Le premier ministre japonais, KAN Naoto, a déclaré mercredi dernier vouloir réduire la « dépendance [du Japon] à l’énergie nucléaire et avoir l’objectif à terme d’une société où l’on puisse vivre sans centrale nucléaire.” Autrement dit, avoir pour horizon une sortie du nucléaire. Cet homme politique, co-fondateur du Parti démocrate japonais (PDJ) a reconnu qu’avec l’accident de Fukushima, il a « pris conscience que le risque de l’énergie nucléaire est trop élevé ».
Il s’agit ici d’un revirement complet : alors qu’à la veille de l’accident, le Japon voulait porter la part du nucléaire à 50% de l’électricité produite (30% aujourd’hui), l’objectif affiché aujourd’hui par le premier ministre est de faire l’inverse, réduire cette part. Mais cette annonce augure-t-elle d’un réel changement de stratégie dans la politique énergétique, à l’image de l’Allemagne ? Rien n’est moins sûr. En effet, KAN Naoto n’a pas donné de chiffres ni de calendrier pour cette “sortie” du nucléaire. Et le Ministère de l’industrie (Meti) qui décide de la politique énergétique et est lié à l’industrie nucléaire, y est certainement opposé. Enfin, cette simple phrase a suscité de très vives réactions dans la presse, de droite – Yomiuri Shimbun, Nikkei Shimbun – comme de gauche, l’Asahi Shimbun donnant volontiers la parole à des membres du PDJ opposés à toute sortie du nucléaire. La plupart des commentateurs ont raillé le premier ministre, arguant qu’il n’est qu’un “idéaliste”, malgré une déclaration pour le moins mesurée
Chant du cygne ou revirement politique ?
Des éléments indiquent cependant que des choses changent dans l’archipel. D’une part, la pression de la rue n’a jamais été aussi importante. Lors de la dernière journée de manifestation nationale contre le nucléaire en juin, des dizaines de milliers de personnes sont descendus dans la rue dans plus de 100 localités. De plus, si la majeure partie des milieux industriels, représentés par le Keidanren, reste attachée à cette énergie, le PDG de SoftBank, SON Masayoshi crée des remous avec son projet d’une organisation pour la promotion des énergies renouvelables. Un projet qui intéresserait déjà le plupart des préfectures japonaises. Alors, chant du cygne pour un ministre assailli de toutes parts et poussé à la démission ou réel changement dans la politique énergétique du Japon? Les mois qui vont suivre seront déterminants pour répondre à cette question.
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