L’art est toujours un plat de résistance chez Naco, sa collection printemps été (pro)clame : Ni dieu Ni maître. Ses guerrières urbaines agissent le flambeau de la révolution. Magnifique imprimé d’affiches lacérées qui évoquent artistiquement Mimmo Rotella ou Raymond Hains. Décollé, déchiré, le subversif motif signé Naco s’affiche robe, top, chemise.
Customisé, le jean joue le patchwork et s’effiloche.
En blason, les ciseaux ajoutent une touche d’humour, prêts à la coupe, à lacérer, à déchirer, à en découdre avec le système de la mode.
Avec dérision le mot élégance s’imprime, mais son A reprend l’emblématique graphisme d’anarchie.
Militaire, le kaki fait la guerre ; troué, lacéré, en lambeaux, il se découvre une nouvelle vie vestimentaire.
Quant au final, il se clôt sur l’absence du vêtement. Était-il là pour cacher le corps, pour le protéger ? Peu importe, la mode de Naco se porte avec jubilation.
Et à l’heure où tout à coup l’unisexe a droit de cité et est prisé par les modeux consensuels, n’est-il pas temps de rendre à Naco ce qui est à Naco et à sa démarche unisexe depuis plus de dix ans.
En vente en France dans deux points de vente remarquables par leurs choix et leur démarche : Gago (Aix-en-Provence) et Front de mode à Paris.
Photos Jean-Louis Coulombel.
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Joyeux drille de la mode depuis son apparition remarquée au festival d’Hyères en 2008, Jean-Paul Lespagnard poursuit un parcours de mode atypique où règne l’humour dans ses défilés et dans la création de ses imprimés. Belge une fois, il célèbre Pâques avec le chocolatier Galler (40 ans en 2016). Très décorés, les oeufs font penser à Fabergé, aux oeufs russes peints, mais ils sont Lespagnard. Avec des motifs géométriques, damiers bicolores, mais aussi zigzags ou motifs colorés, les oeufs métalliques sont composés de trois parties interchangeables (27 combinaisons).
Pour Pâques, ils se remplissent de petits oeufs en chocolat. Et pour un zeste de fantaisie en plus, des magnets 3D pour les customiser et leur donner une touche d’humanité avec nez, yeux. Choc’mode.
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Américaine excentrique, Iris Apfel est au summum de sa gloire à l’âge de 94 ans. Vedette d’une campagne de pub pour une voiture Citroën, elle proclame : « I never follow trends. No trends, no rules… », elle n’en a pas besoin, « elle a du style ».
Invitée du Bon Marché, elle est l’héroïne d’une exposition avec des vitrines à son image. Elle a imaginé une journée à Paris avec ce qu’elle y verra : Les Tuileries, l’Opéra,…
Lunettes rondes XXL, colliers légendaires, vêtements spectaculaires, Iris Apfel demeure passionnée par l’apparence. Décoratrice d’intérieur, elle oeuvra notamment plusieurs fois à la Maison Blanche. Avec son mari, elle fonda une société pour mettre en valeur les oeuvres d’artisanat du monde entier.
Le Bon Marché a aussi édité des accessoires inspirés de l’ « Iris Style ». Sac fétiche en laine de Mongolie en rouge ou en noir. Lunettes XXL dans une version octogonale, Selima Optique. Foulard de soie avec dessin d’Eric Giriat représentant une tour Eiffel. Noeud papillon, Cinabre Paris. Colliers de perle en céramique de Marion Vidal. Bracelets de Luc Kieffer…
Un documentaire a été consacré à Iris et son style de vie. La jeune nonagénaire est aussi la nouvelle image de WiseWear et présente des accessoires « connectés ».
Avec humour Iris Apfel se définit comme une « geriatric starlet ». L’excentricité serait-elle une façon de « bien » vieillir ? Dans l’ouvrage sur les excentriques de Florence Muller sont repris les propos d’un neurophysiologiste d’Edimbourg, David Weeks. Après avoir étudié ces comportements pendant plus de dix ans, il concluait : « Non-conformity is healthier ».
Alors : An Apfel a day keeps the doctor away
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C’est beau une fille la nuit. Conquérante, la femme d’Haider Ackermann s’avance, traverse une nuit aux étoiles de lumières. Une silhouette androgyne déambule, pantalons étroits, vestes construites.
Leggings moulants, près du corps. Éclats de tissus métalliques, brillance.
Echappée belle d’une jambe pour robe asymétrique, audacieuse.
Douceur velours. Gamme chauffée de couleurs : rouge, violet, vert.
Une touche de kaki, militaire.
Un passage op où le noir et le blanc se dessinent, se découpent, géométriques ; étoffe du diable tendance zèbre.
Énergie et mélancolie, magie des looks coiffés un zeste rasta avec « dreadlocks » de couleurs.
Maîtrise parfaite de la coupe, du style. Haider Ackermann, un des grands de la mode aujourd’hui.
Noir c’est noir, Sébastien Meunier prolonge l’histoire d’Ann Demeulemeester avec fidélité aux codes de la marque. Déconstruction, fluidité.
Du masculin-féminin. Un imprimé avec des éclats de blanc et une touche or ou argent, brillants, viennent dynamiter le noir et toutes ses variations.
Un côté néo dandy rock.
Dans une forêt rêvée, poétique Brocéliande se meuvent des reines aux ramures et couronnes de bois dorés. Un imprimé au visage de femme rétro se démultiplie, jeu optique.
Tissu bouclette, esprit peau de bête.
Toucher peluche tout en douceur.
Télescopage de matières avec bord côte en laine. Doublures à rayures. Allusions surréalistes, insectes surgis d’une nouvelle de Kafka, métamorphose.
Coussins sacs cousus de laine pour faire tapisserie. Coton imprimé faux tweed. Sacs gants, appareil photos, objet détournés. Confort, enveloppement d’une vraie collection d’hiver. Un sens aigu du stylisme dessine des mélanges magnifiques.
Somptueux final aux coiffes gigantesques : or, tulle, longue jupe semée de plumes pour reines des forêts.
Décontraction et sophistication. Confort et fantaisie. Un défilé à la fois empreint de poésie et de délicatesse. Une collection parfaite où la part du rêve croise la créativité et suscite une furieuse envie de porter ces vêtements sylvestres.
Dernier jour pour choisir les FIFI !
Dans le milieu du parfum, une récompense est particulièrement prisée: les FIFI. Créés aux Etats-Unis par The Fragrance Foundation, les FIFI sont décernés aux meilleurs parfums de l’année écoulée. Établie en 1992, la version française de la récompense connaît cette année sa vingt-quatrième édition.
Si les professionnels votent dans différentes catégories (fragrance, packaging et communication), le public a aussi son mot à dire. The Fragrance Foundation France a choisi Slate.fr comme partenaire pour appeler les internautes à voter pour le Prix du grand public parmi les quinze meilleures nouveautés mises en vente en 2015.
500 personnes seront tirées au sort parmi les votants et recevront une FIFI Box garnie de miniatures et d’échantillons de parfums.
Ouvert à tous, le vote se déroule cette année jusqu’au 14 mars 2016 à 23h59. Slate.fr publiera le palmarès qui sera annoncé le 14 avril au soir. Vous pouvez découvrir les différentes catégories soumises au vote du grand public sur le site The Fragrance Foundation France.
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Exubérance des couleurs et recherche technologique innervent les collections d’Issey Miyake par Yoshiyuki Miyamae. Pour l’automne hiver la technique du Baked Stretch évolue, le plissé recouvert de colle « gonfle » après « cuisson » et se révèle fluide, tissu en mouvement qui bouge avec légèreté.
La géométrie démultiplie les formes et les assemble en couleurs dans une dimension très Op art. Des cercles concentriques pour nouveaux effets d’optique vibrionnants. La 3D Steam Stretch évolue aussi avec l’ajout d’un fil chenille et coloré inséré dans le tissu.
En reprenant l’idée originelle d’A piece of cloth et en créant des vêtements d’un seul tenant, les formes se torsadent, ondulent.
Une collection primesautière, ludique, en mouvement. La technologie haute en couleurs mène la danse.
Exploratrice impénitente de territoires nouveaux, de matières d’avant-garde, de technologie, Iris van Herpen a présenté sa collection Lucid en jouant sur la perception du vêtement au travers d’un écran réfléchissant. Rêve éveillé de mannequins qui prennent la pose (Blanca Li). Iris van Herpen se réfère à sa façon de concevoir ses modèles en partie inconsciemment au moyen d’un microscope où elle pourrait analyser son inconscient. Avec cette présentation, elle imagine montrer la réalité en même temps que l’état de rêve. Au final, d’un côté le mannequin, bien réel et de l’autre dans le reflet un corps dédoublé dans des attitudes en miroir. Un bel effet optique démultiplie la perception et la trouble.
Spectaculaire, sa « performance » n’occulte pas l’exceptionnelle créativité des modèles. Deux techniques se côtoient. 1° Les looks lucides en continuation avec l’architecte Philip Beesley, coupes au laser, tubes flexibles pour bulles en volumes.
2° Les robes fantômes en tulle translucide avec reflets iridescents. Impression 3D aussi et des chaussures à talon acrylique avec Finsk.
Entre rêve et réalité, la collection propulse la mode dans une exaltante vision d’un futur imaginaire et poétique. Un magnifique passage de l’autre côté du miroir.
Polygone, polyèdre, polytope,…, le carton d’invitation pour le défilé de Junya Watanabe reprend un extrait d’un ouvrage de mathématiques en allemand (Max Bruckner peut-être). Oeuvre au noir au départ, le défilé joue l’orchestration géométrique de formes qui se plient, se déploient, se posent en volumes, en creux. Coiffées de bonnet de bain en latex noir, des silhouettes de danseuses en collant et ballerine s’avancent avec légèreté, mais hiératiques et majestueuses. Vient à l’esprit le souvenir de Maria casares dans Les dames du bois de Boulogne…
Le masque tombe sur les visages noyés parfois dans des couvre-chefs géométriques, découpage en spirales, mise en orbite. Chapeau cyclope.
Allure monacale de nonnes aux cornettes en folie.
Quand la couleur surgit, elle est rouge, écarlate pour découpages origami.
La rigueur géométrique est parfois bousculée par un zeste d’asymétrie. Ronds découpés ou prédécoupés comme à l’emporte-pièce.
Merci Euclide.
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