
Improbable, importable, étonnante, hallucinante, folle, la collection de Comme des garçons pousse une fois de plus le bouchon de la mode avec audace. Rei Kawakubo plonge dans le passé et le métamorphose en silhouettes exacerbées, démesurées. Sa vision d’une attitude punk au XVIIIe siècle ? Un travail extraordinaire de construction, d’accumulation, de décorum insensé dans des matières d’exception (suite à une visite à Lyon ?). Tissus à fleurs somptueux pour style baroque.


Prolifération des volumes, constructions savantes, démultiplication des motifs, froufrous, ruchés.


Articulation de bras façon armure pacifique avec éléments rivetés.


Dans le volume et la démarche, on songe un instant à ces dessins d’habit du parfumeur qui transportaient sur eux leur boutique.

Avec la version vinyle, mutants d’une autre galaxie.

Vêtements carapace, une collection « tapisserie » époustouflante.




Toujours un enchantement, les défilés de Dries van Noten sont simplement beaux. Sa dernière collection évoque le souvenir de la marquise Luisa Casati sans ses outrances, mais pour son côté baroque, flamboyant. Elégance du masculin-féminin des silhouettes androgynes avec gilets de sport et blazers.



Raffinement des matières, exquise palette où mord le doré avec éclat, mais tout en discrétion.

Des imprimés fauves mouchetés pour une jungle baroque, allusion à la ménagerie de la marquise ?


Des imprimés reptiliens, écho aux serpents collectionnés par la marquise en son Palais rose et qu’elle n’hésitait pas à porter autour du cou.


Du velours, des plumes, de la fourrure, des brillances du soir.


Une allure de dandy, des peignoirs habillés et de l’oversized.

Un texte en italien de Gabriele d’Annunzio, chantre du décadentisme (decadentismo) et amant de la marquise plante le décor sonore d’une superbe collection.
Le fantôme de la marquise, encore et toujours…
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Télescopage de figures ultra colorées avec dessins galactiques et robotiques pour la collection de Julien David. L’archipel où sont nés Astroboy et Goldorak met les mangas sur orbite. Travail de pans articulés en relief avec un denim japonais.


Le métal hurlant d’un vif argent pour future odyssée de l’espace.


Fronces à la taille, robes sur pantalons, patchworks.


Un côté écolière « sage » très soleil levant, mais en contrepoint la diablotine en ouverture de défilé et son allure astrogirl.

Goldorak GO.



C Shoji Fujii
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Lutz a choisi de « donner du volume au corps sans le démesurer ». Boutonnages triples, démultiplication des panneaux des manteaux… ; l’augmentation est de mise. Une touche d’éclat avec les sequins dorés.


Un zeste de transparence avec du plastique qui s’invite en ceinture, en sur-jupe ; « robe-parapluie » pour temps maussade.


Magnifique manteau rouge, démesuré, cocon enveloppant.

Bombers déconstruits, reconstruits.

Vinyle sixties.

Robes blousons pour mode en fusion.

Mélange des matières, ampleur, décontraction, assemblage, télescopage. Une très belle collection.


Oeuvre au noir pour Aganovich avec une collection d’une délicate féminité. Très ajustées, les vestes serrent précieusement la taille. Un zeste de blanc avec les chemisiers vient casser le noir.

Cette saison le laçage attache les vêtements, dessine des obliques et se pose aussi sur les chaussures.

Effets de croisillon à même la peau.


Les robes et jupes jouent l’asymétrie et le bord franc. Raffinement des jabots, des longues manches et des cols démesurés.

Se retrouve le travail parfait des drapés, des enroulements, signature du style toujours exquis de Nana Aganovich.


Photos Guillaume Roujas
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Récemment nommé chevalier de la légion d’honneur, Manish Arora a l’humeur festive. Mais ne l’a-t-il pas toujours ? Sur la route de l’Ouest américain se promènent dans une prairie urbaine ses pionnières et Indiennes ; ses Hell’s Belles. Autour de la palette terre qui sied au Far West s’invite la gamme « manishéenne » : rose, bleu, violet, couleurs vives et fluos à foison.

Des bottes de cow-boy marquent le pas. Filles de bar, allure de rodéo, étoles couvertures, denim, plumes….


La garde-robe de la cow-girl se mêle aussi à des tissus wax. Perles et bandeaux à l’ « indienne ». Une ethnicité festive et baroque.

Parmi les mannequins, des invitées : Ellen Von Unwerth, Sophie Calle, Chantal Thomass.



Le travail incroyable des broderies, les imprimés originaux signent l’univers de Manish Arora qui se déguste toujours avec jubilation. Wild Wild West.


Déconstruction clame l’intitulé de la collection Jacquemus qui multiplie les références, les clichés comme dans un jeu de piste. Le vêtement se découpe, se déstructure et se reconstruit en assemblage. Puzzle d’une veste scindée en deux matières et reconnectée de noeuds blancs.

Des carreaux B & B (Barbès & Burberry).

Découpes géométriques, formes biomorphiques s’enchevêtrent, s’agrègent. La palette de couleurs s’est agrandie, mêlant tons sourds et vifs : l’éclat d’un jaune poussin, la douceur d’un bleu ciel, le calme poussiéreux d’un kaki…
Dans les inspirations, sans doute des réminiscences qui peuvent faire penser à Comme des garçons, d’autres à Martin Margiela ou encore Ann Demeulemeester (amazone ?) ; mais le mélange est personnel, ludique, frais et joyeux.
Les épaules sont exacerbées, au-delà des années 80. Tombantes, les manches démesurées dépassent des vêtements. L’asymétrie est un jeu d’enfant sur taille menue. Une jolie idée de vêtements quasi suspendus avec des bretelles en apesanteur, lévitation de mode.


Gros boutons sur vestes oversized.

Mise à carreaux de multiples tartans.

Bustier décolleté sur un sein pour nouvelle amazone.

Jeux de caraco en « sur » vêtement.

Sacs en bandoulière aux formes biomorphiques esprit Hans Arp, les haricots magiques de Jacquemus.

Photos Shoji Fujii
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Heaven or Las Vegas pour Anne Sofie Madsen dont l’inspiration vagabonde vers les États-Unis et la légende du King Elvis. Mais elle s’est penchée sur la naissance d’Elvis Presley dont le jumeau est mort-né. Absence du frère, manque du double, de quoi jongler entre réalité et fantaisie. De son travail elle dit : « L’usage de surfaces décoratives est vital dans mon travail comme une part de mon expression personnelle et cela me conduit à une constante quête de challenge créatif ».

La créatrice imagine inscrire le mystère qui entoure les existences. Concrètement une collection mixant les matières, avec cuir, plumes broderies, latex. Inspiration glamour et aussi vêtement plus de survie. Pans volants au vent, lanières.

Patchwork de fourrure.

Motifs tapisserie.

Pantalons d’esprit gaucho, boots de cow-boy.

Superbe couette duvet en manteau rouge.


Un rêve américain sauce danoise.
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Nouvelle venue dans le calendrier, Liselore Frowijn a présenté une collection arty empreinte d’une joyeuse fraîcheur. Des imprimés géométriques très colorés pour un nouvel orphisme. Dédiée aux femmes « fortes » dans la vie, la collection a pour muse Niki de Saint Phalle et l’exubérance de la palette qui habillait les nanas. Écho au titre : Let’s Hear It from The Lions un petit vent de savane souffle avec les imprimés zèbres et optiques.


Robes découpées au laser, imprimés collages. Un petit côté tribal dans les accessoires, massifs. Silhouettes patchworks ethniques sans oublier les motifs à pois qui habillent joyeusement la collection.

Diplômée d’ArtEZ, Arnhem en 2013, la créatrice vit aujourd’hui à Amsterdam


C Peter Stigter
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C’est dans une période de remise en question du système de la mode que débute la longue semaine des défilés parisiens. Neuf jours et pas moins de 92 défilés dans le calendrier officiel. Paris est encore Paris…
Remis en cause à Londres par Burberry et aux Etats-Unis par Tom Ford, le cycle habituel de la mode (mise en vente plusieurs mois après la présentation) ne sera pas modifié à Paris.
Si quelques nouveaux noms arrivent dans le calendrier, c’est l’attente et les spéculations pour les grandes maisons qui attisent les conversations. Dior et Lanvin n’ont plus actuellement de directeur artistique ; les ateliers assurent cette saison les collections. Autre rumeur : le partira partira pas d’Hedi Slimane chez Saint Laurent.
En attendant the shows will go on.
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