Rabih Kayrouz

 

Dans le cadre du Couvent des Cordeliers, la simplicité du style de Rabih Kayrouz a trouvé bel écrin. Contes de la lune vague après la pluie, le sol recouvert d’eau permit aux mannequins de déambuler simplement, pieds nus.

Sobre, ravissante et élégante, sa collection «  Bulles » privilégie le court dans des couleurs simples et claires. Un blanc majeur, un zeste de citron, une pointe de gris perle, des touches de bleu marine et l’opposition du noir. Vollmond (Pina Bausch) revisité en défilé.

 

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Iris van Herpen

 

Coup de coeur absolu pour la jeune créatrice hollandaise invitée cette saison dans le calendrier officiel. Iris van Herpen maîtrise, dompte les matières les plus étonnantes. Le plastique est moulé, formant la nouvelle vague d’une improbable cristallisation (comme le nom d’une de ses collections). Aérienne et arachnéenne la maille métallique  semble devenir nuage de tulle, presque vertugadin aux allures de Ménines.

Un « plastique » moulé recompose une ossature de « squelette », robe sculpture ravissante.

Les pièces de plexiglas se juxtaposent, s’attachent et la forme devient robe. Le tout sur des chaussures presque sabots imposantes dessinées par Rem D Koolhaas (United Nude pour Iris van Herpen). Robes de métal, armures de plastique, silhouette de gorgones, aliens d’un nouveau monde.

Les pièces d’exception d’Iris van Herpen projettent la couture dans une direction inspirante, loin des broderies, de la soie et des plumes, mais avec une maestria étonnante. Talent à suivre.

 

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Adeline André

 

 

Dans un bel hôtel particulier du Marais Adeline André fit défiler sa collection, toujours fidèle à son style minimaliste épuré qui lui va bien. Toujours joliment travaillées les couleurs étaient vives, tonitruantes avec de vrais rouges, vrais jaunes, éclatant vert prairie. Le désormais classique trois emmanchures se découvrait en manteau à capuche, le bras posé dans la poche, prolongement naturel du geste. Des variations sur le même thème aussi en robes, tailleur. Des effets de noeuds et plissés sur quelques modèles ajoutaient une délicate féminité. Un moment presque hors du temps.

 

 

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Alexis Mabille, fables

 

Loin de ses noeuds, du masculin-féminin Alexis Mabille avait choisi pour thème les fables. Réinterprétés avec humour, les animaux dignes de la Fontaine s’incarnaient en silhouettes féminines et mutines. En fourreau à dentelles, la cigale cheminait avec la fourmi. Une cigogne avec une tunique rebrodée façon plumage s’avançait avec de longs gants boutonnés couleur « pattes de cigogne ». Majestueux le cygne se découvre avec une collerette d’organza oversize. Le renard mêle la laine à des queues de renard.

En queue de pie la pie tandis que l’aigle joue les franges. Tacheté, le léopard se mouvait, félin.

La tortue avait pour carapace couture un paysage d’écailles composé d’un origami de soies dégradées. Le fredon bourdonnait entre lurex bronze et noir. Imposante, la grenouille s’habillait d’un origami de soie dégradé de verts presque malachite. Une couture zoomorphique en clin d’oeil.

 

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Bouchra Jarrar

Membre invité cette saison, Bouchra Jarrar continue son exploration de la géométrie dans des vêtements sobres et structurés. Presque leitmotiv, la rayure vient zébrer ou souligner ses tissus souvent unis (ou toile chinée gris). Des cols en V, une coupe architecturée près du corps. Le bleu Klein vibre, s’impose avec éclat. Géométrie, épure. Un jeu de rayures noir blanc, très op art. A la fois sobre, chic, mais aussi paradoxalement féminin avec des accents parfois un peu militaire. Quelques effets de drapés joliment posés amplifient la féminité. Une décontraction chic.

 

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Christophe Josse

 

 

S’il cite en source d’inspiration les armures du Musée de l’armée des Invalides, Christophe Josse s’en est bien éloigné pour construire ses robes tout en légèreté avec juste une touche sur les épaules dites « armure ». La brillance noire ou argent fait écho à l’aspect métallique des armures et se retrouve aussi dans les effets python. Une utilisation de belles matières : guipure, chantilly avec des jeux de transparence s’oppose à quelques touches plus contemporaines comme le néoprène et des détails de laque « asphalte ».

Un joli travail sur les plumes notamment sur une petite robe noire en marqueterie de coq noir  « caressée d’organza effrangé ».

Des bords francs aux allures effilochées participent aussi à la perception couture de la collection. En légèreté la mariée joue sur les mousselines (4.000 morceaux de tissus murmurent les connaisseurs).

 

 

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Anne Valérie Hash

Désormais membre de la haute couture Anne Valérie Hash célèbre ses dix ans de présence sur la scène de la mode avec dix modèles. Dix silhouettes sur des mannequins d’exposition et les mêmes portés « live ». Des couleurs sobres outre noir et blanc en opposition, des touches délicates de craie, champagne, pêche, mandarine, vert amande et bleu ciel. Des modèles essentiellement en soie avec un jeu entre le flou et le tailleur. Le côté masculin-féminin que la créatrice affectionne depuis l’enfance (elle jouait avec les vêtements de son père) ressurgit dans ses combinaisons robes.

Des robes chemises avec jeux de plis, une  demi-veste sur robe bustier…  Une collection empreinte de délicatesse, en légèreté.

 

Photos Fabrice Laroche et Dan Lecca

 

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Maison Martin Margiela

 

Membre correspondant de la haute couture, Maison Martin Margiela s’approche d’une « nouvelle couture » avec sa collection artisanale de pièces faites à la main et avec l’utilisation, le plus souvent, d’éléments de récupération revisités, transformés pour une nouvelle vie. A la description de chaque pièce répond le nombre d’heures de travail nécessaire.

Martin Margiela ouvrit lundi 4 juillet à 10h le bal des collections automne-hiver 2011 dans le nouvel hôtel redécoré par la maison (Rue Jean Goujon, ancienne maison des centraliens).

Sous des allures de défilé, la maison est restée fidèle à ses codes qui privilégient l’idée d’anonymat avec des mannequins au visage oblitéré d’une forme de masque. Place au vêtement, à la mode et non à son porte-manteau.

-Manteau en PVC transparent traité au laser pour lui ajouter une dimension cinétique. Porté sur la structure de l’entoilage d’un blazer fait main de Savile Row des années 70, sorte de work in progress ou l’inverse. 84 heures de travail.

–A partir de deux poignées de bagage et d’une ceinture de sécurité, une sorte de top à porter (un peu les bretelles de Portier de nuit) sur une longue jupe marine fixée librement. 6 heures de travail.

-Perfecto en cuir découpé et recomposé  pour mieux en voir les détails. Pantalon et jupe en voilage de nylon souligné d’un ruban adhésif noir. 91 heures de travail.

-Parka recomposée et quasi surdimensionnée à partir de quatre sacs à dos découpés avec col en mouton retourné, une pièce magnifique et aussi amusante. Pantalon et jupe en voilage de nylon  et ruban adhésif noir. 61 heures.

Une démarche jubilatoire.

 

 

 

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Haute couture

Embellie sur la haute couture avec un climat de rêve, un calendrier bien rempli, des fêtes (une à Versailles), des dîners, des ventes thématiques à Drouot,… le petit monde de la mode est en joyeuse ébullition. Autour des désormais rares piliers qui maintiennent la continuité de la classique appellation (chaque année la liste est établie par le Ministre de l’industrie) sont apparus de nouveaux noms. Pour 2011 onze membres : Adeline André, Anne Valérie Hash, Atelier Gustavolins, Chanel, Christian Dior, Christophe Josse, Frank Sorbier, Givenchy, Jean Paul Gaultier, Maurizio Galante, Stéphane Rolland. Une liste bien différente de celle d’il y a une quinzaine d’années, beaucoup de maisons ayant mis un terme à leur activité couture (devenue au fil des ans plus une histoire d’images que de réelle rentabilité) ou ayant disparu.

Les membres correspondants apportent une touche d’exotisme géographique avec des créateurs venus d’un ailleurs, mais souvent proche. : Azzedine Alaïa, Tunisien parisien ; Elie Saab du Liban mais qui a une maison de couture aussi à Paris ; Giorgio Armani qui a ajouté l’activité couture il y a quelques saisons ; Maison Martin Margiela, la maison du créateur belge avec sa partie artisanale et Valentino représentant la haute couture de tradition romaine.

S’ajoutent chaque saison des membres invités qui viennent étoffer le calendrier. Cette saison : Alexandre Vauthier, Alexis Mabille, Bouchra Jarrar, Gimbattista Valli, Iris Van Herpen (invitée pour la première fois, la créatrice néerlandaise présente un étonnant travail), Julien Fournié, Lefranc. Ferrant, Maison Rabih Kayrouz et Maxime Simoens.

Une catégorie Mode accessoires rassemble Loulou de la Falaise, Massaro et le pétillant duo On aura tout vu qui incarne une haute fantaisie.

Le quatrième jour est consacré à la joaillerie : Boucheron, Chanel, Dior, Mellerio, Van Cleef & Arpels.

Hors calendrier s’ajoutent les présentations de différentes maisons ainsi Worth dont le nom reste historiquement attaché à l’appellation même de haute couture. Plusieurs créateurs libanais viennent aussi au moment de la couture ainsi Georges Chakra. De nouveaux noms qui émergent viennent aussi s’inscrire pour présenter dans le contexte d’un calendrier moins encombré que celui du prêt-à-porter.

Entre le faste et la somptuosité des grands défilés et le bricolage des jeunes maisons qui présentent dans une galerie d’art, un jardin… (le système D se révèle utile), une palette de diversités s’exprime, mais un point commun : le travail et la création de modèles uniques faits main.

Exception française, la haute couture n’est plus ce qu’elle était, mais, sans nostalgie, il faut espérer qu’elle puisse néanmoins continuer et préserver le plus longtemps possible le savoir faire artisanal des prestataires qui collaborent aussi au prestige des maisons : brodeurs, plumassiers, modistes…

 

 

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Haute couture, avant goût

Juste avant les présentations de couture, Drouot fait défiler des modèles d’hier et d’aujourd’hui. La vente du 27 juin organisée par Artcurial avec l’experte Pénélope Blanckaert avait pour thématique la Haute Couture et Alaïa. D’origine tunisienne, Azzedine Alaïa a su imaginer un style très féminin dans une technique de coupe perfectionniste. S’il s’est souvent tenu à l’écart des circuits traditionnels (notamment avec ses présentations hors calendrier), le créateur va pourtant cette saison présenter sa collection en tant que membre correspondant (aux côtés de : Elie Saab, Giorgio Armani, Maison Martin Margeiela et Valentino). Par son travail, il a sans conteste toutes les qualités « couture ». Dans la vente, ses plus belles pièces ont atteint de belles cotes ainsi une magnifique robe longue blanche toute plissée, à l’allure antiquisante, 5.500€. Une jupe rouge grenat très sexy à laçage partit à 2.500€.

Parmi les modèles de couture, les signatures ont souvent la cote, pourtant une veste anonyme des années 40-45 avec un amusant imprimé «  touristique » « Images de Paris » s’est vendue 6 000€.

Une très belle robe de Jacques Fath des années 50 a atteint 9.000€.

Les soeurs Callot étaient présentes avec un ensemble en taffetas bronze (haute couture 1914), 7.500€ et une robe du soir en lamé, 5.000€.

Une robe de Christian Dior en mousseline, printemps-été 1958, grimpa jusqu’à 11.000 €.

Lucien Lelong, un ensemble en crêpe de Chine, 1900€.

Dans le rétro des ventes, la haute couture à la cote.

Premier jour des collections, le 4 juillet verra aussi une autre vente à Drouot avec un couplage Haute couture et Vintage associé à 50 ans de mode italienne.

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