Membre permanent de la haute couture, Adeline André défilait à nouveau, de façon intimiste et poétique, le 9 juillet. Dix modèles minimalistes (de I à X) ont repris ses « inventions », comme l‘idée du trois emmanchures transposée en robe. Jeu de construction sur une robe sari à cinq emmanchures, hommage à Shiva ou Kali ? Délicate, la palette de couleurs est toujours raffinée, très travaillée. Du long, du court, des effets de manches, des envolées de superpositions…
Poétique et minimaliste, intemporelle Adeline André.
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« Red Carpet » ! Le thème est pris au pied de la carpette par les Viktor & Rolf. Synonyme de « beautiful » people posant sur tapis rouge (avec souvent une accroche publicitaire en fond), le mot tourne aujourd’hui à l’obsession. Avec humour, dérision, mais aussi réflexion, le duo a composé une collection réalisée dans une moquette rouge métamorphosée en silhouettes couture. Le tapis peut être raide et lourd, mais aussi dévoré, assoupli… Des poils rasés et surgissent des fauves, motifs léopard, zèbre ou girafe, incontournables des imprimés jungle.
Des formes asymétriques, drapées, enveloppantes pour une collection jubilatoire dans le « statement », mais aussi dans la forme avec des modèles que l’on (je) voudrait bien adopter. Sans oublier la fête à “noeud noeud”.
Indissociable d’un esprit couture, la touche des bijoux est réalisée en collaboration avec Swarovski. Originale et autre clin d’oeil, la musique n’était que battements de main (applaudissements) avec la Steve Reich’s Clapping Music.
lire le billetEn rouge et noir, la collection de Jean Paul Gaultier réveille les vampires. Les sulfureux noms des modèles plongent l’ambiance dans de sombres ténèbres : Dahlia noir, Morticcia, Noces Feratu, Carrie, Sang pour sang.
Noir c’est noir pour les premières silhouettes et ensuite le rouge s’invite, rouge sang, vif et tonitruant. Blafards mais exquis, les maquillages ajoutent au climat avec le sens de l’humour du créateur, rouge et blanc sauce Marylin Manson.
Le masculin féminin se dessine avec les silhouettes en pantalon. Un amusant et gigantesque jupon en volume entouré de chaînes dorées tout en légèreté.
Une sublime robe en mille feuille de mousselines, dégradé “Rothko » de blanc, rouge et noir.
Veste rouge, métal hurlant et noir.
Pour le final, Conchita Wurst défile dans une ample robe noire réveillée de touches de rouge et de doré, graphiques, silhouette “kabuki”.
Un travail d’exception des ateliers pour les coupes parfaites. Jean Paul Gaultier est sans conteste un couturier.
Esprit gothique es-tu là ? Une très belle collection, very couture… à faire se damner les vampires.
Photos Patrice Stable
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« Palais des lumières » pour Elie Saab dans un décor semé de lustres et candélabres. Cristal Palace pour haute couture scintillante. Florilège de robes brodées pour silhouettes gracieuses. Paillettes, sequins en semis sur tissus précieux, mousselines légères. Noms de couleurs choisis : bleu nuit, bleu glacier, eau du Nil, pivoine, rouge carmin pour palette délicate.
Imprimé couvert de pétales, tulle rebrodé, satin duchesse. Broderies de perles. Quelques robes courtes, mais essentiellement du long, collection d’apparat pour élégance sur tapis rouge.
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Pour ses 15 ans de couture Frank Sorbier a choisi d’intituler sa collection Poèmes, inspiré par un texte de la marraine de sa dernière collection : Émilie Simon. Souvenirs du pays basque pour le couturier en guise d’introduction avec les couleurs des piments d’Espelette, les dames en noir de Bayonne,…
Émilie Simon chante « Paris, j’ai pris Perpète » et Frank Sorbier traduit les poèmes en robes. Ma Bohême de Rimbaud : cape en filet de coton noir. Croquis parisien de Verlaine, bustier en dentelle rebrodée de raphia. La Grande Ivresse de Paul Fort, longue robe en crazy patch de tissus d’archive cloisonnés de galons, cernes noirs façon vitrail. Le Temple de Lamartine, robe bustier en organza bordeaux, bleu et beige doré…. Tout un travail minutieux selon la technique du couturier de surpiqures. Une collection dans une ambiance de nocturne éclairée de chandeliers sur la scène de la salle Wagram.
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La collection artisanale de Martin Margiela demeure un univers à part et exquis en « haute couture ». Le choix de l’idée de « récupération » de matériaux existants, vintage ou neufs, flirte avec un temps passé repensé au présent. Le jeu d’assemblage donne une vie nouvelle à un vêtement, extrait de l’oubli. Paramètre aussi précieux pour donner la mesure du travail (petites mains), le nombre d’heures qu’a nécessité la création est indiqué. La classique oblitération du visage des mannequins recouverts d’une voilette à sequins ou d’un « masque » les plonge dans une forme d’anonymat. Au pied, une forme souvent revisitée avec des dérivés de tabi et geta. Cette saison le gant blanc (couleur fétiche MMM) ajoute-t-il une forme d’invisibilité, version blanche du kuroko ? À la découverte du passé, une broche de Line Vautrin et quelques uns de ses boutons jeux de mots : Maigre comme un clou, Haute comme la tour, Long comme une girafe… ; juste posés sur une chemise blanche.
Un manteau Paul Poiret , souvenir d’un costume de fête. Réinterprétation de Lampas style Louis XV. Broderies d’iris (du Japon à Van Gogh).
Broderie de homard, version démesurée en rouge et en bleu, esprit surréaliste es-tu là ? Non mais allo…
Un ballon en aluminium « I love you » brodé. Des « Souvenir bombers», retravaillés ; ces pièces du vêtement des soldats Américains en garnison au Japon étaient customisées en mémoire de leur passage. « To the best father…1949 Tokyo Japan ». Le même esprit de bombers mais en robe du soir avec des voiles brodés d’œufs de Fabergé.
Asymétrie (un bras, l’autre pas), patchworks d’imprimés, mais aussi broderies. Une collection dans le droit fil de la maison et toujours, au cœur de la couture, un espace atypique et poétique, bien à sa place.
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Rythmée, dynamique, la collection d’Alexandre Vauthier emporte les femmes sur un podium qui se traverse comme un passage pour piétons à vive allure. Si le monochrome est encore majeur, quelques imprimés, jouant sur l’opposition entre blanc et noir, construisent des graphismes projetant un esprit art déco vers un nouvel op art séduisant.
Le jaune clair, en fourrure poussin donne de la douceur ou s’effeuille en mille feuilles de mousseline.
De l’allure, de l’énergie, pour une femme qui avance, traverse la vi(ll)e à grands pas. Découpes de peaux (façon serpent) en dentelles (s)exquises où se dessine la chair, tentatrice.
Asymétrie ; une manche, l’autre pas.
Incrustation de perles pour joyeuses brillances.
Pour le jour, la silhouette joue souvent le pantalon, cigarette. No smoking ? Le soir en long avec robes à découpes géométriques et jeux de transparence. La femme Alexandre Vauthier est et sera sexy.
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Dans le décor sobre de l’oratoire de la rue Saint Honoré, la messe de la mode sera dite par Julien Fournié. Chic et élégance pour une collection sans ostentation intitulée Première Pulsion. Pour la palette des teintes : Otto Dix et pour un côté sombre et mystérieux, William Blake ? Simple et chic, la silhouette est enlevée avec élégance. Un jaune vif rebrodé d’arabesques noires.
La fantaisie géométrique d’une robe évasée en rayures bayadères roses…
Jeux de transparence pour chair cache-cache avec la dentelle.
Détails orientalistes. Un souffle de peinture et fusionnent une gestuelle à la Pollock et un héritage japonais.
L’obsession des fermetures très travaillées éclipse cette saison les zips et privilégie les boutons à pression.
Une part de lumière pour ensoleiller les ténèbres des « maléfiques » de Julien Fournié.
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Présentation atypique pour Stéphane Rolland qui propose, en guise de collection, un film. Intitulé L’échappée, le court métrage de Diane Sagnier conte la quête virtuelle d’un héros (Jalil Lespert) vers une femme (Nieves Alvarez) qui traverse Paris et porte les différents vêtements de la collection. Une vision entre noir et blanc et couleurs, Une jolie idée pour « casser le rythme répétitif » des collections dit le couturier. Travail sur les formes pour corps sculptés, jeux de velours, transparences audacieuses…
« J’ai joué avec la résille pour voiler et dévoiler le corps, sculpté le velours en suivant l’ergonomie, peint les corps à la façon d’un calligraphe japonais et ligoté le buste de milliers de chaînes d’or » le tout dans une harmonie de noir, blanc et rouges ponctués d’or. » sans oublier une présentation statique des modèles.
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Si Alexis Mabille a toujours joué de l’ambiguïté entre codes masculins et féminins, il cite en exergue cette saison Susan Sontag : « Le plus beau chez une femme féminine, c’est un peu de masculinité »…
Très féminine dans sa perception globale, sa collection joue le masculin par petites touches, une robe dérivée d’une chemise, un esprit smoking… Longues robes du soir, décolletés pigeonnants et tout un travail autour de dentelles où la chair se dessine.
Taille marquée. Subtil jeu de manches attachées dans le dos, volants, plissés, un poil de fourrure…
Robe fourreau vert empire sur corsage chair.
Broderie japonisante de branchage fleuri et oiseaux.
Une collection haute en couleurs.
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