Quelles sont les conséquences logiques du modèle économique qui repose sur le suréquipement des automobiles ?
Les prix augmentent (le prix moyen de vente des véhicules neufs achetés en France (1), atteint 22.800 euros en 2011, soit une hausse de 15% sur un an),
les marges diminuent (le pouvoir d’achat des consommateurs ne suivant pas la même courbe),
les voitures enflent (en un quart siècle, la masse de la petite voiture française a bondi de plus de 50%). Ce qui nuit gravement à la tenue de route, au freinage, aux accélérations, à l’absorption des chocs en cas d’accident, à la consommation, aux émissions polluantes.
la planète trinque, de plus en plus d’acheteurs potentiels rêvent à des alternatives plus légères, pour la planète comme pour leur porte-monnaie (deux-roues, Autolib, Deways, MiaElectric, Twizy, …).
Il existe donc bien un nouveau marché en pleine croissance, complémentaire de l’offre actuelle centrée sur le produit, qui repose sur l’idée de remettre la simplicité, le bon sens, l’humain au coeur des automobiles. Reste à comprendre comment se finance la simplicité au XXIème siècle.
Le FREE CAR PROJECT repose sur une automobile simple et solide, dont le prix extrêmement bas (entre 1€ et 5000€ suivant la stratégie de commercialisation adoptée) est remboursé au fur et à mesure des achats effectués grâce à elle. Elle devient donc gratuite, puis rapporte même à son propriétaire.
L’argument de la gratuité permet aux marchands qui profitent de la mobilité de leurs consommateurs de s’impliquer avantageusement dans l’écosystème automobile. Grâce au lecteur de carte bancaire intégré au tableau de bord, la relation numérique utilisateur/FREE CAR peut être inscrite sur la carte et emmener simplement à la caisse des différents partenaires commerciaux. Ces derniers peuvent ainsi promouvoir le système sous forme de micro-commissions sur le surcroît de chiffre d’affaire effectif apporté par la voiture gratuite. Le principe est semblable à celui de Google: “celui qui paye est celui qui gagne de l’argent avec”, sinon c’est gratuit et bien pratique.
L’objectif du FREE CAR PROJECT est de valoriser la simplicité et la légèreté pour les utilisateurs, la planète et l’industrie.
Analysons exactement ce qu’il en est des avantages pour ces trois “protagonistes” principaux, ainsi que pour les différents partenaires sociaux, économiques, ou politiques:
. les utilisateurs voient leur pouvoir d’achat augmenter du fait de la gratuité progressive de la FREE CAR (l’amortissement de l’achat d’une voiture neuve représente 47% des dépenses automobiles annuelles d’après une étude Sofinco). Ce système moderne est en phase avec nos nouvelles habitudes de consommation, avec un véhicule qui s’adapte enfin à nos envies et besoins, allégé des stigmates de Marques, finalement très lourds à vivre au quotidien.
. la planète profite d’une voiture simple à produire, légère à conduire, facile à recycler, qui ne donne pas envie de rouler vite pour échapper à la frustration (moteur du marketing automobile actuel basé sur la mesure de nos capacités à être à la hauteur de notre automobile). De plus, la FREE CAR requiert une motorisation “verte” pour encourager sans complexe les usages sur lesquels repose son modèle économique. Et surtout, c’est une voiture réellement durable puisque le système rapporte d’autant plus (au constructeur comme au propriétaire) qu’on la conserve le plus longtemps possible (surtout que son look sera upgradable à l’envie).
. les constructeurs automobiles trouvent dans cette nouvelle gamme complémentaire l’opportunité d’utiliser leurs 40% de surcapacités de production(2), d’une manière extrêmement profitable (une FREE CAR rapportant en moyenne 1000€ par an, pendant 15 ans), et cela avec des investissements industriels réduits au strict minimum. Les collaborateurs, techniciens, ouvriers, ingénieurs, designers, cadres des constructeurs automobiles seront fiers de travailler sur un projet qui a du sens et dont les solutions de constructions seront clairement visibles. De plus, les délocalisations deviennent ici encore plus absurdes, puisque la part du coût du travail lors de cette industrialisation simplifiée devient minime face au montant astronomique des revenus de l’usage.
. les fournisseurs automobiles bénéficient d’une nouvelle plateforme ouverte conçue comme une place de marché, sur laquelle ils pourront construire librement leurs offres de produits et d’innovations pertinentes, sans être contraints par les rythmes et les stratégies des constructeurs.
. les concessionnaires, garagistes, stations services, parkings, deviennent les noeuds d’un nouveau système économique pour distribuer, installer, entretenir les nouvelles “Applications” (services, personnalisation, options, …) de cette FREE CAR open source, vendue “nue” tel un iPhone. Ce nouveau rôle va augmenter le trafic sur leurs sites avec une audience caractérisée par la relation numérique utilisateur/FREE CAR. Là aussi, la Nouvelle Economie digitale a montré comment partager les bénéfices de ces situations.
. les assureurs peuvent proposer des offres “Pay As You Drive” adaptées à l’expérience de chaque conducteur grâce à l’interface numérique de la FREE CAR. La gestion des risques s’optimise sur les kilomètres effectivement parcourus en temps réel (ou à la seconde comme pour les opérateurs téléphoniques), suivant le moment (semaine/week-end, jour/nuit, fréquence des déplacements,…) et/ou, pour peu que le lecteur de CB soit couplé à un GPS, suivant les zones (urbaines, péri-urbaines, autoroutes comme pour les tarifs de taxi).
. les centres commerciaux deviennent accessibles aux personnes qui n’avaient pas d’automobile jusque là -les étudiants, les retraités, les chômeurs- et qui peuvent s’y rendre pendant les heures creuses du milieu de semaine. De plus, les visiteurs qui viennent en FREE CAR ont un pouvoir d’achat plus important que si ils avaient dû acheter leur automobile. Les centres commerciaux ne participeront au système qu’à hauteur des micro-commissions sur l’accroissement effectif de leur chiffre d’affaire amené par la FREE CAR, sans aucun investissement initial. Ce système n’a donc aucune influence sur une éventuelle hausse des prix en magasin. Mathématiquement, à profit équivalent les prix devraient même baisser car les distributeurs cherchent tous à être les moins chers sur le marché (quitte à se disputer avec les marques qu’ils représentent et qui ne veulent pas baisser leur standing ). La FREE CAR n’est donc pas un surcoût pour les marchands, c’est un nouvel outil flexible, et surtout très rentable, pour fidéliser les échanges avec leurs clients. En effet les micro-commissions sont partagées visiblement avec les clients FREE CAR sous forme de promotions sur les achats, et les marchands apparaissent tous les mois sur le relevé de compte de leurs clients, comme “mécéne” de leur automobile…
. les artisans, entreprises, livreurs, loueurs, taxis, sociétés d’autopartage voient leur budget s’alléger du prix de l’objet automobile. De plus grâce au terminal embarqué, ils peuvent améliorer la gestion de leur flotte et proposer de nouveaux services. Sans compter que l’iconique FREE CAR n’est pas fragile et promeut ouvertement l’usage partagé, ce qui accroît encore la profitabilité du système. De plus, le dessin de la FREE CAR est ouvert par défaut aux besoins des différents métiers (pompiers, livraisons, police, artisans,…).
. les développeurs de nouveaux services vont utiliser cette nouvelle plateforme open-source pour concevoir des offres sur les marchés les plus porteurs:
_micro-entertainment: les trajets quotidiens deviennent des jeux d’aventures ou de hasard (le marché des jeux vidéos représentera en 2015 un marché mondial de plus de 60 Milliards d’euros d’après le Syndicat National du Jeu Vidéo; le chiffre d’affaires de la Française des Jeux a été de 11,5 Milliards d’euros en 2011).
_la structure ouverte et simple de la FREE CAR encourage les offres de personnalisation (le marché du tuning représente 1 milliards d’euros chaque année en France, 4 en Allemagne; et celui du luxe est à 1.130 Milliards d’euros dans le monde, en constante progression d’après le Boston Consulting Group).
_le terminal embarqué de la FREE CAR autorise de nouveaux services de conciergerie. Au sein d’une communauté, les membres peuvent se rendre des services entre eux, comptabilisés d’une manière ou d’une autre sur le terminal (chauffeurs, livraisons, voituriers,…).
_de même, les différents acteurs économiques du tourisme peuvent élargir leurs offres à des services de mobilité écologique pour visiter les sites.
. les pouvoirs publics et collectivités territoriales ont, avec la FREE CAR, un nouvel outil aux qualités visibles pour augmenter le pouvoir d’achat, promouvoir la mobilité écologique de masse, créer des emplois dans l’industrie et les services, endiguer les délocalisations, améliorer le “moral des ménages”.
(1) article de Challenges du 15/03/2012 sur l’évolution du prix des automobiles.
(2) article de Challenges du 05/09/2012 sur les emplois menacés dans l’Automobiles.
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Cette année, la modernité sera représenté par l’imprimante 3D et la voiture qui se conduit toute seule. Je ne vais pas m’appesantir ici sur l’imprimante 3D, fantasme absolu du Marketing d’installer directement le supermarché (et l’usine) dans le salon des consommateurs.
Par contre, nous pouvons nous interroger si la perte du volant est un grand pas pour l’humanité, ou a minima pour l’industrie automobile.
Les constructeurs automobiles qui gagnent encore de l’argent (ils se reconnaîtront facilement) réfléchissent aux nouveaux gadgets inutiles que la technologie pourrait créer pour suréquiper notre automobile déjà bien chargée. Cela leur permet de combler le vide de sens abyssal de leur réflexion “accumulation égale modernité”, ce qui du fait même de leur réussite relative, les empêche aussi de réfléchir à d’autres alternatives pérennes et plus profitables. Dans ce cadre on peut comprendre qu’ils développent des systèmes de freinage automatique qui fonctionnent plus ou moins bien (cf. démonstration calamiteuse devant la Presse en 2010, d’une voiture qui s’encastre dans un camion au lieu de s’arrêter comme par magie), ou nec plus ultra la voiture qu’on a plus besoin de conduire. Vivement celle qu’on a plus besoin d’acheter!
L’émancipation de l’Homme passe-t-elle systématiquement par celle de la machine? Comment peut-on mesurer qu’une idée, à force d’être poussée dans le même sens, devient contre-productive?
“_ Ce n’est pas parce que la technologie peut le faire, qu’il y a de l’intelligence dedans.”
Pour Ivan Illich (penseur Autrichien,1926-2002), la société technique génère la frustration des pauvres et l’insatisfaction des riches, conduit au déracinement culturel et à une homogénéisation de tous. Il dénonce la croissance économique et financière (AVOIR PLUS) comme fin ultime des sociétés industrielles et propose d’y substituer une société conviviale, où le critère central de toute chose est l’humain (BIEN ÊTRE), son développement personnel, social, sa créativité, son imagination, sa liberté, son autonomie. Les outils ne sont pas neutres et modèlent les rapports de l’homme aux autres et au monde. Illich propose donc la notion d’outil convivial. Un outil convivial est un outil avec lequel travailler et non un outil qui travaille à la place de l’homme. A l’inverse l’outil non-convivial le domine et le façonne.
Alors même que Google a brillamment démontré l’intérêt économique d’émanciper les utilisateurs en mettant à leur disposition gratuitement des outils conviviaux et ouverts (moteur de recherches, cartes, logiciels divers), ne voilà-t-il pas dés lors qu’il s’agit d’automobile, qu’ils se mettent à émanciper l’objet. Leur voiture sans conducteur a déjà parcouru 500.000 km sur les autoroutes américaines, sans accidents.
Evidemment, on peut leur accorder que libérer du temps de cerveau disponible dans les embouteillages pour s’instruire, se divertir, se reposer ou travailler va dans le sens de notre émancipation ou de notre sécurité. De même, concevoir les transports en communs des futurs grandes mégalopoles, à base de véhicules individuels au déplacement automatique en grappe plutôt qu’avec des bus à rallonges qui bloquent tous les carrefours, permet de réduire les problèmes de circulations en améliorant l’autonomie des utilisateurs.
Mais ces solutions technologiques qui déresponsabilisent les conducteurs me foutent la trouille à plus d’un titre. Imaginons-nous dans la circulation, au volant d’une voiture sans le tenir? Je sais d’avance que mon cerveau ne sera pas disponible à d’autres tâches que solliciter frénétiquement mes globes oculaires ou déréguler ma transpiration des omoplates. Surtout si il y a d’autres conducteurs dans la même situation autour de moi, et des vélos, et des poussettes, et qu’il pleut, et…
Vous aurez compris que je ne suis pas un adepte du régulateur de vitesse.
Alors oui, réfléchissons à valoriser nos trajets (et il existe de très nombreuses directions pour développer des applications de micro-entertainment, tourisme, santé, travail, social,…) mais sans nous déresponsabiliser au profit de l’objet automobile, car cela n’entraînera que l’augmentation des coûts et le ramollissement de notre cerveau, moteur entre autre de l’économie.
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