Sous les auspices d’Hermès, la marque Ancient Greek Sandals donne des ailes aux pieds. Fondée en 2012, la jeune marque est due à l’initiative de Christina Martini et Nikolas Minoglou.
Si elle est styliste diplômée du collège des cordonniers, lui est titulaire d’un MBA et a repris l’entreprise familiale de chaussures.
Leurs sources d’inspiration plongent dans l’art antique, la mythologie, la joaillerie, l’architecture… Toute une partie de la collection est fabriquée avec des techniques traditionnelles autour du cuir, matériau phare. Mais la marque s’aventure aussi sur le terrain de la fantaisie avec les modèles en plastique de toutes les couleurs de la collection Jelly en caoutchouc recyclable : Ikaria.
Cet été, l’inspiration vient de la nature avec un motif de feuilles grimpant le long de la jambe dans un esprit spartiate.
Les noms Néphélé, Filareskia, Thais, Homeria,… emportent l’imaginaire. À côté des ailes d’Hermès, un motif d’éclair s’invite et tombe la foudre de Zeus.
Pour amplifier la notion de mode, les créateurs n’hésitent pas à collaborer avec des designers ainsi Marios Schwab, Carven, Peter Pilotto… Avec Ilias LALAoUNIS s’invitent des bijoux dans des modèles aux noms d’îles grecques.
Après leur Pop up store et la customisation (impression de noms sur les parties en cuir), les Ancient Greek Sandals sont installées au Bon Marché dans le nouvel espace chaussures.
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Sandales artisanales réinventées par Gemma Serra-Vila (architecte de formation), la marque Ball Pagès (2013) renoue avec une technique artisanale d’Ibiza, Eivissa en catalan. Tissées à la main selon un savoir-faire ancestral avec des fibres 100 % naturelles de « pita » ou agave, les sandales se posent sur une semelle de corde façon espadrilles. Un tressage minutieux dessine la chaussure qui se noue délicatement autour de la cheville. Si à l’origine ces chaussures se portaient au champ, elles sont devenues au fil du temps un accessoire de mode associé à « el ball pagès », danse folklorique d’Ibiza. La créatrice a choisi ce nom pour faire danser ses chaussures. D’abord lancées à Toulouse (une des deux villes de Gemma Serra-Vila avec Barcelone) chez Département féminin, puis repérées par Opening Ceremony et par APC, les sandales font leur chemin et sont maintenant aussi fabriquées dans un atelier à côté de Barcelone.
La collection de l’été 2015 se décline en quatre modèles et sept couleurs : blanc, bleu ciel ou nuit, bordeaux, moutarde, noir ou nature. Une délicate palette en écho à la gamme de couleurs sourde utilisée par le grand-père de la créatrice, le peintre Calço tandis que les photos des modèles esquissent un univers à la Morandi.
Éloge du fait-main à base de « pita », d’un zeste de cuir et de teintures artisanales, des chaussures uniques.
Et un eshop : www.ball-pages.com/shop
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Suggérer l’univers du parfum en photos, c’est le choix qu’a osé la Fragrance Foundation France dans une exposition grand public. L’imaginaire vagabonde au fil des images tandis que l’esprit découvre au dos, en textes, le lien avec le parfum. Un cheminement chronologique expose différentes thématiques, la filière parfums, les matières, la composition, les flacons… Autour de l’olfaction, un parcours de sensations.
Le gourmand est là avec une belle photo « barbe à papa » signée John Batho. Pour les ingrédients, la sublime vanille en bouquet de gousses et photographiée par Jean-Louis Bloch-Lainé met superbement en appétit.
À découvrir également la droguerie selon Martin Parr et les odeurs qui s’y attachent. Promenade dans les bois avec une évocation de bois ciré…
Le commissaire de l’exposition, Gabriel Bauret, a cherché des images qui sentent… Là réside sans doute la difficulté de l’exercice où parfois les évocations ne plongent pas directement dans le sujet, mais obligent à « chercher ». Mais, rien que pour les yeux, c’est toujours un plaisir de voir ces photos en grand format (150 X 180cm) comme celle de Javier Vallhonrat. Fièrement dressés dans les allées des jardins du Palais Royal, les panneaux invitent à musarder et à sentir.
Une exposition qui réussit le pari d’être intelligente et grand public.
Dans les jardins du Palais Royal jusqu’au 14 juin, entrée libre de 7 à 23h.
ALLEZ-Y
C
John Batho
Sanwald & Moulton
Lucie & Simon
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Après une 7ème édition de la Fashion Week à Tunis, la galerie Joyce présente quelques uns des créateurs de mode qui y ont défilé. Aux sources des créations se dessine un savoir-faire artisanal autour des broderies et une hybridation du vêtement jetant des passerelles entre deux continents. Un juste retour des choses après l‘orientalisme rêvé par les artistes et écrivains en Occident. Enfin et surtout la mode peut aussi être une façon de s’exprimer librement dans le pays.
Venus de France, deux invités cette saison : Sakina M’sa et Defined Moment.
En parallèle à l’événement eut lieu un défilé et une manifestation « Stands for Bardo » avec des robes offertes par des créateurs : Alaïa, Stéphane Rolland, Lanvin, Saint Laurent, On aura tout vu, Sakina M’sa… et vendues aux enchères.
Pour Joyce, Marie Chantal Doyonnard a choisi de présenter une sélection parmi les designers qui ont défilé.
À découvrir, une robe de Fella (marque de Samia Ben Khalifa) disparue cette année à l’âge de 88 ans et qui habilla Grace Kelly, Farah Diba, Michèle Morgan… Chef d’entreprise, elle reçut de nombreux prix et sut créer des vêtements contemporains avec des références au patrimoine vestimentaire de son pays.
Mouna Ben Braham (Atmosphère) a étudié à Esmod et s’est formée auprès de Chantal Thomass. Elle imagine des robes du soir très travaillées.
Mehdi Kallel s’inspire du passé et s’intéresse à l’héritage Amazigh et ses costumes. Il travaille des matériaux comme le corail, le fil d’or, ainsi un vêtement dont la réalisation au fil d’or a nécessité 6 mois. Le jeune designer a présenté un défilé « tapis rouge » de robes du soir.
Et aussi Seyf Dean Laouiti pour sa marque Narciso Domingo Machiavelli.
Galerie Joyce Jusqu’au 16 juin.
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Doyenne de la mode, la fondatrice de la maison Carven devient de disparaître à l’âge de 105 ans. Inspirée par sa petite taille, elle décide de créer ses vêtements et ouvre une maison de couture en pensant aux femmes à son image. Elle choisit une forme de simplicité élégante : jupe sans histoire, tailleur sans souci, robe sans prétention. Des modèles empreints de fraîcheur.
Née Carmen de Tommaso, elle débuta par la couture, mais s’adapta au prêt-à-porter avec une grande facilité. Madame Carven (le nom est une contraction de CARmen et de BoyriVEN, patronyme d’une tante) continua son métier jusqu’à plus de 80 ans. D’une robe blanche balayée de rayures vertes baptisée « Ma griffe » naquit un code couleur pour la maison et un parfum emblématique lancé en échantillons avec de petits parachutes à rayures.
En mode, madame Carven « inventa » le balconnet avec une corsetière et signa des uniformes notamment ceux des équipages d’Air France dans les années 60.
Différents stylistes dessinèrent pour la maison ainsi Angelo Tarlazzi ou Pascal Millet. La maison vit une nouvelle jeunesse avec l’arrivée de Guillaume Henry en 2009 et vient de changer de styliste avec la nomination d’Alexis Martial et d’Adrien Caillaudaud pour les collections femmes.
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Créatrice de bijoux et d’objets atypiques, Line Vautrin a eu une carrière remarquable même si son nom demeure peu connu du grand public. Enfant, elle bricole un chapeau pour sa mère. Un père fondeur lui donne envie de fondre. Elle débute avec la création de bijoux fantaisie. Elle a un stand où elle montre ses créations en 1937 puis ouvre une boutique rue de Berry. Elle utilise de nombreuses matières : bronze, laiton, terre cuite, plastique… Elle met au point une matière qu’elle baptise talosel, un acronyme composé de syllabes issues de l’acéTAte de celluLOSe Elaboré. Du talosel (disponible en différentes couleurs) posé dans l’eau donne des résultats aléatoires, ainsi naquirent les « Pellimorphoses ».
Jeux de mots, rébus signent boîtes et miroirs (avec une technique d’irisation particulière) d’un univers particulier. Line Vautrin eut à une époque 50 personnes oeuvrant dans son atelier, elle créa aussi une école pour partager ses techniques.
En 1990 Rei Kawakubo pour le magazine Six (N°5) met en scène des oeuvres de Line Vautrin qui eut aussi les honneurs d’une exposition à la boutique Comme des garçons d’Aoyama (Tokyo).
En 2004 Chantal Roos choisit pour le parfum Cinéma d’Yves Saint Laurent une inspiration d’une oeuvre de Line Vautrin, une magnifique idée et un flacon très original.
La postérité de Line Vautrin se lit aujourd’hui dans les ventes aux enchères avec une cote qui ne cesse de s’envoler.
Le 20 mai a eu lieu une vente chez Christie’s de pièces d’exception appartenant à sa fille, Marie-Laure Bonnaud-Vautrin. Des records de vente furent établis.
Si tous les gars du monde, miroir sorcière en talosel. 421. 500€.
Le monde est plein de fous. Bracelet, 1960, Record du monde pour un bracelet. 31.250€
Ville et campagne. Boite en bronze, 61.500€
Les trois âges de la vie, sculpture en talosel. 48.300€.
La vente des objets de Line Vautrin chez Christie’s a atteint 3.393.938€
C Christie’s Images Limited.
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S’il n’est pas possible de déposer des combinaisons de couleurs, la justice peut néanmoins trancher et considérer que si une marque utilise régulièrement un motif, il fait partie de ses codes. Dès 1963 Sonia Rykiel a imaginé ce motif emblématique de rayures de couleurs vives sur fond noir. Ces rayures « multico » sont devenues, au fil du temps, une signature maison reconnaissable. Madeleine Chapsal écrivait à propos de la créatrice : « sa vraie gloire, à l’égal de celle des peintres, ce sont les rayures ».
Née en 2005, la marque Little Marcel, après avoir créé des modèles sur le principe de la rayure marine, s’est mise à créer des références dans l’esprit des fameuses rayures Rykiel sur fond noir. En 2009 au salon Who’s Next, la société Rykiel a fait constater la similitude avec ses propres rayures. Un premier jugement a condamné KLS (société de Little Marcel) a 250 00€ d’amende. Rebelote en 2012 avec 300 000€. Little Marcel a fait appel et a aujourd’hui perdu… Le tribunal a confirmé que les rayures ont « un caractère propre et distinctif qui identifie les produits » Sonia Rykiel et « constituent un élément majeur de l’identité visuelle de cette marque ».
Cette signature fut aussi régulièrement utilisée par la maison Rykiel dans différents partenariats : la bouteille de Suze, la communication pour les créations avec H&M ou encore les bouteilles de Coca-Cola.
Il faut rendre les rayures sur fond noir à Sonia Rykiel, c’est chose faite.
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