, la collectivité prime sur l’individu. Cette ressemblance est le résultat d’un héritage culturel et philosophique commun, mais également d’un pragmatisme basique car dans ces deux pays qui figurent parmi les plus densément peuplés au monde, le principe du chacun pour soi ne marcherait tout simplement pas. Les files bien ordonnées qui se forment pour attendre le métro au Japon et en Corée sont donc une expression de civilité, mais avant tout une nécessité pour arriver à l’heure au travail sans périr dans un mouvement de foule incontrôlé.
Ceci n’enlève rien au mérite des Japonais dans leur admirable réaction face aux catastrophes dont ils sont les victimes. Admiration ressentie aussi par les Coréens généralement peu enthousiastes à reconnaître les mérites de leurs puissants voisins. Ainsi peut-on voir à la télévision coréenne des reportages tournés dans des centres de réfugiés japonais mettant en valeur l’ordre impeccable et la dignité qui y règnent, notamment au cours d’un reportage où l’on voyait des réfugiés dans une salle communale manquant de de tout, mais triant quand même leurs déchets scrupuleusement.
Certes les Coréens ont également fait preuve de courage et abnégation par le passé, notamment lors de la crise asiatique de 97, où pour renflouer les caisses de leur Banque Centrale, des milliers de contribuables firent la queue au guichet des banques pour donner leurs bijoux de famille. Mais beaucoup de Coréens reconnaissent que face à une crise de l’ampleur de celle du Japon, leur réaction ne seraient sûrement pas aussi sereine et maîtrisée. Car au-delà de certains codes culturels communs aux deux pays, il y a le caractère respectif des peuples, et en la matière, on ne peut pas faire plus différent que Coréen et Japonais.
Un Français connaissant bien les deux pays pour y avoir vécu et travaillé me résumait tout ce qui sépare les Coréens des Japonais en ces termes très pertinents: là où le Coréen privilégie le “fighting” (terme adopté par la langue coréenne exprimant un mélange de courage, tenacité et combativité) et la rapidité, le Japonais privilégierait l’harmonie et la sécurité.
Bon, pour ce qui est de la sécurité, les défaillance de l’opérateur de la centrale de Fukushima n’en est pas un parfait exemple. Toujours est-il que pour de nombreux Coréens, si un tremblement de terre d’un telle ampleur avait touché Séoul, “c’est très simple, on serait tous morts”…